« Le design interroge sur le type de système dans lequel nous voulons vivre », estime Dominique Sciamma, président de l’APCI

La révolution industrielle a créé un monde conçu comme une vaste ligne d’assemblage où chaque entreprise fabrique ses objets ou ses services sans se soucier de ce que font les autres à l’amont et à l’aval. Ce modèle ne marche plus. Il faut en inventer un autre où l’interdisciplinarité aura toute sa place. Rencontre avec Dominique Sciamma, aujourd'hui à la tête de l'école de design Strate et Président de l'association APCI, qui œuvre pour la promotion du design industriel.  Avec l’eclozr et le Lab Design, il réunit à Rennes, le 24 septembre 2020, des experts du design, nationaux et internationaux, autour de la question : dans quel sens réinventer notre modèle de société ?

Pourquoi avoir choisi l’eclozr pour cette rencontre ?

L’eclozr a tout juste un an. Il est ancré à Rennes, en Bretagne. Nous y avons créé le Design Lab* pour réfléchir à d’autres façons d’aborder le travail. Plus que jamais, le Covid 19 nous a montré que nous ne maitrisions rien, qu’il était nécessaire de changer la façon dont nous nous nous coltinons le réel sur le plan économique, social et politique. Ce monde peuplé d’humains se cherche et il souffre. Il faut donc le réinventer. C’est l’ambition du design.

 

A quoi sert le design ?

Le design est bien plus qu’une discipline de création d’objets, comme on le pense encore trop souvent. Son objectif est de créer des expériences de vie réussies. Si le 19ème siècle a mis l’ingénieur à l’avant-garde d’une société nouvellement industrialisée (« comment ? »), le marketeur a régné sur la société de consommation du 20ème siècle (« combien ? »). Il est maintenant temps de prendre soin des gens, qui se trouvent également être des clients ou des collaborateurs. Le but à atteindre est une belle vie pour chacun d’eux, et le design est le seul chemin pour adresser leurs rêves, leurs désirs et leurs projets. Le design est la seule façon de répondre à la question « pourquoi ? ». Dans ce contexte, un homme politique est un designer, un participant au projet humain où  dessein et design ne sont jamais séparés. Ils ont une origine commune, le mot italien « disegno » qui signifie à la fois « dessin » et « dessein ». Le vivant, si vous le découpez en petits morceaux, il meurt. Le design a pour rôle de favoriser le développement humain en alliant réflexion théorique et action pratique sans préjuger des formes que ce développement prendra. Il ne s’agit donc plus « simplement » de trouver et d’appliquer des solutions à des problèmes, mais plutôt d’interroger les problèmes. Il faut donc former des êtres qui auront cette capacité d’action, qui pourront être dans le projet.

 

Comment y parvenir ? 

Comme sur une ligne d’assemblage, où chacun sait d’avance ce qu’il va produire et comment il va le produire, on forme les gens pour qu’ils occupent une place plus ou moins déterminée, sans se soucier de ce qui se passe à l’amont et à l’aval.  Sur cette chaîne d’assemblage les chefs d’entreprise sont seuls face à leur responsabilité. Ils en souffrent car pour la plupart ils sont sortis d’écoles d’ingénieurs ou d’écoles de commerce et abordent le problème de leur organisation comme une question de réglage plutôt que comme une question de projet, de dessein. La manière séquentielle de régler les problèmes, avec des disciplines déconnectées les unes des autres, a montré ses limites. Ce modèle ne peut pas marcher face à la complexité du business actuel. Il faut sortir de ce schéma et laisser la place à la créativité, à l’empathie, au collaboratif et à la confiance dans l’autre. Il est indispensable de rétablir la multidisciplinarité, mais cela n’est possible qu’en transformant toutes les facettes des ressources humaines : la gouvernance, le management, l’organisation, les process, la façon de communiquer sur les objectifs, le partage du pouvoir, etc. La seule manière de piloter l’entreprise du XXIe siècle est de positionner les gens au coeur de la stratégie et d’adopter de nouvelles postures managériales.

 

Comment va se dérouler la journée du 24 septembre ?

L’Eclozr et l’APCI participent avec le design Lab à créer les conditions de la multidisciplinarité culturelle. C’est aussi ce que nous allons nous attacher à faire, le 24 septembre prochain, avec des intervenants comme Gilles Babinet, Anne Asensio , Maël Jaffrelot et bien d’autres, puisqu’une trentaine de speakers sont attendus.  Ils représentent 4 étages :  le territoire, le national, l’Europe et le monde. La notion de subsidiarité est bien réelle. Les actions sont possibles à tous les étages, coordonnées et autonomes à la fois. Il faut être ambitieux et sincère. Il y a une urgence absolue à redéfinir le type de système dans lequel nous voulons vivre. C’est une question politique et pas technique.

Infomation et inscription à la journée du 24 septembre 2020 : »Dans quel sens ? »

*Partenaire de l’eclozr, la CCI Bretagne l’est également du Design Lab via le projet européen User Factor. Les équipes CCI Innovation co-organisent avec l’eclozr des rencontres entre entreprises et designers, des ateliers d’expérimentation et des formations.

Rennes : l’Eclozr et le Design Lab, main dans la main pour aider les PME à réfléchir à de nouvelles formes de business

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