L’Art du Bois a 50 ans cette année. Un bel âge pour cette menuiserie basée à Chavagne en Ille-et-Vilaine, spécialisée dans la restauration des édifices du patrimoine local. Son plus précieux atout est son capital humain. Pour le développer, Nicolas Chanclou, dirigeant depuis trois ans, a massivement investi dans la formation et misé sur la délégation des responsabilités. Une stratégie qui porte ses fruits : les candidats à l’embauche sont au rendez-vous et la PME s’apprête à accélérer.
Membre de l’association Tiezh Breizh, Nicolas Chanclou cultive depuis des années sa passion pour le bois et le patrimoine. Aussi, quand fin 2015, le dossier de reprise de l’entreprise l’Art du Bois lui tombe entre les mains, il n’hésite pas longtemps. L’opération est bouclée en quelques mois. En septembre 2016, il prend officiellement les rênes de la menuiserie tournée vers la restauration du patrimoine bâti. « J’ai eu le contact par la CCI Ille-et-Vilaine qui m’a ensuite accompagné dans la reprise. »
Grande diversité de menuiseries
Technicien en robotique et informatique industrielle, muni d’un master en management et administration des entreprises, Nicolas Chanclou a enchaîné plusieurs postes de direction au sein de différentes filiales du Groupe Siemens, en France et à l’étranger. Au bout de 15 ans, l’envie d’entreprendre pour lui-même et plus encore de retrouver le fief familial breton l’ont poussé à reprendre l’Art du Bois. « Nous réalisons des parquets, des escaliers, des fenêtres, des portes, de toutes sortes cochères, fermières, avec ouverture à la française ou à l’anglaise, noix contre noix, petits bois structurels, confie avec passion Nicolas Chanclou. L’Art du Bois offre une grande diversité de moulures en particulier pour les constructions datant du XVIIIème siècle. « Nous reproduisons les menuiseries à l’identique en adaptant, si nécessaire, des techniques phoniques et thermiques actuelles. Dans certains cas, nous restituons ce qui se faisait à l’époque, en coordination avec nos commanditaires, les architectes, la Drac ou les Bâtiments de France. »
Une clientèle locale
Les équipes interviennent dans le centre de Rennes sur des maisons particulières, des appartements, des devantures de magasins, des bâtiments publics ou encore des églises. « Nous comptons également un certain nombre de propriétaires de château parmi nos clients chez qui nous remplaçons régulièrement des menuiseries extérieures. » L’Art du Bois intervient aussi en intérieur, sur des parquets, « que nous restaurons et fabriquons à l’identique avec des méthodes artisanales, que ce soit du parquet à panneaux Versailles, échelle rennaise, etc. » Les équipes interviennent aussi sur des monuments historiques comme à Saint-Servan sur la Tour Solidor. Le carnet de commandes est plein pour les cinq à six mois à venir. L’Ille-et-Vilaine et, dans une moindre mesure, le Morbihan constituent le périmètre d’intervention de la PME.
Marchés privés et publics
Le savoir-faire de la menuiserie est certifié par Qualibat. Son chiffre d’affaires s’élève à un peu moins d’1 million d’euros. Il se répartit entre les marchés publics (30% ), le privé (entre 40 et 50%) et les architectes (30 %). Si à son arrivée, l’équipe comptait une dizaine de collaborateurs, aujourd’hui ils sont 15 à travailler à l’atelier dont deux au bureau d’études. « Celui-ci a été renforcé. Depuis mon arrivée, nous nous sommes développés au travers du monument historique en proposant des quincailleries historiques. Elles proviennent de l’Atelier des Métaux à Lanvallay. » L’Art du bois mise aussi sur la restauration de pièces en bois intégrant des vitraux. « Ce qui m’anime, poursuit Nicolas Chanclou c’est la curiosité dans une logique d’ingénieur, à savoir trouver une solution technique pour une pièce ancienne avec les matériaux et les outils d’aujourd’hui. »
Délégation et responsabilisation
L’industrie 4.0 a fait son entrée au sein de la menuiserie avec l’acquisition, il y deux mois, d’un centre d’usinage. « La CCI Ille-et-Vilaine m’a aidé à constituer le dossier en vue d’obtenir un Pass investissement TPE accordé par la région Bretagne. » Si le passage au numérique est une étape indispensable pour se développer, le principal, pour le dirigeant, reste le capital humain. « C’est particulièrement vrai pour une activité artisanale. Je porte une extrême attention à l’intégration des jeunes apprentis. Il faut apprendre à accueillir la différence. » En mars 2019 l’Art du bois a d’ailleurs été distingué par l’U2P pour sa qualité de vie au travail. En trois ans, l’entreprise a recruté et formé cinq apprentis issus d’univers différents, des filles comme des garçons. Il a structuré son entreprise en créant deux postes d’encadrants : un chargé d’activité et un chargé d’affaires. Ce travail de délégation et de responsabilisation est primordial. Nicolas Chanclou mise sur l’implication de tous et l’intelligence collective. « On a travaillé le sujet avec un consultant pendant deux jours. A titre d’exemple, le chef d’atelier réceptionne lui-même le bois, puisqu’au final, c’est lui qui le transforme.»
La formation, autre enjeu majeur de l’Art du Bois représente environ 5 % de sa masse salariale. « Former les jeunes à nos métiers en leur consacrant du temps est fondamental. L’objectif est de les intégrer en fin de parcours.» C’est ce à quoi s’est attaché Nicolas Chanclou depuis trois ans. « A la rentrée prochaine, nous serons 18 ». Le dirigeant applique les méthodes éprouvées des grands groupes par lesquels il est passé : organisation de visites de l’entreprise pour les familles de salariés mais aussi des chantiers de restaurations réalisées par les membres de l’équipe. Cette place centrale donnée à l’humain dans le management porte ses fruits. Nicolas Chanclou se voit confier par les écoles des apprentis. Dans un secteur en tension, le recrutement n’est plus un obstacle. L’Art du Bois peut envisager l’avenir avec une certaine sérénité.
CCI Ille-et-Vilaine : identifier les sources de financement
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