La vie de cette hôtelière bascule, après le passage de la commission de sécurité

Parfois, il suffit de peu de choses pour que la vie bascule du mauvais côté. C’est ce qui est arrivé, en mai 2024, à Virginie Coint, gérante de l’hôtel de Matignon dans les Côtes d’Armor. Alors qu’elle reçoit la commission de sécurité pour un contrôle des normes incendie de son établissement acquis deux ans plus tôt, elle découvre que le dossier n’est pas à jour. De là, s’en suit une mise en demeure d’exécution immédiate des travaux, sous peine de fermeture administrative. Montant de la facture : 23 000 euros. Sans trésorerie, le couple avait investi toutes ses économies dans le rachat du fonds de commerce, les ennuis matériels se multiplient et la famille vacille. Soutenue par l’Umih et la CCI des Côtes d’Armor, l’espoir revient aujourd’hui.

Formée au management de l’hôtellerie et restauration, Virginie Coint a enchaîné pendant 12 ans différents postes, tantôt chef de réception ou directrice adjointe, au sein d’établissements hôteliers du Nord de la France. Son mari est lui aussi du métier mais officie en cuisine.

« Un lieu qui nous ressemble »

En 2021, le couple souhaite s’établir à son compte et commence à scruter les annonces. « On a eu un véritable coup de cœur pour l’hôtel-restaurant de Matignon situé à deux pas des plages de la Côte d’Emeraude. Ça nous ressemblait : un lieu simple et familial. C’était notre première affaire, on a étudié les bilans, puis on s’est décidé. On venait de toucher un petit héritage. On a tout investi pour décrocher notre prêt bancaire et racheter le fonds de commerce », témoigne Virginie Coint. Le couple prend possession de l’hôtel de Matignon en juillet 2022, en pleine saison. Pendant les deux premières années, tout se passe plutôt bien. « On avait bien remarqué ici et là des réparations improvisées et un manque d’entretien de certains équipements mais à aucun moment, nous avons imaginé être hors des normes. Avec du recul, le bâtiment qui date de 40 ans, n’a peut-être pas été suffisamment entretenu. »

Menace de fermeture

Le coup de massue arrive en mai 2024, quand la commission de sécurité opère une visite de contrôle des installations de l’hôtel. Obligatoire, cette visite s’impose tous les 5 ans aux établissements recevant du public (ERP), du moins pour ceux classés en catégorie 1, 2 ,3, 4 et dans certains cas la 5. « Quand les pompiers arrivent, ils pensent visiter un hôtel de 8 chambres, poursuit la gérante. Spontanément, je les corrige et leur précise que l’hôtel compte 8 chambres. » Et c’est là que tout bascule. « Avec 4 chambres en plus, nous changions de catégorie. Nous passions de la 5 à la 4. Notre dossier n’était plus à jour, la fermeture nous pendait au nez. » Grâce à l’intervention de Marie-Christine Favennec (témoignage ci-dessous), référente Accessibilité à la CCI des Côtes d’Armor et récemment diplômée « préventionniste de niveau 1 en sécurité incendie », Virginie Coint obtient un délai d’un an pour mener à bien tous les travaux.

Une vie de famille bouleversée

« pour éviter la fermeture et mettre notre aux normes,  nous avions 15 prescriptions à lever. » Parmi ces dernières, un changement de chaudière, l’installation de ferme-portes pour protéger les couloirs, l’installation d’alarmes incendies pour certaines chambres, l’installation d’un exutoire de désenfumage dans l’escalier, etc. Montant de la facture : 23 000 euros. « N’ayant plus aucune économie devant nous après le rachat du fonds de commerce, et alors que notre loyer s’élève à 4 000 euros, toute notre trésorerie y est passée. Mon mari a dû fermer le restaurant pour aller chercher un travail à l’extérieur, car je n’avais plus de salaire. Aujourd’hui, les meilleurs mois, je gagne 800 euros ». Avec deux enfants à charge, la situation matérielle s’est rapidement dégradée et avec elle la santé de toute la famille. « Et pendant ce temps, il faut faire tourner les fonds de roulement !  »

 

Une procédure en cours

S’estimant trompée, Virginie Coint a saisi la justice et souhaite contester la vente. « Dans mon malheur, c’était encore possible, le délai étant au maximum de deux ans après l’acte d’achat. Marie-Christine Favennec m’a beaucoup soutenue. Elle m’a aidé à déposer un dossier en règle auprès de la mairie et de la Direction départementale d’incendie et de secours des Côtes-d’Armor (Sdis-22). Elle m’a aussi mise en relation avec l’UMIH qui a relu toutes les pièces du dossier. Ils vont prendre à leur compte les frais d’avocat. Sans ce soutien, jamais je n’aurais pu aller au bout de la procédure », confesse-t-elle. Le jugement sera prononcé en fin d’année 2025.

 


Les conseils de Marie-Christine Favennec, référente Accessibilité à la CCI des Côtes d’Armor et diplômée « préventionniste de niveau 1 en sécurité incendie », avant toute  reprise d’un ERP (établissement recevant du public).

« Le témoignage de Virginie Coint n’est hélas pas un cas isolé. Avant de signer, de s’engager, il faut que les futurs exploitants récupèrent la copie du registre de sécurité incendie. C’est le carnet de santé de l’entreprise, il équivaut au contrôle technique du véhicule. Dans un hôtel, les contrôles sont réguliers : entretien des ustensiles de cuisson, des hottes, des blocs autonomes de sécurité, de la VMC, etc. Si le carnet est vierge ou partiellement rempli, il ne faut pas acheter.

Il faut également récupérer la copie des comptes-rendus des commissions de sécurité qui interviennent tous les cinq ans. Réalisées par les pompiers, ici ceux de la SDIS-22, ces commissions proposent une feuille de route à suivre pour que l’établissement soit aux normes. C’est aussi au cours de ces commissions, qu’est vérifiée la mise en conformité des dépôts de demande de permis de travaux. Dans le cas de l’hôtel de Matignon, la demande pour les quatre chambres supplémentaires n’apparait nulle part.

Enfin, troisième pièce écrite à récupérer est le registre public d’accessibilité. Il rassemble les dispositions prises pour permettre aux personnes handicapées et/ou à mobilité réduite, de bénéficier des prestations proposées par l’établissement. Il est obligatoire et sa non-conformité à ses exigences entraîne de lourdes amendes.

 

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