L’Université Bretagne-Loire rassemble sept universités, 15 grandes écoles et 5 organismes de recherche. Pour Pascal Olivard, son président, la LGV aura un impact certain sur l’attractivité de la région.
« L’enseignement supérieur et la recherche ont un impact non négligeable sur le développement économique d’un territoire, souligne le président de l’Université Bretagne-Loire. La recherche crée de la valeur et apporte notamment du sourcing aux entreprises. Et la présence d’étudiants sur un territoire le fait vivre. »
L’arrivée de la LGV en Bretagne constitue un argument supplémentaire en termes d’attractivité dans un contexte de forte concurrence des régions au niveau de l’enseignement supérieur. « De là à affirmer que cela aura un impact sur les flux d’étudiants, je ne saurais le dire, tempère Pascal Olivard. Réduire le temps de parcours entre Paris et la Bretagne devrait être un facilitateur. Mais ce qui fonctionne dans un sens fonctionne aussi dans l’autre. Les étudiants bretons pourraient choisir d’aller davantage étudier hors de la Bretagne. »
Les « turbo profs »
Concernant la recherche, la LGV « peut renforcer des collaborations avec des établissements et des groupes industriels ayant leur siège à Paris par exemple. Le risque, que nous avons clairement identifié depuis longtemps déjà, c’est l’accentuation significative des turbo profs, ces enseignants-chercheurs qui viennent en Bretagne pour donner des cours mais poursuivent leur recherche en région parisienne. C’est un phénomène que l’on connaît déjà en sciences humaines et sociales et qui pourrait se développer en sciences expérimentales, notamment à Rennes qui ne sera qu’à 1h30 de la capitale. »
Pour tenter d’enrayer la tendance, les dispositifs d’accompagnement à l’installation des familles (aide au déménagement, soutien au conjoint dans sa recherche d’un emploi, aide à l’installation) sont à encourager.
Un tapis rouge qu’il est nécessaire de déployer aussi à l’ouest, en Finistère, mais pour une autre raison : « La LGV ne va pas changer grand-chose pour l’ouest breton, c’est mon sentiment, car le temps de 3h30 pour Brest, par exemple, n’est pas un argument que l’on peut mettre en avant à l’international. Les acteurs brestois affichent généralement 1h de Paris avec l’avion. L’ouest attire davantage sur la base de la reconnaissance de ses spécificités, comme les sciences de la mer et des formations originales. »
Une continuité numérique
En militant du « triangle d’or Rennes-Brest-Nantes », le président de l’université Bretagne-Loire appelle à une amélioration des liaisons ferroviaires entre Brest et Nantes, « à minima 4h30 calamiteuses » et aussi celle de Rennes-Nantes.
Reprenant sa casquette d’ancien président de l’UBO et co-rapporteur d’une étude du Ceser de Bretagne, il souligne également la nécessité d’un bon réseau internet sur le trajet : « Le désenclavement par le temps et la vitesse est une chose mais il y a un enjeu concomitant, celui de la continuité numérique sur les liaisons régionales interrégionales. C’est une vraie question. »
Article rédigé par Christelle Hall
* C’est le cas à Brest et au sud de la Bretagne, lire « Carrières Nomades facilite l’installation des collaborateurs et conjoints »