Depuis plus de 40 ans, la Feuille d’Erable défend le recyclage et l’inclusion. « Notre longévité tient dans nos valeurs mais aussi dans notre agilité, témoigne Eric Challan Belval, entré en 2007 à la Feuille d’Érable en tant que directeur salarié, avant d’en devenir président associé en 2018. Cela peut paraître banal de dire ça, mais au cours de notre histoire, si on ne s’était pas réinventer régulièrement, nous ne serions plus là aujourd’hui. Par exemple, dans les années 2000, lorsque la compétence de la collecte, du tri et recyclage de papier, à savoir notre activité d’origine, a été transféré aux agglomérations. Il a fallu abandonner la clientèle des particuliers, remettre notre modèle à plat et aller collecter papiers et cartons auprès des « producteurs non ménagers », c’est-à-dire les entreprises et les collectivités. »
7000 tonnes de papiers, cartons et cagettes collectés par an
Cette collecte, opérée principalement dans l’agglomération rennaise (43 communes), reste encore le cœur de métier la Feuille d’Erable. « Elle représente plus de la moitié de notre activité. La collecte s’élève à environ 7 000 tonnes par an (papiers + cartons + cagettes) avec une part croissante de cartons. » Le papier ramassé à Rennes ne quitte pas le territoire national. Fidèle à ses valeurs, la Feuille d’Erable privilégie les circuits courts et l’approvisionnement des usines de transformation papetière situées en France. « 60% des papiers sont recyclés. Nous mettons des moyens chirurgicaux pour aller chercher les gisements plus diffus » précise le dirigeant.
Inclusion : 3 000 personnes accompagnées vers l’emploi
« A chaque fois que nous créons une nouvelle activité, c’est pour répondre au besoin d’un client. » Ainsi, en 2017 est créée la SARL Auclair, société d’insertion spécialisée dans le nettoyage écologique des entreprises et des collectivités. En 2018, c’est au tour de la Station de voir le jour,une nouvelle activité dédiée au lavage de gobelets réutilisables. « Sa ligne de production est capable de traiter jusqu’à 8 millions de gobelets ». Installées dans un bâtiment situé zone industrielle sud-est de Rennes, ce dernier accueille également une l’activité de formation à l’environnement. « On intervient dans les écoles ou dans les entreprises pour former aux gestes écologiques. Nous réalisons 500 interventions par an en milieu scolaire », note le dirigeant.
Au global, 25 personnes travaillent sur ce site dont la moitié sont en situation de handicap. « Là aussi, c’est un choix. Nous avons un statut d’entreprise adaptée. A chaque fois qu’on crée une nouvelle activité, derrière, il y a un projet environnemental et un projet social. »
Au siège, route de Lorient, où travaille une cinquantaine de personnes, 65 % des salariés sont en situation d’insertion. « On redonne de l’autonomie et une capacité à reprendre pied dans la société. Nos salariés connaissent les règles du jeu, ils sont responsabilisés. » En 40 ans, plus de 3 000 personnes ont ainsi été accompagnées vers l’emploi et l’autonomie. Enfin, sur les 30 salariés permanents, 11 sont des associés à parts égales dans la SAS. « Pour être actionnaire, il faut être salarié depuis un certain temps et vouloir s’impliquer. C’est nous qui décidons de notre avenir au quotidien. On se vit comme une entreprise familiale ».
2,2 M€ pour convertir sa flotte au BioGNV
La Feuille d’Erable, qui a enregistré une croissance régulière de 10% depuis sa création, « plus ralentie depuis la sortie du Covid » affiche un chiffre d’affaires d’environ 4 millions d’euros. Elle vient d’investir 2, 2 millions d’euros dans le renouvellement de 11 véhicules fonctionnant au BioGNV. « L’électrique on en a rêvé ! Mais le gap est beaucoup plus important entre le diesel et l’électrique qu’entre le diesel et le bioGNV. Il faut multiplier les prix par trois pour une benne à ordures ménagères électrique. Ainsi, quand un camion au gaz de 19 tonnes vaut 121 500 €, le même modèle en électrique vaut 326 000 €. Par ailleurs, le réseau d’avitaillement est plutôt bien développé. Il existe 7 stations de bornes BioGNV autour de nous, 23 sur toute la Bretagne. Ce choix repersente un surcoût de 25% à l’achat et 11%
Les premiers camions sont déjà en circulation. Le reste de la flotte sera livrée dans les prochains mois. Ces véhicules sont principalement dédiés aux collectes en Ille-et-Vilaine, sur la métropole rennaise. Cet investissement s’inscrit dans le cadre d’un marché public remporté auprès de Rennes Métropole pour collecter les papiers, cartons et cagettes. « C’est un marché sur huit ans, donc un engagement sur le long terme. C’est indispensable pour amortir nos investissements. »
Acquisition en cours d’un nouveau site
La prochaine étape ? « Nous allons travailler sur notre feuille de route pour les 10 années à venir », poursuit Eric Challan Belval. Avant cela, courant 2026, La Feuille d’Erable aura déménagé. Elle est en en passe de signer l’achat d’un terrain de 5000 m² à Pacé, au nord-ouest de Rennes. L’investissement s’élève à un peu plus de 2 millions d’euros. « Le site comprend déjà un bâtiment, une ancienne base de collecte. L’espace de stockage de véhicules va être plus important que sur le site actuel. On disposera également d’une station de lavage et pour nos véhicules électriques, d’une borne de recharge. » De quoi continuer à concilier le social, l’économique et l’environnement, durant les 40 prochaines années.
