Kerlys conserve précieusement les calories

Il y a cinq ans, Kerlys, fabricant de conserves de légumes en boîtes et bocaux à Locoal-Mendon (56), emménageait dans de nouveaux locaux. Avec le groupe Intermarché, dont elle dépend, et l'entreprise de chaudronnerie Arial de Baud, la société a imaginé un procédé de récupération de chaleur lui permettant d'économiser jusqu'à 2 000 kWh par jour.

Installée à Locoal-Mendon depuis 1976, Kerlys a fonctionné pendant plus de 25 ans avec des chaudières au fuel lourd, perdant ainsi pas mal de chaleur pour pasteuriser ses boîtes. Au moment d’emménager dans de nouveaux locaux en 2003, Kerlys a opté pour des chaudières gaz (alimentées par des bombonnes, bientôt par du gaz naturel). Avec la société Arial, elle a aussi mis en place un process novateur lors de la fabrication de la vapeur, et ceci à trois étapes clé de sa production : le blanchiment, le pelage, et la stérilisation.
‘Après avoir été lavés, épierrés, triés, égouttés et calibrés, les légumes passent dans une grande machine, dans une eau à 90° « , explique Patrick Iztueta, responsable technique à Kerlys. « Cela les pasteurise et les rend plus emboîtables. Les légumes sont ensuite mis en boîtes, lesquelles boîtes sont serties, puis stérilisées. Ces boîtes passent alors dans quatre tubes. Elles sont d’abord chauffées à 130°, puis redescendent en température à 60°, puis à 30°. Notre technique consiste à garder la vapeur afin d’utiliser les calories stockées plus tard. L’eau qui sort des tubes à 25-30° permet notamment de faire descendre l’eau de 130° à 60°’.

‘On ne gaspille pas d’énergie, on en gagne !’
_ Mais ce process ingénieux ne s’arrête pas là. « On récupère des calories pour de futures étapes, notamment la fabrication du jus’, poursuit Patric k Iztueta. ‘L’eau à 60 est stockée dans un container. Grâce à un échange vapeur dans un autre container, on fait monter cette eau à 85° afin de nous en servir pour fabriquer le jus, agrémenté de sel, poivre et autres aromes que l’on trouve habituellement dans les conserves.’
Si Kerlys n’était pas équipée de cet échangeur en milieu de process, l’entreprise disperserait beaucoup plus de chaleur dans l’atmosphère. Elle serait en outre obligée de chauffer de l’eau de 15° à 85°, ce qui nécessiterait de brûler beaucoup plus de gaz dans les chaudières. « L’avantage est double, souligne le responsable technique. Non seulement on ne gaspille pas d’énergie, mais en plus on en gagne ! »

2 000 kWh d’économisés par jour
_ L’économie calorifique ainsi réalisée a été chiffrée. Elle est de l’ordre de 2 000 kWh par jour en moyenne, ce qui représente 8 000 à 16 000 euros d’économies par jour, selon le moment de l’année, le tarif du kWh n’étant jamais le même. Soit environ 1,5% d’économie sur la facture énergétique de Kerlys.
Mais la récupération de calories ne sert pas uniquement à alimenter la partie production de Kerlys ! Le chauffage au sol installé en 2003 ainsi que l’eau sanitaire des 1 000 m2 de bâtiments fonctionnent uniquement grâce à l’eau chaude, précieusement récupérée lors du process ! A raison d’une consommation annuelle de 400 000 m3 d’eau par an, l’économie énergétique est vraiment conséquente…
À chaque fois que Kerlys le peut, elle remet aussi l’eau utilisée en circuit de filtration, puis en recirculation, notamment pour déterrer les légumes. En non-recirculation, le débit d’eau serait trois à quatre fois supérieur. Kerlys travaille actuellement dans l’esprit d’obtenir un label développement durable. Cela ne devrait pas être trop difficile à décrocher…

Charlotte Viart
_ Bretagne économique n° 189 octobre/novembre 2008

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