Jean-Pierre Vauzanges, nouveau patron des banquiers bretons

Jean-Pierre Vauzanges, directeur du Crédit Agricole d'Ille-et-Vilaine est le nouveau représentant des banquiers bretons. Elu pour deux ans à la tête du Comité régional des banques,  il se définit comme un banquier atypique au vu d’un parcours professionnel multiple.

Ingénieur civil du génie maritime, il a débuté sa carrière aux Chantiers du Nord et de la Méditerranée (Normed) devenus depuis STX. Après Dunkerque et des passages furtifs  dans l’ingénierie aéronautique et militaire chez Geci International et  dans l’informatique chez Bull, il pose ses valises, en 1995,  au sein des AGF. Quelques années plus tard il devient  PDG de Mondiale Assistance. Il effectue ensuite un passage chez Groupama, premiers pas dans le mutualisme, avant d’entrer, en août 2004 dans la Banque verte comme directeur général adjoint en charge des opérations de Pacifica.   En 2007, il prend la présidence d’Eurofactor, la filiale d’affacturage du Crédit Agricole, puis enchaîne les postes, d’abord en tant que directeur du développement des caisses régionales au sein de Crédit Agricole S.A, puis directeur général à la caisse régionale de Charente-Périgord. C’est en 2014 qu’il arrive en Bretagne, à la tête de la Caisse régionale d’Ille-et-Vilaine. Franc-comtois, il se dit « breton de cœur», depuis qu’il a découvert la mer à 11 ans, à l’Aber-Wrac’h dans le Finistère. « Aujourd’hui, mon port d’attache est  Saint-Malo ».

Prendre des risques

« Jamais  depuis 10 ans l’économie bretonne ne s’est aussi bien portée, même si ce redémarrage va un peu moins vite qu’en France », souligne Jean-Pierre Vauzanges. De fait au regard des derniers chiffres publiés par la Banque de France (30.01.18), le total des encours de crédit accordés aux entreprises bretonnes à fin 2017 a augmenté moins  vite que pour la France entière, « + 3,7% contre +4,7 % ». Mais on note aussi que  le climat des affaires dans l’Industrie bretonne retrouve son plus haut  niveau depuis 2011 et les capacités de production, leur plus fort taux d’utilisation depuis 2004. « Dans certains secteurs, on assiste même à une saturation des outils de production avec des stocks reconstitués, au plus haut. C’est à nous banquiers  d’accompagner ce redémarrage et revenir aux fondamentaux de notre métier à savoir la prise de risques.» Le représentant des banques en Bretagne remarque aussi au passage que sur le front de l’emploi, « les lignes ne bougent pas ou encore très peu». La confiance est de retour, tout le monde doit en tirer profit.
 

Avenir des banques : moins d’agences, plus d’experts

En quelques années, le digital a fortement impacté le business model des  banques « Aujourd’hui, de plus en plus de consommateurs consultent leur banque et font des opérations depuis leur canapé, constate Jean-Pierre Vauzanges. Dans cette nouvelle relation, le conseiller en agence perd de son importance, d’autant qu’il doit faire face à des nouveaux entrants avec  des plages horaires élargies 6/7 jours, parfois tard la nuit. » Ces changements ont eu comme premier effet la baisse du trafic en agence. « Aujourd’hui au Crédit Agricole, seulement 30% de nos clients viennent encore en agence. Nos marges se sont tassées mais on compense  par le volume. Aujourd’hui, la priorité des banques est à l’expertise ». Car le modèle classique n’est pas mort. « Les clients veulent en réalité le meilleur des deux mondes, physique et digital, avec des contacts en agence moins fréquente, mais à plus forte valeur ajoutée». Il est vrai que le besoin du contact humain, mais aussi la sécurité et la confiance, restent fondamentaux. À ce titre, les banques disposent sans doute d’un avantage par rapport aux nouveaux entrants. « Nous allons continuer à avoir des agences mais de façon réduite, former nos collaborateurs, imaginer de nouveaux e-services. Le fait d’être « bousculé » a une vertu essentielle, celle d’aller de l’avant ».

Solidarité avec le Crédit Mutuel Arkea

Même s’il ne peut pas prendre parti sur le conflit qui oppose  le Crédit Mutuel Arkea et la Confédération nationale de la banque mutualiste, le représentant des banquiers bretons indique : « nous sommes très attentifs à ce qui se passe au sein du CM Arkea. Ce conflit nous interpelle aussi sur la solidarité des banques mutualistes. Le CM Arkea est un acteur économique essentiel pour le territoire et un employeur de poids. S’il venait à être fragilisé, ce ne serait bon pour personne. Il existe en Bretagne un réel équilibre où chaque grande banque a trouvé sa place. Une remise en cause de cet équilibre serait difficile à gérer, car ici , nous tous banquiers, avons les mêmes enjeux », conclut le nouveau patron des banquiers bretons. 

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