Istor prend son envol dans l’habitat partagé et inclusif au service du bien vieillir

« Istor, ça signifie histoire en breton, explique Julie Henocq- Marcuzzi. C’est le résultat d’un questionnement autour de mon rapport au patrimoine local et mon ancrage, ici en Bretagne. » Après avoir travaillé plus de dix ans aux côtés de son père à la tête d’un cabinet de Maîtrise d’Oeuvre, puis passée une autre décennie au sein de la SemBreizh et du Conseil Régional de Bretagne, en charge des opérations de modernisation et d’extension des lycées publics, l’ingénieure, formée aux travaux publics crée, en mars 2022, Istor. La cheffe d’entreprise opte pour le statut peu répandu de la Saspo, Société par action simplifiée à participation ouvrière. Démarre alors la prise en main de projets d’habitats inclusifs pour répondre aux attentes des personnes handicapées et des personnes âgées. Ces dernières sont en demande d’un logement ordinaire où ils peuvent  partager des locaux  et un projet social commun tout en bénéficiant d’espaces de vie privatifs. Les attentes et les besoins sont énormes !

 

 

Bien que formée aux Travaux Publics, Julie Henocq-Marcuzzi a très vite bifurqué dansla Maîtrise d’oeuvre. « Mon père avait un cabinet et m’a proposé de le rejoindre pour quelques mois. Au final, j’y suis restée 13 ans. » En 2011, elle entre à la Semaeb, devenue depuis SemBreizh. « Je voulais faire du marché public et avoir une utilité sociale»  La dirigeante se prend au jeu et on lui confie la responsabilité des opérations de modernisation et d’extension des lycées publics gérés par la Région. « A chaque nouvelle opération, j’étais au contact d’acteurs qui avaient à cœur de développer leur commune. Par exemple, j’ai travaillé sur des opérations de rénovations de lycée en site occupé avec les administrations, les équipes techniques et bien sûr les enseignants. J’ai piloté un projet de fermeture et de reconversion d’un lycée en réunissant l’ensemble des élus concernés et les associations J’ai aussi travaillé sur le Lycée de Demain, une première amorce à mon évolution professionnelle . Tout ce travail de concertation au bénéfice de l’intérêt général me passionne. »

 

Aider les communes les plus démunies

En 2018, la future cheffe d’entreprise est propulsée Responsable du service « Expertise Technique, Energie et Programmation. »Elle intègre la Région Bretagne où elle restera jusqu’au début 2021, période à laquelle elle entame un bilan de compétences. Son projet de créer sa société en Assistance à Maîtrise d’ouvrage et Maîtrise d’usage prend forme. « Durant toute cette première partie de mon parcours professionnel, j’ai constaté à quel point certaines communes étaient démunies lorsqu’elles se lançaient dans une opération de construction ou de réhabilitation. En créant ma société j’ai souhaité les aider se développer sous l’angle de l’habitat, en particulier l’habitat partagé et/ou inclusif dédié aux personnes âgées et aux personnes handicapées ».

 

2022 : création de la Saspo Istor

Courant 2021, la dirigeante se fait accompagner par la CCI Ille-et-Vilaine via le Pass création financé par la Région. « C’est un parcours personnalisé avec des conseils stratégiques, financiers et juridiques jusqu’au développement de votre activité» En mars 2022, Istor voit le jour à Rennes, sous le statut d’une Saspo, Société par actions simplifiée à participation ouvrière. Méconnu, ce statut créé dès 1917, est à mi-chemin entre celui de la coopérative et celui de la SAS. Comme son nom l’indique la Sapo est d’abord une société anonyme (SA). Elle est donc constituée d’actionnaires qui ont réuni des capitaux autour d’un projet d’entreprise. L’originalité du statut réside dans les deux autres lettres de son acronyme : PO pour participation ouvrière. « Ce statut permet au dirigeant d’intéresser et mobiliser les salariés au fonctionnement de la société. Ils participent aux AG, à la stratégie, perçoivent des bénéfices mais ne disposent pas de part dans l’entreprise. Ça fonctionne très bien. C’est un outil formidable pour motiver et fidéliser ses collaborateurs et un vrai levier pour leur donner du sens à ce qu’ils font»

 

Emergence de l’habitat inclusif

 « Comment accompagner les plus âgés d’entre nous dans leur vieillissement ? poursuit la dirigeante.  J’ai eu cette propre discussion avec mon père. Nous voulons anticiper sa perte d’autonomie éventuelle, soutenir sa santé et sa qualité de vie à domicile le plus longtemps possible. » Julie Henocq-Marcuzzi décroche son premier marché en juin 2022 auprès d’Aiguillon Construction pour l’association Fileas. « Il s’agissait d’assurer le suivi des travaux d’un ensemble de six petites maisons reliées à une pièce commune, dédié à des personnes handicapées en capacité de travailler.  Leur intégration et leur maintien dans l’emploi passent par des logements adaptés. » Un premier dossier avec les valeurs sociales qu’elle recherchait : l’aventure démarrait bien.

En parallèle Julie Henocq-Marcuzzi entre en contact avec le Gérontopôle breton Kozh Ensemble, association qui rassemble une quarantaine d’acteurs du bien vieillir. Désormais membre du conseil d’administration, elle explique : « nous cherchons à promouvoir le bien vieillir, en sortant les personnes âgées de leur isolement. » Aujourd’hui, en dehors des Ehpad, il existe différents types d’habitats dont les habitats inclusifs. « Il s’agit d’un habitat accompagné, partagé et inséré dans la vie locale. Les personnes âgées y vivent dans des espaces privatifs, tout en partageant des espaces communs et un projet de vie sociale. Des personnes morales ou des collectivités locales sont en charge de leur gestion.

« L’implication des élus et des habitants dans la construction d’un habitat partagé est essentielle. Les questions qui se posent sont d’ordre juridique, financier et structurel. Les habitants doivent apprendre à vivre ensemble. Doit-on intégrer une crèche ? un café ? Ma mission d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage inclut aussi d’aller chercher tous les financements possibles. Chaque territoire a sa spécificité. A terme, j’espère mettre en place une boîte à outils au service des élus. » La dirigeante est également très investie dans le Club Breizh Silver Eco créé il y a un peu plus d’un an par la CCI Bretagne avec une ensemble de partenaires. « Nous sommes plus d’une cinquantaine d’adhérents, les échanges d’expériences sont très enrichissants. »

 

L’habitat partagé au service des particuliers

La notion d’habitat partagé ne concerne pas uniquement les communes. De plus en plus de particuliers, des personnes âgées de 60 à 70 ans, s’inscrive dans un tel projet. Istor travaille, par exemple, sur un habitat collectif de cinq personnes qui souhaitent acquérir un bien avec une pièce de vie commune. « On les accompagne sur le montage financier, l’évaluation du coût global, l’achat du bien, les travaux à réaliser. Ça va jusqu’à la définition du statut juridique (SCI ou co-propriété). On leur liste aussi toutes les situations auxquelles ils pourront être confrontées (décès d’un occupant, par exemple. Quand on partage une pièce commune, il est indispensable de mettre des règles en place. L’ensemble doit faire l’objet d’une charte du vivre ensemble. »  Tout le modèle économique d’un tel accompagnement est à construire. Les premiers dossiers prendront du temps. La dirigeante en a conscience. C’est pourquoi, devant l’intérêt grandissant du public, elle vient de recruter sa première salariée, Typhaine Petit pour l’accompagnement des projets. « L’objectif est de lui laisser la main pour suivre les dossiers sur le montage financier et juridique initial qui prend plus de temps. »

Julie Henocq-Marcuzzi assiste aussi des opérateurs comme Aiguillon Construction dans la restructuration d’un Ehpad ou encore un groupe scolaire dans la rénovation énergétique de son bâtiment : « La commune a besoin d’un soutien technique et juridique d’autant qu’ils visent une baisse de 75% de leur consommation d’énergie. J’ai rédigé le programme puis le dossier de consultation de maîtrise d’oeuvre. »  Dans la même dynamique, la dirigeante est accompagnatrice « bâtiment durable », au sein de l’association Batylab. « C’est un lieu d’échanges et de partage qui permet de progresser ensemble vers un bâtiment plus performant au niveau énérégtique et environnemental. » Istor adhère aussi au syndicat professionnel des économistes de la construction, l’Untec. « Je participe à leur observatoire qui mesure entre autres l’impact de la RE2020 sur le surcoût des matériaux et des opérations. Il s’agit de comprendre pourquoi la décarbonation coûte aussi chère, quels sont les leviers à notre disposition pour faire baisser la facture », conclut Julie Henocq-Marcuzzi

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