Harmonie Mutuelle. « La Bretagne a des coûts de santé moins élevés qu’ailleurs »

Harmonie Mutuelle a tout juste 10 ans. Née en 2013 de la fusion de plusieurs petites mutuelles, d’abord en Bretagne puis dans toute la France, la première mutuelle de France, est aujourd’hui une des entités du groupe VYV. A la tête de la direction régionale Bretagne depuis avril 2021, Laetitia Bernard pilote une équipe de 550 personnes réparties sur quatre départements, en charge de protéger 550 000 adhérents. Alors que  la santé représente un coût grandissant, pour Harmonie Mutuelle, il s’agit de se transformer dans un environnement concurrentiel, tout en conservant ce qui constitue l’essence du mutualisme. Entretien avec Laetitia Bernard.

Quel est le poids économique d’Harmonie Mutuelle en Bretagne ?

Avec 550 000 adhérents dont 55 % de contrat collectifs et 45% de contrats individuels, Harmonie Mutuelle détient 17 % de part de marché en Bretagne, son  bassin historique. La moitié des 550 collaborateurs est en contact direct avec nos adhérents depuis nos centres d’appel implantés à Plérin et Vannes et  nos 19 agences réparties sur tout le territoire. Cela signifie que nous créons de l’emploi en Bretagne, une centaine environ chaque année, en tenant compte des départs naturels. Cet ancrage régional fort passe aussi par notre engagement dans Produit en Bretagne.  

Le reste de l’équipe, environ 200 personnes, est basé au siège, à Rennes, en plein cœur du quartier d’affaires de la gare. Le Covid a accéléré la digitalisation de tout notre système de gestion  et permis de redéployer des métiers à faible valeur ajoutée vers d’autres. Environ 11 500 entreprises bretonnes bénéficient de notre mutuelle santé.  Nous les accompagnons également sur la prévoyance, l’épargne retraite, la garantie emprunteur et les autres  mesures d’accompagnement spécifiques en soutien aux entreprises.

 

Y-a-t-il des spécificités bretonnes ?

La Bretagne a des coûts de santé moins élevés qu’ailleurs. La raison tient dans le fait que les médecins conventionnés secteur 1, où la consultation est fixée à 25 euros, sont plus nombreux qu’ailleurs et donc la part de la mutuelle à rembourser est moindre. 95% des bretons ont accès à un tarif conventionné secteur 1, ce qui est loin d’être le cas sur l’ensemble du territoire national. A Paris, par exemple, ce taux atteint 60%. Un autre avantage : en Bretagne, via notre partenaire Hospi Grand Ouest, nous disposons d’une offre de soins très compétitive avec cinq établissements mutualistes sur le territoire, à Lannion, Saint-Brieuc, Quimper, Rennes (La Sagesse) et Lorient (Kerpape. L’enjeu, dans les années à venir est l’accès aux soins pour tous , en ville comme en zone rurale, je pense notamment au centre Bretagne. Il va aussi falloir absorber le flux des nouveaux arrivants et le vieillissement de la population qui s’amplifie. La Bretagne devrait gagner près de 300 000 habitants d’ici à 2070*. Un Breton sur trois sera alors un senior.

 

Quelles sont vos prochaines échéances ?

Nous souhaitons nous développer dans la prévoyance. Contrairement à la complémentaire santé collective, la prévoyance d’entreprise n’est pas obligatoire pour tous les salariés. Aujourd’hui, seul un salarié sur deux est couvert. L’autre enjeu et de contenir les hausses des coûts de santé , +8 à 10 % en 2022 et + 6 à 7% prévues en 2023, résultant de l’offre « 100% Santé », déployée par le gouvernement depuis le 1er janvier 2020. La  prise en charge intégrale pour l’optique, l’audiologie et le dentaire  a déstabilisé  les résultats économiques des organismes complémentaires, le reste à charge couvert par les mutuelles étant beaucoup plus élevé.

Désormais, 40% des soins dentaires de nos adhérents entrent dans ce forfait, entre 40% et 50% pour l’audiologie. Prenons l’exemple d’une prothèse dentaire à 500 euros.  Avant le « 100% santé »,  la base de remboursement  était 107,50 euros avec une prise en charge de 70% de la Sécurité Sociale  (75,25€) et 30% d’Harmonie Mutuelle  (32,25 €). Quant au reste à charge par le patient, il s’élevait à 392,50 €. Depuis la réforme, la base de remboursement est passé à 120 euros avec une prise en charge de 70% de la Sécurité Sociale (84€) et de 30% d’Harmonie Mutuelle. Le reste à charge, désormais pris en charge par Harmonie Mutuelle s’élève à 380 euros.

 Sur 100 euros de cotisation nette , 81 euros servent à la prise en charge des prestations. Il nous reste à peine 20 euros pour couvrir les frais fixes. Nous allons devoir optimiser nos outils de gestion et continuer d’investir dans la transformation digitale .

 

Harmonie Mutuelle est devenue en 2021  une entreprise « à mission ». Ça veut dire quoi ?

Nous sommes, par notre statut, une association à but non lucratif. La définition d’entreprise à mission permet d’aller plus loin et, selon la loi Pacte  d’affirmer ce que l’on est, d’écrire ce quoi nous servons, en agissant sur les facteurs sociaux, environnementaux et économiques. Nos objectifs sont mesurés par un organisme indépendant. L’un des quatre objectifs que nous sommes fixés, comme entreprise à mission, est d’améliorer avec nos entreprises clientes et leurs salariés, leurs conditions de travail et de santé.

À ce titre, nous proposons un diagnostic du niveau d’énergie des salariés, qui va au-delà de la qualité de vie au travail. C’est 150 questions dont les réponses sont traitées par un algorithme défini par des chercheurs (université catholique de Louvain en Belgique) et qui permettent de tracer des pistes d’amélioration. Henaff à Pouldreuzic a adhéré à la démarche. Par ailleurs,  notre stratégie climat vise à agir sur la performance énergétique de nos bâtiments, nos déplacements, nos achats et l’utilisation du numérique.  Nous avons mis en place un forfait mobilité allant jusqu’à 200  euros par an pour les salariés se rendant au travail à vélo. La moitié de nos 150 salariés rennais vient en transports en commun. C’est plutôt pas mal.  


*Source Insee Bretagne

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