En 75 ans de longévité, cette entreprise solide du Finistère en a vu d’autres. Mais depuis la sortie du Covid, c’est la première difficulté conjoncturelle à laquelle est confronté Clément Quéguiner, président du groupe éponyme depuis 2020. « Le pays traverse une crise immobilière majeure, accentuée par la hausse des taux d’emprunt bancaire. S’en suit une crise du logement avec une baisse du marché du neuf et de l’activité des entreprises du bâtiment. La nôtre n’est pas épargnée. Nous enregistrons une baisse d’activité de l’ordre de 10% par rapport à l’année dernière », nous indiquait (pour le Palmarès des entreprises bretonnes) Clément Quéguiner, dont le groupe, spécialisé dans la vente de matériaux de construction, a réalisé 338 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023.
Née du négoce en 1948, l’entreprise Quéguiner a depuis diversifié ses activités pour les consolider autour de trois axes : 1/la production industrielle (sous les marques Celtys, Urvoy et Quéguiner Béton) de béton préfabriqué ou prêt à l’emploi, et de menuiseries (Menuiseries de l’Atlantique) – cette partie représente un tiers de l’activité du groupe – ; 2/la distribution de matériaux adressés aux marchés du BTP, des travaux publics du bâtiment, de l’outillage… – ce secteur historique connu sous les enseignes Quéguiner Matériaux et Leader Mat couvre près des deux-tiers du chiffre d’affaires total du groupe – ; et 3/le transport qui soutient les deux activités précédentes par la gestion d’une flotte de plus de 200 véhicules professionnels, des semi-remorques aux grues en passant par les camions toupies, télescopiques et autres engins de manutention.
Multi spécialiste
Cette année, les difficultés économiques s’amoncellent sur la partie gros œuvres, « qui représente 1/3 de notre activité ». Le groupe Quéguiner travaille en BtoB, à hauteur de 90% de son portefeuille clients. « Notre force, c’est d’être multi spécialiste. En adressant plusieurs marchés de la construction, ceux qui sont affectés se trouvent compensés par ceux qui vont mieux, comme les travaux publics et les travaux agricoles en ce moment. Aussi, l’avenir du groupe reste-t-il serein », assure Clément Quéguiner.
Le jeune président envisage de l’aborder en suivant l’adage familial, qui dit : « C’est dans des temps de plus faible activité que l’on investit et que l’on continue de se développer pour être les premiers quand la tempête sera passée ! », plaidait déjà son père Claude Quéguiner, en 2008. Le fils et petit-fils du fondateur compte bien suivre la même logique. « Il faut continuer à se projeter et préparer l’avenir pour se positionner en leader au moment où l’activité reprendra », paraphrase Clément Quéguiner.
15 millions d’euros d’investissement
Cette année, les investissements portent sur l’ouverture imminente d’un site de production à Saint-Méen Le Grand, en Ille-et-Vilaine, où le groupe finistérien a construit une usine à béton à 15 millions d’euros. Quinze emplois devraient y être créés. Une agence commerciale, la 46e, sera également ouverte à Vitré, toujours en Ille-et-Vilaine département sur lequel Quéguiner marque de plus en plus sa présence. Avec 98% de son activité concentrée en Bretagne, dont 50% dans le Finistère, l’ETI densifie son maillage territorial autour des métropoles bretonnes. « Nous exerçons des métiers de proximité, et souhaitons répondre à des zones de chalandise resserrées. Nous œuvrons à réaliser ailleurs ce que nous avons réussi dans le Finistère », souligne le pilote de la stratégie, qui vient également d’intégrer deux PME bretonnes (SMEG rachetée en 2023 et Mortier Matériaux en 2024) pour étendre sa toile.
Innovation rime avec Transition
L’innovation guide également le développement du Groupe, lequel investit dans la recherche de nouveaux matériaux vecteurs de décarbonation. Ainsi, Quéguiner est entré au capital de la startup angevine Néolithe, qui valorise les déchets de chantier non-recyclables, non-dangereux et non-inertes en granulats réutilisés dans la formulation de béton pour le BTP, soit un nouveau matériau neutre en carbone. « Nous allons inaugurer un premier chantier pour tester ce nouveau béton, en attendant sa validation réglementaire », souligne Clément Quéguiner qui a placé la transition au cœur de son plan d’action. « Nous sommes des sociétés de production avec un impact carbone plus élevé qu’une société de service, c’est certain. C’est pour cette raison que la transition écologique nous apparait comme une véritable opportunité et un levier pour avancer », insiste le jeune président, qui revendique une sensibilité affirmée sur ce sujet. L’adoption du carburant XTL biosourcé pour la flotte de camions est une autre concrétisation de cet engagement, tout comme l’établissement annuel du bilan carbone au titre d’un nouvel indicateur de performance affiché par le Groupe.
A raison de 50 nouvelles recrues en moyenne chaque année, le groupe Quéguiner – qui emploie 1175 collaborateurs sur l’ensemble de la Bretagne – reste très attractif. Car aussi très impliqué dans la vie locale avec des partenariats sportifs, associatifs et curatifs (Clément Quéguiner est ambassadeur du fonds de dotation Innoveo, au sein du CHU de Brest). « L’entreprise est historiquement liée au Finistère. Notre rôle, si ce n’est notre devoir, est de rendre au territoire ce qu’il nous donne. »
>> Ce Portrait est issu du 36e Palmarès des entreprises bretonnes, qui recense les 500 entreprises bretonnes selon leur chiffre d’affaires et leur secteur d’activité. Ce Palmarès est disponible sur le site Bretagne Economique, aux formats papier et/ou numérique.
Chiffres clés du Groupe Quéguiner
CA : 338 millions d’euros en 2023
Effectif : 1175 collaborateurs
Implantation : Bretagne + Loire-Atlantique
Sites : 9 usines de production, 13 centrales béton, 45 agences commerciales