Feratte (35). Freinée dans son développement, la PME multiplie les initiatives RH

L’an dernier, Feratte a fêté ses 40 ans. Désormais présidée par Déborah Gaignard, fille du fondateur, la PME est spécialisée dans la couverture, le bardage et l’étanchéité.  Avec une petite trentaine de salariés, elle réalise un chiffre d’affaires de 4,7 millions d’euros. Faute de main-d’œuvre, l’entreprise située à Guignen (35) est freinée dans son développement. Si le problème n’est pas nouveau, il ne fait que se renforcer depuis cinq ans. Pour y faire face, Audrey Pouly, assistante RH, multiplie les initiatives. Dernière en date : la participation au programme gestion inclusive des Ressources humaines, organisé par la CCI Ille-et-Vilaine et financé par la Région Bretagne.

C’est en 2014 que Michel et Joëlle Feratte transmettent leur entreprise à leurs deux enfants. Aujourd’hui, l’entreprise compte 28 salariés répartis sur des services allant de l’appel d’offres au bureau d’études en passant par la gestion administrative, avec une équipe de travaux répartie sur trois secteurs d’activité : couverture (acier zinc polycarbonate), bardage (alu, zinc, polycarbonate, bois, panneau, cassette…) et étanchéité (bitumineuse, végétalisée…). L’entreprise abrite aussi un atelier de fabrication. Feratte  travaille à 75 % sur appels d’offre pour les collectivités locales et les bailleurs sociaux, essentiellement sur le territoire bretillien. Le quart restant relève de marchés passés avec les promoteurs immobiliers, les partenaires locaux.

 

Impliquer les collaborateurs dans la stratégie de l’entreprise

Seule aux manettes de l’entreprise, Déborah Gaignard a entrepris un vaste travail de réorganisation de la production et déployé, au sein de l’atelier, le Lean management. « En 2017, faute d’avoir anticiper les besoins en personnel, nous avons dû recourir massivement à l’intérim. Pour une PME, ce n’est pas viable sur le long terme. Aujourd’hui, via des ateliers participatifs et la mise en place de process, les équipes ont acquis une autonomie. » Carnets de chantier, réunions mensuelles avec les conducteurs de travaux, formations, les équipes participent à toutes les étapes du chantier.  « Mon souhait est d’impliquer l’ensemble des collaborateurs dans la stratégie de l’entreprise », explique la dirigeante.

 

Partenariats ou croissance externe envisagés

Si la transition écologique ne bouleverse pas encore son modèle économique, la dirigeante reconnaît qu’elle réfléchit au développement de partenariats avec des entreprises locales spécialisées dans la charpente bois, le MOB ou encore le photovoltaïque, des offres sur lesquelles l’entreprise n’est pas positionnée. « En couverture, on ne fait que du bac acier et du zinc, et nos bardages sont métalliques ou en bois. C’est pourquoi, je suis ouverte à tous types de partenariat, y compris via la croissance externe. » Faute de main d’œuvre suffisante, elle avoue aussi refaire les plannings en permanence pour ajuster au mieux les échéances des chantiers qui ne cessent de bouger. « Nous sommes aussi amenés à refuser des appels d’offre. Cependant, hors de question d’aller débaucher chez nos concurrents. Ce n’est pas dans notre ADN ». Cette situation amène la PME à être plus sélective dans ses dossiers. Au 30 mars 2022, son chiffre d’affaire a atteint 4,7 M€ contre 3,2 M€ en 2021.

 

Reconnaissance et bien-être des collaborateurs

« Couvreurs, bardeurs, étancheurs, il n’existe pas de formation longue en Bretagne pour ces métiers, poursuit la dirigeante. Par conséquent, à nous de trouver les solutions pour attirer des personnes vers nos métiers. Il y va de notre survie. » C’est là qu’intervient Audrey Pouly, en charge des Ressources Humaines chez Feratte. Chèques vacances, chèques cadeaux, titres restaurant, primes, réflexion sur un aménagement horaire…La jeune femme utilise tous les leviers à sa disposition. « On s’intéresse à toutes les solutions qui participent à la reconnaissance des collaborateurs et à leur bien-être, comme le recours de plus en plus fréquent, sur les chantiers, à des moyens de levage et de manutention pour éviter toute charge lourde. Il est essentiel d’être le plus possible à l’écoute des collaborateurs. » Hasard ou résultat de cette politique RH, Feratte ne subit pas de turn-over.

 

Travail avec les associations locales tournées vers la réinsertion

Pour tenter d’attirer des candidats, Audrey Pouly s’appuie sur les réseaux sociaux, mais plus encore sur des associations locales tournées vers la réinsertion. « On sensibilise nos chefs d’équipe pour qu’ils transmettent leur savoir-faire à des personnes en reconversion ou en réinsertion dans le cadre de l’AFPR, un dispositif proposé par Pôle emploi. On fait également un travail de lobbying auprès de nos Opco pour qu’ils mettent en place une Préparation Opérationnelle à l’Emploi collective (POEC) en couverture. Il s’agit d’une formation théorique destinée aux demandeurs d’emploi, déployée à l’échelle d’un territoire, à laquelle se greffent quelques entreprises pour la formation pratique. Cela fait deux ans que le sujet est en cours avec la FFB et l’Opco, pour intégrer ce dispositif. Ça va peut-être finir par arriver... » Depuis peu, la jeune femme réfléchit aussi à se tourner vers des entreprises d’intérim qui disposent d’une filiale en Ukraine. « Malgré tout, il faut réussir à briser la barrière de la langue. »

 

Accompagnée par la CCI Ille-et-Vilaine

Ces solutions, la jeune femme les a découvertes et partagées à l’occasion d’ateliers de co-développement organisés par la CCI Ille-et-Vilaine. Ces derniers s’intègrent dans un programme d’un an, financé par la Région Bretagne. Il permet aux entreprises de professionnaliser leur démarche de recrutement et trouver des solutions pragmatiques à leur difficultés de recrutement. « L’échange d’expériences avec des personnes issues de secteurs d’activité différents est très enrichissant, tout comme l’intervention d’acteurs extérieurs (l’Apec, associations pour le recrutement inclusif, etc.)», souligne-t-elle.  On s’aperçoit que de nombreuse entreprises sont confrontées aux mêmes difficultés que nous. On se sent moins seuls. »

 

Le carnet de commandes de l’entreprise est complet pour un an. Outre les difficultés à recruter, il faut aussi faire face à l’envolée du prix des matériaux. A titre d’exemple, le mètre carré de la tôle alu est passé de 18 à 38 € en un mois, celui de la tôle perforée a doublé en un an.  « Nous sommes obligés d’anticiper beaucoup plus en amont nos achats. Cependant, quelle que soit la hausse des prix, nous privilégions toujours le dialogue avec nos clients. Résultat, nous essayons toujours de trouver une alternative pour rester dans le budget​ », conclut Deborah Gaignard.

Feratte recrute actuellement 2 bardeurs, 2 couvreurs et 2 étancheurs, afin de remonter une équipe dans chaque métier.

Contact : Audrey Pouly

Découvrir l’entreprise

 

Accompagnement CCI Ille-et-Vilaine

La CCI Ille-et-Vilaine a conçu le programme Gestion Inclusive des RH (GIRH) à destination des PME afin de leur permettre de professionnaliser leur démarche de recrutement et trouver des solutions pour eux et leurs salariés. La 2ème édition de ce programme est en cours de lancement.

 Votre contact pour plus d’informations : Malika El Amri, conseillère entreprise RH :  MELAMRI@ille-et-vilaine.cci.fr

 

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