« C’est parti d’un constat tout bête, raconte Tanguy de Gélis. Ma grand-mère n’avait pas de smartphone, pas d’ordinateur, rien. Et pourtant, toute la famille publiait des photos et messages sur WhatsApp. Elle se retrouvait exclue de la conversation familiale ». Ce fut le déclic . Il a l’idée d’éditer un journal familial, la gazette Famileo, conciliant les avantages du papier et les habitudes digitales des générations plus jeunes. Armel de Lesquen rejoint Tanguy de Gélis en 2014. Ensemble, ils décident de se consacrer à 100 % au projet. L’idée se concrétise en une gazette familiale imprimée, alimentée automatiquement à partir des photos et messages partagés par la famille via une application mobile. Tous les quinze jours ou tous les mois, les parents, les grands-parents reçoivent un journal papier personnalisé, directement dans leur boîte aux lettres.
Le papier devient preuve d’amour
« On ne cherche pas à opposer le numérique et le papier. L’un nourrit l’autre. Les utilisateurs publient des photos de vacances, des photos de famille, du quotidien, des enfants pour simplement donner des nouvelles, de faire plaisir. Chez Famileo, nous avons l’habitude de dire « l’amour n’existe pas, seules les preuves d’amour existent », continue Tanguy de Gélis. Chaque gazette est donc une preuve d’attention concrète : un condensé de moments du quotidien, soigneusement mis en page et imprimé localement. Un modèle à contre-courant de la surconnexion : « Le numérique peut rapprocher. Nous redonnons du sens et de la matérialité aux liens ».
Une start-up à impact social
Rapidement, les fondateurs comprennent qu’ils ont mis le doigt sur un enjeu sociétal majeur : l’isolement des personnes âgées. « Les directeurs d’EHPAD, les infirmières, les gériatres nous disaient tous la même chose : vous touchez un sujet énorme. Les outils numériques classiques ne suffisent pas », continue le chef d’entreprise. D’abord proposé aux maisons de retraite, Famileo est adapté et proposé en abonnement au grand public. Ses utilisateurs en deviennent, très vite, les meilleurs ambassadeurs. Aujourd’hui, Famileo compte 2 700 établissements partenaires en France et s’implante progressivement à l’étranger. Le modèle économique est simple : un abonnement familial à quelques euros par mois, donnant accès à la création et à l’envoi régulier des gazettes. L’entreprise, forte de 70 salariés, reste fidèle à ses racines : son siège est à Saint-Malo, avec des équipes commerciales à Barcelone et des partenaires d’impression répartis sur tout le territoire français.
Croissance et horizons européens
Les chiffres confirment le succès. En 2024, Famileo a généré près de 14 millions d’euros de chiffre d’affaires et prévoit d’atteindre 16 millions en 2025. L’entreprise revendique 260 000 familles abonnées, soit environ 2 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Mais le plus ambitieux reste à venir : le lancement de Famileo en Allemagne.
« C’est un marché très proche culturellement du nôtre, explique Tanguy de Gélis. Les familles y sont souvent éclatées géographiquement, et le lien intergénérationnel est une vraie préoccupation ». Un partenariat local est en cours de finalisation, avec pour objectif une implantation durable : « On ne veut pas se disperser. L’Allemagne est un très grand terrain et un important challenge, et on veut bien faire les choses ».
Découvrir Famileo Rédaction : Adélaïde Hasle Tiengou
Chiffres clés
70 collaborateurs
260 000 familles abonnées
16 millions d’euros de CA en 2025
