L’environnement “sévère” est le milieu où évolue ENAG depuis sa création à Quimper en 1946. Quand se posent des problèmes ardus d’alimentation électrique, on y conçoit et construit des solutions en conversion d’énergie pour la Défense, la marine civile, l’offshore ou le ferroviaire. Quand c’est tout l’environnement économique qui devient sévère, l’entreprise quimpéroise répond, elle, en s’agrandissant pour encore mieux conquérir l’étranger. “Nous sommes à la fois sur des niches et sur une large gamme de prestations, à l’inverse de nos concurrents internationaux souvent spécialisés dans un ou deux domaines, explique Didier Margerand, le président. Nos marchés sont des secteurs qui certes ressentent des resserrements mais deviennent en temps de crise des moteurs au soutien publique de l’activité : il n’y a jamais eu autant de projets de lignes TGV ou de développement de l’offshore.” Pour répondre, ENAG avance en trois fronts : ENAG elle-même pour du sur-mesure et de petites séries très pointues, et ses filiales ; Cristec, construction de produits standards pour les véhicules aménagés (camping-cars, ambulances…) et le nautisme ; et Breteltech (fusion des sociétés reprises Le Page de Quimper et Motelec de Saint-Brieuc), fournisseur de services aux collectivités locales, industriels ou artisans en diagnostic, maintenance, réparation de motorisations, pompes, électroportatifs, et la distribution-vente de neuf.
Locaux et embauches
_ Installée depuis 1966 au 47 de l’avenue Mendès-France, ENAG est arrivée à saturation de son site en 2006. On s’y est serré, on a ajouté des « Algeco » dans la cour mais la limite a été atteinte. “Fin octobre 2007, j’ai annoncé notre déménagement dans de nouveaux locaux pour fin février 2009 sans alors savoir encore ni où ni comment… et nous nous y sommes installés mi-mars”, s’amuse Didier Margerand, pas peu fier d’avoir réussi le défi. Un transfert qui ne concerne qu’ENAG et Cristec, Breteltech conservant son implantation actuelle. Adieu les vieux 3 500 m² couverts sur 7 000 m² de terrain sur l’ancienne route de Pont-l’Abbé, bonjour les 5 400 m² de locaux en HQE, haute qualité environnementale, sur 27 000 m2 de surface dans la zone industrielle en devenir de Kerdroniou. Un investissement de 4 millions d’euros qui s’accompagne de 15 créations d’emplois sur trois ans. De quoi motiver les 88 salariés du groupe après déjà la réalisation d’un chiffre d’affaires de 14,4 millions, en hausse de 15% sur l’exercice précédent. Et surtout une progression de 40% de l’export.
L’international et le régional
_ Arrivé à la tête de l’entreprise en 2004, Didier Margerand s’est investi dans la conquête de marchés à l’étranger. “A partir de 2006, nous avons multiplié notre présence sur les salons internationaux en Allemagne, Espagne, Dubaï, Russie et Chine. Le haut niveau de professionnalisme et d’exigence de nos équipes a fait la différence auprès des clients.” Aujourd’hui, ENAG réalise 15% de son chiffre dans une dizaine de pays, en particulier Norvège, Espagne, Suisse ou Belgique, tandis que Cristec atteint les 25% vers l’ensemble de l’Europe, les Émirats arabes unis, le Japon ou… la Chine. Pas question pour autant de s’endormir au niveau régional. ENAG est en pointe sur deux projets innovants. Un hydro-générateur que Michel Desjoyeaux a testé avec succès dans le dernier Vendée Globe pour la fourniture d’électricité sur son bateau vainqueur, et qui sera commercialisé en fin d’année. Et enfin, la génératrice de l’hydrolienne test Sabella immergée dans l’Odet pour concevoir une production d’énergie durable d’avenir. Il y a du pain sur la planche des quinze personnes du bureau développement et études qui dorénavant voient la signalétique de leur entreprise s’afficher en grand en anglais, symbole de la conquête de la planète.
Yves Pouchard
_ N° 192 avril 2009