En pleine croissance, le Breton CI Electronics investit dans l’autoconsommation collective

Emmanuel Houzé, repreneur en 2018 de CI Electronics, travaille avec les majors de l’électronique. Son entreprise, installée à Torcé (35), opère sur un marché de niche à savoir la conception et la production d’outillages en composite destinés à la fabrication de cartes électroniques. A l’échelle française, ils ne sont que trois à quatre acteurs à opérer sur ce marché. Si la Défense et l’aéronautique portent aujourd’hui sa croissance, +22 % entre 2022 et 2023, l’électrification du parc automobile lui ouvre de belles perspectives. La montée en puissance de l’international et de la RSE comptent parmi les priorités de la PMI. Pour ce faire, elle vient d'investir, aux côtés de Vitré Communauté et cinq autres PME-PMI, 1,2 M€ dans un projet de boucle locale d’autoconsommation collective.

« On s’appelle CI Electronics. Pour autant, on ne fabrique pas de cartes électroniques.  Ce sont nos clients qui les produisent. Des majors du secteur comme Thales, Valeo, Safran, Legrand, Schneider, Fagor, etc », rapporte Emmanuel Houzé, président de CI Electronics à Torcé en Ille-et-Vilaine. Passé par l’Ecam de Rennes, l’homme a toujours occupé des postes à responsabilités, au sein d’un bureau d’études ou d’un atelier de fabrication.  D’abord chez Molex (53), un constructeur de composants électroniques puis chez Grand Ouest Etiquettes (22), un imprimeur spécialisé dans la fabrication d’étiquettes adhésives, et enfin chez Safran à Fougères (35) où il a exercé pendant 15 ans, avec pour finir plus de 300 personnes sous sa responsabilité. Si l’idée de devenir son propre patron lui avait trotté dans la tête à plusieurs reprises, il n’avait, jusqu’en 2017, jamais franchi le pas. « En découvrant CI Electronics, j’ai su que c’était la bonne entreprise : un secteur d’activité que je maitrisais bien, une société innovante, une situation géographique proche de mon domicile, c’est important, un bureau d’études et un atelier avec de fortes compétences et surtout une très bonne image chez les clients, en termes de qualité de service. La décision de faire une offre de rachat a donc été très rapide» De fait, neuf mois après sa première rencontre avec Didier Robil, fondateur et cédant de CI Electronics, Emmanuel Houzé rachète l’entreprise. Elle compte alors 16 salariés pour un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros.

Un marché de niche

Très vite, le chef d’entreprise voit plus grand et investit dans l’achat et la réhabilitation d’un bâtiment existant de 1000 m² situé sur la zone artisanale du Haut Montigné à Torcé (35), commune rattachée à Vitré Communauté. L’emménagement a lieu en janvier 2023. Cette année-là, CI Electronics clôture son exercice avec un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros en croissance de 22% versus 2022, dont un quart à l’export. « Nos clients sont des électroniciens à l’échelle nationale et internationale qui travaillent dans des secteurs très diversifiés : électronique, automobile, défense, distribution électrique…Sur deux années glissantes, nous comptons environ 250 clients. Chacun d’entre eux conçoit ses propres circuits électroniques, fabrique la carte et la teste. Nous intervenons sur la chaîne de fabrication lors des opérations de brasage entre les différents composants et le circuit imprimé. Pour que cette étape cruciale réussisse, nos clients ont besoin d’outillage en matière composite pour maintenir l’ensemble. A chaque carte électronique correspond un outillage. » Conséquence :  toute nouvelle industrialisation entraine une nouvelle carte et donc pour la PME un potentiel nouvel outillageCI Electronics ne fabrique que des prototypes ou des petites séries (de 1 à 20). C’est un marché de niche sur lequel sont présents seuls 3 à 4 fournisseurs en France « Les niveaux de traçabilité et d’exigence de la qualité de fabrication sont très élevés. »

 

40% à l’international d’ici 2026

L’équipe est composée de 20 personnes dont 7 rattachées au bureau d’études. « Nous recevons en moyenne 12 commandes par jour. » Entre deux et trois semaines sont nécessaires entre sa réception et son expédition. Si aujourd’hui, l’aéronautique et la Défense tirent l’activité, l’électrification de l’automobile ouvre de belles perspectives de croissance. « On ressent un peu l’effet des relocalisations. Par exemple, dans l’automobile, on travaille sur certains composants des gigafactories. »  Cette course à la réindustrialisation, en France mais aussi à l’international, pousse le dirigeant à investir dans de nouvelles machines pour aller chercher de nouveaux marchés. « Notre objectif à l’horizon 2026 est de réaliser 35% à 40% de notre chiffre d’affaires à l’export, contre 25% aujourd’hui. »

 

Décarboner l’activité

La RSE fait aussi partie des priorités de l’entreprise. Elle passe en premier lieu par une maîtrise de son empreinte carbone et donc la décarbonation de son activité. Classée dans la fourchette basse des activités électro-intensives, elle a vu sa facture d’énergie grimper de 50% voire 60%. « La renégociation de mon contrat s’est faite avant l’envolée spectaculaire des prix, fin 2022 , et a donc limité la hausse qui aurait pu atteindre +150% voire +300 %. Même si les prix ont rebaissé depuis, la situation géopolitique instable nous oblige à anticiper. L’énergie qui était un non sujet est devenu en trois ans un approvisionnement critique. » Conseiller technique à la CCI Ille-et-Vilaine depuis 2022, membre du réseau Entreprendre Bretagne, Emmanuel Houzé s’est engagé, avec l’appui de Breizh Fab, dans une démarche RSE axée sur la décarbonation.

 

Un modèle vertueux et local

En parallèle, le dirigeant s’est investi aux côtés de Vitré Communauté et cinq autres PME* installées sur la zone du Haut-Montigné dans un vaste projet de boucle d’autoconsommation collective.  Ensemble, ils vont produire et partager leur énergie solaire.  Une structure juridique est en cours de création en vue d’installer et exploiter dans un premier temps, 2 500 panneaux photovoltaïques. Ce premier investissement de 1,2 M€ permettra de produire 1,4 GWh. Il se répartit sur deux terrains appartenant à Vitré communauté : une prairie humide louée à des agriculteurs et une autre située dans la marge de recul de la 4 voies.  « L’autoconsommation devrait représenter 25% de notre consommation totale. C’est un gain financier de 30 % voire 50 % par rapport à ce que l’entreprise consomme aujourd’hui. C’est aussi l’assurance d’un prix compétitif et stable sur la durée du projet. Il s’agit d’une première tranche. Ce n’est pas un club fermé. Ça part de l’envie de créer collectivement un modèle vertueux et local », conclut le dirigeant.

À terme, d’autres centrales pourront être installées afin d’accroître la couverture de consommation des sociétés actionnaires.  La zone du Haut-Montigné qui abrite actuellement 15 entreprises réparties sur 47,5 hectares, va s’étendre de 16 ha pour créer une zone modèle et exemplaire en matière de production de partage d’énergie (électricité et chaleur), de gestion de l’eau de mutualisation de stationnements, création de services , etc.

 

* Design Parquet, Geldelis, AMI-API, OK Wind, Green Power, 


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