« En fournissant les règles du jeu au marché, les normes volontaires accélèrent l’innovation »

Christian Mayeur, Directeur Développement et Innovation au sein de l’Afnor sera l’un des grands témoins de l’étape bretonne du Tour de France de la normalisation volontaire organisé le 4 mars prochain à Rennes. Non seulement la norme stimule l’innovation, mais elle permet aussi d’assurer son leadership. Trop peu de startups ou de PME ont pris la mesure du phénomène. Démonstration.

Tout d’abord comment se créent les normes ?

Il s’agit pour les acteurs d’un même marché de se mettre d’accord sur les conditions d’activité sur ce marché. Une norme sert donc et avant tout à mieux se comprendre, à parler la même langue entre acteurs économiques, entreprises ou consommateurs. C’est d’ailleurs souvent l’absence de normes qui nous fait prendre conscience de leur importance et de leur utilité, car l’interopérabilité, la compatibilité ne sont pas assurées. Contrairement à ce que nous pourrions imaginer, seules 1% des normes sont d’application obligatoire. Il faut donc faire une distinction fondamentale entre la normalisation qui est créée par des acteurs privés (entreprises et utilisateurs) et la réglementation qui relève comme la loi des pouvoirs publics.

 

A quoi servent les normes ?

Lorsque l’innovation ne rencontre pas son marché, c’est bien souvent parce que le chef d’entreprise n’a pas su écouter son écosystème. La norme permet de montrer que la solution innovante respecte les standards, qu’elle est compatible avec l’écosystème. Les allemands l’ont compris depuis longtemps. En pilotant nombre de comités techniques de normalisation au niveau européen comme au niveau international, les entreprises allemandes exercent une influence sur le contenu des normes et assurent dans le même temps leur leadership. Les patrons allemands incitent sans cesse leurs ingénieurs à participer aux travaux collectifs de rédaction des normes. Ainsi, ils connaissent à l’avance la demande du marché et la position des concurrents. C’est comme ça que, par exemple, ils ont réussi à imposer leurs standards en matière de prises de véhicules électrique à l’échelle européenne.  Les normes ne verrouillent pas elles stimulent. C’est vrai pour les grandes entreprises comme les TPE.

 

Comment s’organisent les normes ?

Toute entreprise peut proposer un projet de norme. Cette proposition est alors soumise à une commission, créée pour l’occasion si elle n’existe pas encore. Une fois finalisé et validé par la commission, le projet passe en phase de validation. C’est la consultation publique (ouverte à tous) appelée Enquête publique. Le texte de la norme est alors enrichi par la commission grâce à l’exploitation des observations recueillies avant de revêtir un caractère définitif pour être soumis à la validation de l’institut de normalisation : c’est l’homologation. L’ensemble de ce processus dure entre un et trois ans. Les normes volontaires sont ensuite révisées périodiquement, au moins tous les cinq ans.
 
 

Quelles sont les solutions d’accompagnement que vous proposez ?

L’une des vocations de l’Afnor est d’accompagner les entreprises innovantes souhaitant tester leur marché. Une entreprise qui voudra renforcer sa crédibilité pourra ainsi avoir un intérêt évident à se référer à des normes internationales, européennes ou même françaises. Pour ce faire, elle pourra faire appel à nos services pour demander la démonstration de la conformité aux normes en vigueur de son offre ou de son organisation. Prenons l’exemple des objets connectés pour la santé. N’importe quelle start-up peut s’adresser à nous pour vérifier si l’objet et/ou le service est compatible avec le marché. En Asie, il existe déjà un travail de normes sur ce sujet. Nous pouvons donc nous appuyer sur la norme existante pour la personnaliser. Il est aussi envisageable de chercher une faille dans la norme. Il faut compter environ 6 mois pour établir la norme.  Nous disposons également d’une offre fournie de formations autour des principales normes.

 

Qu’est-ce qui est concerné par la normalisation ?

Absolument tout ce qui concerne notre vie quotidienne et professionnelle ! Si les normes volontaires ont longtemps été consacrées aux aspects techniques des produits, celles portants sur des aspects de services ou des sujets sociétaux sont de plus en plus courantes. A titre d’exemples la France et l’Europe sont bien positionnés en matires de normes sur les sports de nature en ville, la biodiversité, l’économie circulaire, la responsabilité sociale des entreprises, l’intelligence artificielle, la cybersécurité. Sur tous ces sujets nous avons des batailles à mener. En ce moment, nous lançons au sein de l’Europe une initiative normative de documents français en matière d’égalité femmes-hommes, vis-à-vis de l’éducation, de la santé, de l’entreprise…Notre quotidien est amélioré par un ensemble de normes volontaires qui fixent les standards en matière de qualité, de sécurité ou de performance pour tous les produits, services ou les pratiques qui nous entourent. 90% des normes publiés en France sont européennes voire internationales. De toute évidence, elles constituent un formidable tremplin pour avoir libre accès aux marchés mondiaux.

 

Quelle est la position française dans la normalisation internationale ?

Chaque année en France, nous créons ou mettons à jour environ 2 000 normes. Si on additionne le nombre de secrétariats à l’ISO et à l’IEC*, l’Allemagne est nettement en tête, tandis que les États-Unis occupent la deuxième place. Vient ensuite le Royaume-Uni, suivi de la France puis du Japon. La Chine, a vu le nombre de ses secrétariats augmenter fortement ces dernières années, notamment à l’ISO.

 

En 2020,  l’Afnor organise un Tour de France de la normalisation volontaire : l’occasion d’échanger avec des acteurs de votre région qui ont capitalisé sur la norme volontaire et d’identifier les bénéfices à la clé.

L’étape bretonne aura lieu à Rennes , le 4 mars prochain chez Harmonie Mutuelle , de 8h30 à 12h : Informations et inscriptions

Informations pratique
Harmonie Mutuelle – 8 Boulevard de Beaumont – Rennes
Contact : Elizabeth Ayoul : 02.32.76.07.48 – delegation.rennes@afnor.org

*Baromètre Afnor 2019

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