Dès le 17 mars, les CCI ont été missionnées par le gouvernement comme interlocutrices de premier rang dans la crise. Une tâche qu’elles mènent avec ardeur et sérieux en Bretagne où durant les semaines à venir les équipes se sont donné comme objectif d’appeler plus de 20 000 entreprises. Entretien avec Jean-François Garrec, Président de la CCI Bretagne.
Face à la crise avez-vous reçu des objectifs précis de la part du Gouvernement ?
Nous avons reçu une lettre de mission de Bruno Le Maire le 17 mars pour que les chambres de commerce soient des points d’entrée et de contact au service des entreprises du territoire. Elles sont donc en quelque sorte le 1er guichet pour toutes les entreprises en détresse pendant cette période de crise.
En Bretagne, chaque CCI, sur son territoire, a très vite déployé une cellule de crise et une cellule de prévention pour les entreprises mises en difficulté économique. Composée d’une dizaine de personnes, chaque équipe informe les entreprises des mesures dont elles peuvent bénéficier et les oriente vers les différents dispositifs. Elles font également remonter auprès des pouvoirs publics, des banques et de CCI France les problématiques rencontrées par les entrepreneurs. Cela permet au Gouvernement d’adapter si nécessaires ses mesures.
Depuis le 2 avril, nos collaborateurs ne répondent plus seulement aux questions. Sur la base d’un questionnaire partagé entre les CCI bretonnes, ils contactent directement les dirigeants, en priorité ceux des TPE, pour apporter leur aide et trouver avec eux des solutions. Leur mission est de construire un appui personnalisé et individuel.
La volonté d’agir, de tous, élus comme collaborateurs, est vraiment remarquable. Un plan de continuité d’activité mis en place dans chaque territoire permet le déploiement de ce soutien exceptionnel. Ainsi, plus de 80% des effectifs des CCI sont encore en activité.
Comment est réalisée la coordination avec les pouvoirs publics et les autres acteurs économiques ?
Tout le monde travaille dans le même sens. Une vraie dynamique s’est créée entre tous les acteurs, à l’échelle locale et régionale pour avoir le minimum d’entreprises laissées au bord du chemin. Cette articulation locale et régionale est efficace. En ce qui concerne la CCI Bretagne, nous échangeons régulièrement avec la Direccte, la Région Bretagne ainsi que l’ensemble des organisations professionnelles pour partager nos informations.
Notre rôle est de faire remonter du terrain l’ensemble des difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises. L’un des sujets est le relatif décalage entre les annonces du gouvernement et leur mise en œuvre. Il peut y avoir un retard dans certains domaines et des problématiques techniques peuvent apparaître. Par exemple, certains services dans les Direccte sont saturés par les demandes de chômage partiel. Ils n’arrivent parfois pas à accuser réception alors que cet accusé est important pour mettre en œuvre ce dispositif. Du côté des banques, si dans l’ensemble, elles jouent le jeu, des efforts restent à faire envers les entreprises les plus fragiles, les TPE en particulier dans l’obtention de lignes de crédit. Sur ce sujet, nous sommes en contact avec la Fédération régionale des banques.
Par ailleurs, aujourd’hui des questions se posent pour l‘accès aux Équipements de protection individuels (dit EPI) pour les entreprises et leurs salariés, qui renvoie de surcroît à la responsabilité de l’employeur. D’autres sujets apparaissent comme les besoins de trésorerie ou encore la crainte de ne pas être payées pour des commandes assurées. Bref de nombreux sujets d’inquiétudes légitimes auxquelles il nous faut trouver des réponses.
De nombreuses PME bretonnes font preuve d’un véritable élan de solidarité. Quel message souhaitez-vous leur faire passer ?
Depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, la générosité et la solidarité s’expriment de mille façons sur le territoire. Entreprises, particuliers, commerçant, chacun essaie d’aider à son niveau les personnes les plus fragiles mais aussi les soignants. Des entreprises de toutes tailles ont fait le choix de mettre leurs moyens logistiques au service des besoins urgents ou également en se mobilisant pour financer, voire fabriquer masques, gels hydroalcooliques, etc. D’autres issues de l’agroalimentaire distribuent gratuitement une partie de leurs stocks aux hôpitaux. Dans les services, de nombreuses entreprises du numérique ont mis gratuitement à disposition leur plateforme pour faciliter le télétravail ou fluidifier les échanges. Dans tous les secteurs d’activité, chacun participe à l’effort de guerre.
Je remercie tous ceux qui sont en première ligne, les soignants bien sûr mais aussi les commerçants et leurs salariés. C’est tout simplement remarquable.
Est-il possible d’imaginer une sortie de crise dans un tel contexte ?
Comme toutes les organisations de nature publique ou professionnelle, nous tentons de préparer le rebond à la fin du confinement. Tout ne va pas redémarrer du jour au lendemain. Il va falloir régler le sujet des tests et des équipements de protection. Il va aussi falloir résoudre certains problèmes de trésorerie, nerf de la guerre des TPE/PME.
Quoiqu’il en soit, nous allons devoir donner très vite des perspectives et aider les entreprises à regagner des parts de marché. Au niveau local, il faudra redonner l’envie aux consommateurs de retourner dans les commerces de proximité pour redynamiser les centres-villes alors qu’ils avaient pris l’habitude de faire leurs courses en ligne. Du côté des entreprises, elles sont en train de s’approprier l’utilisation des outils numériques. En Bretagne, d’ailleurs, nos centres de formation dispensent des cours sous format digital à distance. Le retour à la normale sera long et difficile.
La relance de l’économie pour laquelle nous devons rester mobilisés prendra des mois.
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