Figure emblématique du port d’Erquy, Patrick Chabroullet a vécu, de l’intérieur, l’évolution des criées des Côtes d’Armor. L’ancien mareyeur confirme que leur succès porte l'empreinte d'une union sacrée entre tous les acteurs de la filière.
Les criées des Côtes d’Armor fêtent leurs 40 ansÀ 63 ans, Patrick Chabroullet a pris du recul avec le monde de la pêche. Retiré des affaires depuis 2011, suite à la fermeture de sa société Marée Gwen Morgane, il conserve toutefois un regard avisé et bienveillant sur les criées des Côtes d’Armor. « L’histoire a débuté à Erquy où tout était à construire, se souvient ce titi parisien, poissonnier de métier arrivé en 1991 sur la Côte d’Émeraude. En 40 ans, le chemin parcouru est impressionnant car d’un simple outil de vente de coquilles Saint-Jacques au début, nos deux criées comptent aujourd’hui parmi les plus importantes de France. »
L’ancien mareyeur confirme que cette réussite puise ses racines dans l’union sacrée qui a animé, de manière constante, tous les acteurs de la filière. « Je pense que c’est unique dans l’hexagone car personne n’a joué solo. Bien sûr, il y a eu des coups de chaud et des coups de gueule entre nous mais tout le monde a vite compris la nécessité d’avancer ensemble pour faire grandir sa propre entreprise. »
Professionnalisme et fidélité
Patrick Chabroullet entend rendre hommage au professionnalisme des hommes et des femmes qui ont participé à l’aventure des criées, dans le sillage de patrons et d’entreprises emblématiques. « L’essor de Pêcheries d’Armorique a, par exemple, posé les bases d’une filière mareyage forte et structurée allant capter toujours plus de valeur ajoutée. »
L’ex-patron de Marée Gwen Morgane salue aussi la fidélité des armateurs costarmoricains à leur territoire. « L’entreprise de Jean Porcher est toujours restée attachée à son port d’attache souhaitant que ses poissons, pêchés au large, soient vendus à la criée d’Erquy. Elle aurait pourtant pu choisir une autre option plus avantageuse. »
Le tournant de l’informatique
Nostalgique d’une époque où la journée commençait, très tôt, par un café partagé entre pêcheurs et mareyeurs, Patrick Chabroullet confirme que l’arrivée de l’informatique dans les salles de vente a radicalement changé les choses. « Les relations humaines, qui ont été un élément fédérateur au succès de la filière, se sont distendues. Il faut l’accepter. A contrario, grâce à ces outils modernes de vente à distance, couplés au travail des permanents de la CCI, la classification des produits commercialisés est montée en gamme. C’est une source de fierté qui démontre le professionnalisme collectif de la filière. »