Cosmétique. Odycea à Lannion (22) mise sur les bienfaits des algues bretonnes

Spécialisée dans la recherche et la production de substances bioactives pour les cosmétiques, Odycea à Lannion revendique un sourcing de ses matières premières réalisé exclusivement en France. Parmi elles, l'algue verte qui s'échoue tous les ans sur les plages.

Parce qu’elle est à l’origine, chaque été, de marées vertes sur plusieurs plages bretonnes, l’algue verte reste une matière première mal-aimée. Pas pour les marques de cosmétiques asiatiques qui viennent de lui décerner le premier prix, dans la catégorie « Environnement », lors du salon professionnel Cite organisé à Yokohama au Japon. Cette distinction récompense avant tout les trois années de recherche et développement menées par le laboratoire Odycéa à Lannion, à l’origine de la valorisation dans les crèmes pour le visage de l’algue verte.

« Nos travaux ont démontré que l’Ulva Armoricana disposait d’un potentiel extrêmement intéressant au niveau dermatologique, précise Fidji Briand, fondatrice en 2014 de la société. Elle a notamment développé une stratégie d’adaptation pour survivre au rythme des marées et répondre aux chocs incessants de la déshydratation puis de la réhydratation. Elle renferme ainsi une molécule générant une très grande souplesse qui lui permet de se contracter puis de se dilater à l’extrême. Le principe actif extrait, que nous avons baptisé Algue de Jade, offre, une fois appliqué sur le visage, des propriétés anti-âge et un pouvoir exfoliant qui répondent parfaitement au cahier des charges de nos clients internationaux. »

 

France, bio et qualité

Après plusieurs places de prestiges dans d’autres salons professionnels à travers le monde, cette distinction confirme la stratégie d’Odycéa de miser, depuis ses débuts, sur l’origine 100 % France de ses matières premières. « Nous en avons fait un véritable totem car nous avons finalement tout à portée de main dans l’Hexagone, confirme Xavier Briand, créateur de Biotech Marine à Saint-Malo, ex-filiale du groupe Roullier, qu’il a dirigé pendant 25 ans avant de rejoindre sa fille dans l’aventure familiale en 2020. Cette orientation implique un niveau d’exigence élevé dans la recherche, sur tout le territoire, des plantes, des fleurs, des algues, des eaux thermales et même du miel sur lesquels nous travaillons pour en extraire des principes actifs différenciants sur le marché. »

La PME costarmoricaine porte même comme ambition d’être le point d’ancrage de nouvelles filières agricoles, en Bretagne notamment. « On se fixe toujours, lors des étapes de cueillette, de respecter le cycle de régénération des plantes ou, si ce n’est pas possible, de travailler sur des mises en culture respectueuses de l’environnement. D’ailleurs, année après année, notre niveau d’exigence porte sur la généralisation d’un sourcing 100 % bio, une estampille qui, en plus de l’origine France, est un atout central dans l’univers des grandes marques cosmétiques. »

Sans faire de bruit, la société Odycea s’est imposée comme un fournisseur de référence d’actifs naturels à l’international, marché qui représente 95 % de ses débouchés. En 2019, sa précédente innovation, le Marine Bamboo, avait déjà séduit toute la filière, jusqu’à la chanteuse Jennifer Lopez qui l’avait intégré dans sa gamme JLO cosmétiques, pour ses propriétés de protection contre les lumières bleues.

 

Une exigence industrielle

Pour passer du ramassage des algues en baie de Saint-Brieuc aux linéaires des cosmétiques en Asie ou aux États-Unis, Odycea a développé un process industriel qui, lui aussi, entend minimiser son impact sur l’écosystème. Sous-traitée pendant quelques années, cette étape sera d’ailleurs réintégrée, en 2022, dans ses nouveaux locaux installés au cœur du plateau technologique Pégase à Lannion. « Nous avons développé des techniques d’extraction qui font appel à des solvants d’origine végétale, majoritairement achetés en France, et qui limitent la consommation d’eau, précise Xavier Briand. Notre nouvel atelier d’eco-extraction représente un investissement de 400 000 euros et la création d’une dizaine d’emplois. C’est clairement un surcoût mais ces efforts sont payants car nos clients ont la garantie que toute notre chaîne de production, des matières premières au principe actif final, répond au même cahier des charges. »

Dans cette logique, une responsable assurance-qualité/réglementaire vient d’être recrutée. « C’est un poste stratégique au regard de notre expansion à l’international où les audits des grandes marques se multiplient, confirme Xavier Briand. Nous pouvons également compter sur les services de la CCI Côtes-d’Armor pour nous accompagner sur les formalités douanières ou d’enregistrement. Notre catalogue, qui compte aujourd’hui 15 actifs bio-inspirés et 4 brevets déposés, n’a de cesse de s’enrichir avec un budget de recherche et développement qui atteint désormais 35 % de notre chiffre d’affaires. » Preuve que le potentiel d’Odycea suscite l’intérêt. Longtemps fermées, même les portes des grandes signatures françaises des cosmétiques commencent à s’ouvrir.

Découvrir Odycea

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