Implanté dans un atelier de couture flambant neuf de 600 m² à Saint-Pierre-de Plesguen, Confection Allain travaille pour les maisons de luxe et les jeunes créateurs. Si la demande est bien là, les difficultés de recrutement sont le principal défi auquel doit faire face aujourd’hui sa dirigeante, Catherine Costard. Afin de structurer ses RH et mieux recruter, elle s’est fait accompagner par la CCI Ille-et-Vilaine.
Depuis toute petite, Catherine Costard manipule la machine à coudre. « C’est ma tante Françoise Allain qui m’a appris le métier et l’art de faire des coutures qui ne se voient pas ». Il y a tout juste 20 ans, celle-ci lui cède l’entreprise qu’elle a créée en 1976. Trois ans plus tard, sa sœur Marylène Costard la rejoint en tant qu’associée à la tête de Confection Allain. La jeune dirigeante diversifie peu à peu l’activité spécialisée jusqu’alors dans le « flou » (matières fluides, chemisiers, les robes du soir ou celles de cocktail, et les jupes). Elle oriente son entreprise vers le luxe, secteur plus valorisant et plus compétitif que celui des moyennes gammes, écrasé par la concurrence étrangère.
Les maisons de haute couture
Pour faire face à son développement, la PME a emménagé en mars 2017 dans un atelier de 600 m² situé à Saint-Pierre-de-Plesguen, entre Rennes et Saint-Malo, à quelques pas du site d’origine. Environ 500 000 euros ont été investis dans le bâtiment et l’équipement. Confection Allain emploie 14 salariés, 12 femmes et 2 hommes. Leurs outils de travail ? « Leurs mains d’abord et avant tout. En dehors de la découpe du tissu avec l’arrivée progressive des machines laser assistées par ordinateur, le métier de couturière a peu évolué. Certes les machines à coudre se perfectionnent mais les gestes restent les mêmes ». Machines simples, surjeteuses, machines à boutonnières, thermocolleuses, bourdonneuses, pointeuses…leurs différentes fonctions requièrent une certaine polyvalence. « Cependant je n’impose rien. Il y a celles qui aiment changer et celles qui préfèrent rester sur la même machine ». Les grandes maisons de couture, essentiellement pour femmes, lui assurent 70 % de son CA qui s’élève à 550 000 euros, en légère progression. Elles fournissent les patrons, le tissu et les accessoires nécessaires à la réalisation de leurs pièces. « En ce moment, nous confectionnons une veste haute couture pour une grande marque de luxe. Seules 8 pièces sortent quotidiennement de l’atelier. Nous en avons 1 200 à faire ». A d’autres moments de l’année, il s’agit de monter des robes, des chemisiers, des manteaux ou des pantalons.
Les jeunes créateurs, les religieuses… et les camping-cars
20 % de l’activité de Confection Allain relèvent de la fabrication de vêtements et accessoires pour des jeunes créateurs haut de gamme, installés dans le Grand Ouest : « Il s’agit souvent de quelques pièces ». Mais aussi d’un marché de niche, celui des robes et autres blouses pour les religieuses. « C’est un marché qui résiste bien et présente un vrai potentiel ». Les 10% restants sont issus d’un contrat avec la société Val Déco, qui rénove les intérieurs de mobile-homes (Saint-Domineuc). Des marchés divers donc, qui pourraient encore s’élargir, si Catherine Costard ne rencontrait pas autant de difficultés à recruter.
Mécanicienne en confection, métier en tension
En un an, les difficultés de recrutement au sein de Confection Allain n’ont cessé de croître. « Je ne reçois plus aucune candidature spontanée des écoles préparant au métier de l’habillement et plus précisément de mécanicienne en confection. Je n’aime pas beaucoup ce terme, mais c’est ainsi qu’on désigne les couturières. Ce phénomène est récent. Je pense que beaucoup de jeunes diplômés se dirigent vers le commerce. Ils confondent souvent création, mode et confection ». Résultat, la dirigeante vient de recruter coup sur coup des étrangers, un Ghanéen et une Roumaine. « Ce sont aujourd’hui les seuls à répondre aux annonces déposées sur Pôle emploi. La semaine dernière j’ai reçu un Arménien et une Slave. Je les recrute en CDD pour vérifier dans un premier temps leurs aptitudes. Ils apportent aussi un autre savoir-faire. L’année prochaine, deux salariés partent à la retraite, il va bien falloir trouver une solution. Nous sommes dans un métier à faible marge. Je n’ai pas les moyens de faire appel à l’intérim. Si les maisons de luxe ne révisent pas leur politique tarifaire vis-à-vis de leurs sous-traitants, le risque est grand de voir disparaître le Made in France. Il faut nous donner les moyens d’augmenter les salaires ». Courant 2017, Catherine Costard a bénéficié d’un diagnostic et d’un plan d’action Performance Bretagne Ressources Humaines plus (PBRH+) réalisé par la CCI Ille-et-Vilaine. « La mise en place de fiches de postes, de trames pour les entretiens professionnels et surtout le regard extérieur de la conseillère m’ont permis d’avancer et de mieux anticiper ».
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Votre contact : Patricia Diot-Texier, Conseillère ressources humaines (Ille-et-Vilaine et Morbihan) – pdiot-texier@ille-et-vilaine.cci.fr –