Cheriaux Diffusion (35). Avec Franck Hinry, les jeunes vont retrouver le chemin de leur cordonnier

La crise du Covid aurait pu freiner son projet de reprise d’entreprise.  Au contraire, elle l’a accéléré. En novembre 2020, en plein reconfinement, Franck Hinry a racheté Cheriaux Diffusion à Rennes. La PME, créée il y a plus de 30 ans, est spécialisée dans le négoce de produits destinés aux professionnels de la cordonnerie multiservices. Un marché de niche réparti entre une poignée d’acteurs et en plein renouveau. Avec 450 clients dispatchés sur le Grand Ouest et une équipe de dix salariés, le nouveau dirigeant a des idées et de l’énergie à revendre. En quelques mois, il a élargi sa gamme de produits et de services. Son objectif : aider les cordonniers à rajeunir leur clientèle en valorisant, par exemple, l’upcycling des sneakers.

Ancien directeur commercial France au sein d’un groupe mondial de services et biens à la personne, Franck Hinry a pal mal bourlingué. « J’ai démarré mon parcours professionnel dans ce groupe, il y a 25 ans, en tant que commercial. Mais, à 50 ans, à force d’être sur les routes, j’ai pris conscience que je ne connaissais plus ma région. L’envie de travailler en Bretagne est devenu plus fort que tout. En 2020, j’ai décidé de me réinvestir sur ce territoire et reprendre une affaire. » Début janvier, il prend contact avec la CCI Ille-et-Vilaine qui lui donne un grand nombre de pistes et conseils avisés. Il intègre ensuite un groupe de repreneurs potentiel au sein du CCRE 35, puis enchaîne aussitôt par une formation au sein du CRA de Nantes.

 

Une reprise d’entreprise sur de chapeaux de roues

« Ce parcours a été un vrai tremplin. En mars 2020, quand le premier confinement est tombé, j’ai mis le paquet et multiplier les contacts. J’étais hyper actif et j’ai eu vent de la vente de Cheriaux Diffusion. J’ai aussitôt appelé le dirigeant. Deux autres personnes étaient en lice. Ça m’a boosté, l’activité et les produits me plaisaient, je ne voulais pas passer à côté. Dans ce contexte de crise, je voulais garder une longueur d’avance, j’ai même accéléré la vente. » Cette détermination paye :  En mai 2020, Franck Hinry signe la lettre d’intention, en juillet, le protocole de vente puis en novembre, le closing. Il prend alors la tête de Cheriaux diffusion, une PME ancrée à Rennes depuis 1986, qui compte 10 salariés et un chiffre d’affaires de 2, 5 millions d’euros, en croissance de 20% avant la crise.

 

Cordonnier : un métier qui a du sens

En 1980, la France comptait 8 500 cordonniers multiservices. Ils sont aujourd’hui 3 500. « Beaucoup d’entre eux se sont renforcés et gagnent bien leur vie. Ce sont pour l’essentiel des indépendants. La franchise ne représente que 10% du secteur. Le cordonnier est le métier par excellence qui lutte contre l’obsolescence programmée et milite en faveur de la réparation. C’est un métier qui a du sens. » Longtemps jugé peu attractif, il a vu sa formation se raréfier au fil des ans. « Pourtant, ce métier ancien, manuel, ne se limite pas au « talon minute » ! Le cordonnier réparateur est un artisan qui en remettant à neuf une chaussure abimée, lui donne une seconde vie. »

 

« Tous les produits que nous vendons, que ce soit le cuir, le caoutchouc ou les accessoires proviennent d’Europe. Nous privilégions les circuits courts. » Une douzaine d’entreprises en France opère dans ce secteur, « mais nous sommes seulement 6 à nous faire vraiment concurrence. » Cheriaux Diffusion couvre le Grand Ouest, soit environ 20 départements. « Le potentiel de développement est important, même si globalement, depuis novembre 2020, du fait des confinements et de la fermeture des centres commerciaux, nous avons perdu 20% de notre chiffre d’affaires.»

 

8 000 références

L’activité de Cheriaux Diffusion se répartit entre les produits liés à la cordonnerie, (caoutchouc, réparation de chaussures), ceux nécessaires à la fabrication de clés et tous les produits d’entretien du cuir. Chacun représente 30% du chiffre d’affaires. Les 10 % restants sont liés à la vente d’accessoires : ceintures, sac à main, petite maroquinerie, chaussons, lacets, etc. « Ce sont des produits de revente qui n’entraînent aucune transformation. Nous vendons aussi de l’outillage nécessaire à la réparation des chaussures.  Nos principaux fournisseurs sont Topy, Avel et JMA pour les clés. » Au global, la PME stocke dans son entrepôt quelque 8 000 références. « Le panier moyen de nos clients est de l’ordre de 150 euros mais peut monter jusqu’à 800 euros. » Quatre magasiniers travaillent à la préparation des commandes. Celles sont enlevées chaque jour par un transporteur.  

 

Remise à neuf ou customisation des sneakers.

Depuis qu’il a repris l’entreprise, Franck Hinry n’a eu cesse d’étendre sa gamme de produits. « J’ai opéré un recentrage sur de nouveaux fournisseurs. Je veux amener de la nouveauté. Par exemple, j’ai noué un partenariat avec deux fabricants de couteaux dont Opinel. La coutellerie est un marché en pleine croissance porté par de nouveaux artisans. J’ai aussi conclu un accord avec un fabricant de machines à graver les médailles Je pense notamment à celles que portent les chiens à leur collier. Ça peut sembler amusant, mais il y a une vraie demande pour ce type de service. »

Le dirigeant travaille aussi sur un concept de kit pour sneakers. « Qui n’a pas une paire aujourd’hui ? Elles représentent 50% des ventes de chaussures. Je me suis rapproché de Tarrago, une marque espagnol. Son kit comprend des produits de nettoyage et d’entretien, des produits de réparation (semelle, bandes pour les côtes) mais aussi des produits de peinture pour customiser sa paire de sneakers et des lacets de toutes les couleurs. La remise à neuf de ses sneakers répond aux valeurs du vintage et du développement durable, en vogue aujourd’hui chez les jeunes.  Je veux qu’ils redécouvrent leur cordonnier. » Les projets ne s’arrêtent pas là puisqu’il développe aussi une gamme de charentaises – « un produit qui cartonne, nous avons été en rupture toute l’année » – et vient de boucler un catalogue avec un maroquinier de Châteaubriant (44).

 Rien ne semble arrêter Franck Hinry, persuadé que le métier de cordonnier multiservices, pour peu que la Fédération communique un peu plus, a toutes les chances de séduire les jeunes. C’est aussi pour leur donner envie d’entreprendre qu’il a accepté de témoigner sur son parcours, lors des plateaux organisés par Entreprendre dans l’Ouest, le 18 mai dernier …Lui qui a osé reprendre en temps de crise.

Découvrir Cheriaux Diffusion

Regarder le streaming de l’intervention de Franck Hinry lors de l’évènement Entreprendre dans l’Ouest

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