Société de négoce en matières recyclées ou recyclables, NeoCycle à Dinan est comme l’ensemble de la filière, impactée par la décision de la Chine de stopper ses importations de papiers/cartons et plastiques. Tout en se tournant vers d’autres pays, Olivier Lermine, son dirigeant entrevoit un retour à l’équilibre du marché dès 2019…si ce n’est avant.
Après plus de 20 ans passés dans le recyclage au sein du groupe Veolia, Olivier Lermine a fait le choix de voler de ses propres ailes. En 2012, il crée NeoCycle et devient ainsi négociant en matières recyclées, spécialisé dans la vente et l’achat de papiers/cartons et plastiques. « C’est un vieux métier qui comporte un très grand nombre d’acteurs. Je travaille peu avec les entreprises locales contrairement à ce que je pensais en venant m’installer dans ma région d’origine. Mon terrain de jeu c’est la France, l’Europe suivi des autres continents ». Bien introduit auprès de tous les réseaux d’achats et ventes internationaux, Olivier Lermine négocie des produits standards comme des produits spécifiques. « Prenez par exemple des boîtes de parfum. Elles comportent du carton, de l’aluminium et du plastique. Mon job consiste à trouver des exutoires qui peuvent consommer ces marchandises pour refaire des produits neufs.» ?
Restrictions chinoises jusqu’en 2019
Les premiers signaux d’alerte de la Chine lui sont parvenus en 2017. «Ça s’est durcit courant août et aujourd’hui il n’y a plus ou quasiment plus aucune exportation de matières recyclées. A titre d’exemple, en 2015, la Chine importait 29 millions de tonnes de papiers/cartons. Au premier trimestre 2018, nous sommes tombés à 0,9% de ce volume ».
C’est dire si le coup de frein a été brutal. « Concrètement, les Chinois annoncent des restrictions jusqu’en 2019, poursuit Olivier Lermine. Pour autant ils peuvent changer d’avis en cours de route. Il faut savoir qu’en prenant cette décision, la Chine met en danger sa propre industrie. Dans une économie où la croissance du commerce sur Internet ne cesse de progresser, et compte tenu des quantités importantes de produits fabriqués en chine et expédiés à travers le monde, comment les entreprises chinoises vont – elles emballer leurs produits pour être exportés ? Il faudra bien des emballages. Les Chinois peuvent faire le choix d’acheter aux papetiers Européens, américains ou autres des bobines de papiers pour ondulés afin de ne fabriquer que les caisses carton mais les coûts seront exorbitants car la demande est très forte et cela va durer».
Des débouchés pour les déchets de grande qualité
Pour autant, cette décision de la Chine pourrait représenter une opportunité pour les pays européens : celle de développer enfin de véritables filières de recyclage nationales. Et, mieux encore, de repenser notre production de déchets et notre consommation en général. Mais à ce stade, Olivier Lermine reste circonspect : « cela fait 25 ans que j’exerce ce métier et j’ai vu plus d’usines à fermer leurs portes qu’à en ouvrir , même si quelques investissements ont vu le jour ces dernières années. 2019, c’est demain». Et investir dans de nouvelles capacités de production prend du temps. Cette décision chinoise s’inscrit dans un contexte tendu pour certaines matières, comme les plastiques recyclés, pour lesquels la filière manque de débouchés chez les industriels. « En revanche, poursuit le dirigeant, cette décision pourrait tout de même favoriser les acteurs du secteur capables de fournir des matières recyclés de grande qualité. Rappelons que la chine a fait ce choix, sans distinction des pays de provenance, en raison des quantités importantes de déchets trouvées dans les matières premières secondaires produites par les professionnels de la récupération appelés les recycleurs. La France subit cette décision sans pour autant être coupable ».
L’Allemagne en pointe
En attendant Olivier Lermine cherche de nouveaux débouchés. « La difficulté ça rend intelligent »souligne-t-il. Pour écouler ses matières recyclés, il se tourne comme nombre de ses confères vers l’Indonésie, le Vietnam, l’Inde ou encore la Malaisie. « Certains pays proches de la Chine deviendront peut-être, un temps, les premiers fournisseurs de la Chine en sur triant les produits importés d’autres continents ». Il pratique également le cross-trading. «Par exemple, j’achète des produits en Amérique du Nord pour les revendre en Allemagne, là où se trouve le plus grand nombre de papeteries mais je peux aussi acheter en Amérique du sud pour vendre au Pakistan ».
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