Armor-lux. « En 2021, toutes nos collections seront visibles et accessibles sur le Web »

[PORTRAIT PALMARES 2020-2021] S'adapter et suivre les tendances du marché. En 2020, le groupe Armor-lux a enregistré une hausse significative de 20 % de ses ventes en ligne, et ce n’est que le début. En 2021, Jean-Guy Le Floch, fondateur et président du groupe textile finistérien investit dans le développement de la vente par Internet : nouveau site, plateforme logistique optimisée... Retour avec lui sur une année singulière, s’il en est, et sur l’agilité de ce groupe breton dont le nom rayonne à l’international.

 

Chaque année, la marque Armor-lux sort quelque 2 000 modèles, dessinés par les stylistes de la marque, validés en interne et fabriqués en grande partie dans les usines françaises du groupe. Plus de 5 millions d’articles Armor-lux sont vendus chaque année, assurant au groupe un chiffre d’affaires de 95 millions d’euros.

Propriétaire de six marques*, Armor-lux s’affiche également comme un acteur majeur dans la confection de vêtements professionnels. La Poste, GéoPost, SNCF, Leroy Merlin et d’autres travaillent avec l’entreprise pour la création et la fabrication de leurs uniformes. En 2020, le renouvellement de commandes préventives a contribué à garantir une activité générale relativement stable au sein du groupe.

« 40% de notre production est fabriquée en France, dans nos entreprises de Quimper** et de Troyes** où nous employons respectivement 380 et 30 personnes (au total, le groupe Armor-lux compte 580 salariés, NDLR). Il s’agit principalement de nos collections en mailles tricotées et de nos marques grand public. La fabrication des vêtements professionnels, commandée sur appels d’offres internationaux, est pour sa part sous-traitée à l’étranger, notamment au Maghreb. Au vu des conditions tarifaires imposées, il nous serait difficile voire impossible de les fabriquer en France », explique Jean-Guy Le Floch, fondateur et président du groupe Armor-lux, lors d’un entretien accordé à Bretagne économique en octobre dernier, pour le Palmarès des entreprises bretonnes. 

Les transitions déjà amorcées aident à surmonter la crise

Commerce équitable, label Ecocert, certifications ISO 14001, AFAQ 26000 niveau Exemplaire, e-shop… Au sein d’Armor-lux, les transitions qu’elles soient écologique, numérique ou durable, sont engagées depuis plusieurs années. Plus que des labels ou des affichages, elles reflètent selon Jean-Guy Le Floch, « les valeurs de la marque et son honnêteté ». 

#transition écologique : précurseur

« En 2005, nous avons obtenu le label Fairtrade / Max Havelaar pour le coton équitable, puis en 2008, nous avons signé avec Ecocert pour la fabrication et la distribution de produits en coton biologique. Nous avons eu raison d’y croire et de nous y employer, alors que le développement durable n’était pas une priorité partagée. Aujourd’hui, à l’heure de la crise sanitaire et économique, la résilience de la marque Armor-lux s’explique aussi et en partie grâce à ces valeurs devenues intrinsèques. »

#transition numérique : en plein essor

Depuis 2012, Armor-lux dispose d’un service e-commerce. Aujourd’hui, le site génère 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, jusqu’à devenir la première boutique en termes de ventes du réseau Armor-lux.  « Cette année, les ventes via l’e-shop ont progressé de 20%, pour atteindre un chiffre d’affaires annuel supérieur à celui d’une boutique physique. La période explique en partie cette évolution, et nous nous félicitons d’avoir été, là aussi, précurseurs dans la mise en place d’un service e-commerce et d’une équipe dédiée. Une quinzaine d’experts du Web travaille sur cette plateforme et son fonctionnement, depuis 2012. Cette antériorité et cette organisation ont permis d’être réactifs, agiles et présents pour répondre aux besoins des clients.  

Le site internet devient donc un axe essentiel de développement, dans lequel nous allons investir 1,5 million d’euros pour la refonte du site. Nous allons également accentuer l’automatisation de la plateforme logistique afin de mieux gérer le flux qui est monté en puissance ces derniers mois. Fin 2021, toutes nos collections seront visibles et accessibles sur le Web. Pour moi, la croissance continue de ce canal de vente ne perturbe en rien l’activité des boutiques et des magasins. Au contraire, elle renforce leur complémentarité et notre stratégie de conquête. »

#transition locale : soutenir l’emploi local

La crise a mis en exergue la nécessité de circuits-courts et des productions locales. Labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2010, le groupe Armor-lux investit depuis de nombreuses années dans la formation professionnelle afin de soutenir les emplois locaux, et celui d’opératrice de confection en particulier.

« L’emploi breton est sacré, les consommateurs l’ont bien compris. Pour nous, l’ancrage local de l’entreprise et de ses sites de fabrication est un postulat de base. Nous y sommes attachés depuis le début de cette aventure, en 1993. Pour autant, depuis cette date, on voit la filière textile se fragiliser en France, voire disparaitre. La cause repose essentiellement sur l’absence de formation professionnelle dédiée. Il n’y a plus d’école de couture ; elles ont été remplacées par des écoles de modélistes, mais ce n’est pas la même chose. C’est pourquoi, avec Pôle Emploi, nous avons créé en 2012 puis en 2017 des formations internes spécifiques liées à nos métiers, dans le but de recruter ensuite. Mais nous n’avons pas toujours eu les résultats attendus. Les métiers de la confection, qui sont des métiers très pointus, n’attirent plus. Jusque-là nous réussissions à préserver une forte activité en local, par croissance externe notamment. En rachetant l’usine Les Fileuses d’Arvor en 2019, nous avons également recruté une partie des salariés qui y travaillaient pour assurer le maintien des compétences. »

L’avenir de la filière

Et demain, comment (ré)assurer un avenir à la filière textile en France ? Cela passe-t-il par l’innovation ? « Pour beaucoup, la solution a été de sous-traiter, à l’étranger. Nous le faisons en partie, pour la fabrication des vêtements professionnels notamment, dont les coûts fixés par appels d’offres ne pourraient être tenus en France. L’innovation, que nous suivons et encourageons, ne fera pas tout car la filière textile repose sur un savoir-faire ancien et des métiers avant tout manuels. Pour préserver la filière voire la renforcer sur le territoire national, il devient urgent que l’Etat investisse et déploie une politique volontariste pour ouvrir de nouveaux cycles de formation. C’est possible, on l’a vu avec le premier confinement qui a mobilisé la solidarité des couturières. Il y a quelque chose à faire. » 

Voir le site Armor-lux
 

*Armor-lux, Armor-kids, Bérac Homme, Bermudes, Terre & Mer, Fileuse d’Arvor

**En 1993, Jean-Guy Le Floch et Michel Gueguen rachètent la Bonneterie d’Armor installée sur la zone de l’hippodrome, à Quimper et avec elle, la marque Armor-lux. Sur ce site originel restent aujourd’hui l’usine de tricotage (maille circulaire) et de teinture et un laboratoire d’analyses. Les inondations de l’an 2000 ont précipité le déménagement du reste de l’usine Armor-lux dans la ZI de Kerdroniou Ouest, qui réunit les ateliers de coupe, de confection, de finition, le contrôle qualité, le bureau d’études, ainsi que la plateforme logistique. Ce site, situé en bord de la voie expresse, donne accès à un magasin d’usine et à la première boutique du groupe. En 1993 également, les deux industriels bretons ont acquis la société Guy de Bérac et son usine à Troyes, spécialisée dans la maille rectiligne. 

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