Nous l’avions quitté en pleine ascension, sur une pente croissante de près de 40% d’activité, l’année de la crise Covid et des confinements. « Du jamais vu en douze ans d’activité à l’époque« , rapportait alors Ronan Salaun, fondateur de Vélozen, en 2008 à Brest. Positionnée sur la vente et la maintenance de vélos électriques haut de gamme, fabriqués en France et en Europe, Vélozen a essuyé les plâtres de la mobilité à assistance électrique avant que cela ne devienne tendance, voire un levier de transition écologique planifié et accompagné par le gouvernement.
Une année de pause et de restructuration
Après quinze ans d’exploitation, une croissance continue et plus de 15 000 vélos vendus, son entreprise devenue groupe a réalisé 8,4 millions d’euros de chiffre d’affaires, son meilleur résultat. Et puis en 2023, patatras. « L’inflation a stoppé net le marché du vélo électrique. Nous avons subi une baisse significative, de 20 à 25% du jour au lendemain », détaille Ronan Salaun, un large sourire cependant, presque rassérénant. « Paradoxalement, ce recul d’activité nous a permis de faire une pause et de poser notre stratégie », explique l’entrepreneur qui dirige 25 personnes réparties entre tous ses sites d’activité (Brest, Quimper, Lorient – Guérande étant une franchise). Organisation du travail, management, stratégie des activités, gestion de l’entreprise, revues des compétences, ressources humaines… Tout a été passé au crible de l’équipe, collectivement et posément. « C’est finalement une des années professionnelles les plus intéressantes que j’ai vécues », souligne Ronan Salaun qui a dirigé les réunions et l’application des décisions.
Plusieurs chantiers sont donc lancés. Le premier, le plus important, concerne la refonte du site internet. Plus qu’une vitrine, c’est une boutique à part entière qui génère 20% des ventes, 80% de visites avant achat dont 50% renforcent la notoriété de l’entreprise (la moitié des nouveaux clients connaissent l’entreprise grâce au site internet). Le challenge était donc de taille (50 000 euros d’investissement), et relevé avec le concours de l’agence e-commerce vannetaise Soledis. « Le nouveau site a été mis en ligne en novembre 2023 pour rapidement renouer avec un trafic grandissant. On est prêt à relancer la machine et répondre à la reprise de la consommation, amorcée depuis le début de cette année. »
En avance sur de nouveaux marchés
L’analyse confirme la tendance : depuis plusieurs mois, voire quelques années, les vélos dits cargos ont la cote, jusqu’à provoquer le réaménagement des points de vente Vélozen. « A Brest comme à Quimper*, nous avons un espace dédié, près de 400 m2 pour exposer les modèles qui se multiplient et évoluent selon les marques », constate Ronan Salaun qui enregistre 20% de son chiffre d’affaires avec la commercialisation de ses vélos allongés. Vendu à 6000 euros pièce en moyenne, l’achat de ce véhicule requiert un argument affûté et justifié. « Ce vélo est avantageux car il remplace aisément une voiture, pour un coût de revient moindre. L’entretien et l’usage d’une voiture coûtent plus de 6000 euros par an, le prix moyen d’un vélo cargo. » CQFD.
A l’usage privé des vélos cargos, se développe un intérêt professionnel. « De plus en plus d’entreprises s’en dotent pour assurer des déplacements et/ou livraisons. D’autres en font leur business, afin d’assurer les services du dernier kilomètre », constate Ronan Salaun. Le segment dessine un fort potentiel que Vélozen a d’ores et déjà devancé en s’alliant avec des fabricants de remorques et d’attelage pour équiper ces vélos-tracteurs. « Nous proposons plusieurs solutions aux professionnels, que ce soit d’ordre technique ou de service (leasing, maintenance…). Nous proposons également des vélos de fonction, voire des flottes de vélos électriques pour les entreprises avec possibilité de les marquer et floquer à l’image de l’entreprise », précise Ronan Salaun qui a déjà équipé quelques groupes bretons intéressés par ces nouvelles mobilités et les avantages fiscaux qui les encouragent.
Vers une ouverture du capital ?
« On fonctionne sur le même modèle qu’une concession automobile avec de la vente de vélos neufs, d’occasion, de la location avant achat, du prêt également quand un vélo est en réparation », explique Ronan Salaun, parti de rien pour développer son propre modèle économique. « Beaucoup pensent que Vélozen est une marque nationale alors qu’on est un pur produit breton ! », sourit son fondateur, prêt à accompagner un déploiement national de son entreprise. Mais pas tout seul ! « Après quinze ans d’expérience et d’expertise, j’ai atteint mon plafond de verre en solitaire. Pour la suite de l’aventure, j’étudie l’éventualité d’une ouverture du capital afin d’accélérer le développement de Vélozen », laisse filtrer Ronan Salaun, seul actionnaire aux destinées de cette PME qui roule !
*A Lorient, Vélozen répare son déménagement programmé cet été. L’entreprise quitterait la Perrière pour s’installer dans un entrepôt plus adapté de 700 m2, situé zone de Plénéno, en bordure de la voie verte et des pistes cyclables de la ville.
A Quimper, Vélozen roule aussi pour l’Emba
L’EMBA Business School, gérée par la CCI Finistère, dispense une formation professionnelle très courtisée : Technicien.ne Vendeur.se Cycles. Spécialiste des deux roues, le fondateur et dirigeant de Vélozen, Ronan Salaün, a effectué plusieurs interventions au sein de cette formation à finalité professionnelle. Employeur du Finistère, il embauche régulièrement des étudiants sortis de cette formation et ouvre également son magasin à Quimper aux stagiaires apprenants pour une visite orientée sur les thèmes de la gestion et du merchandising. Une collaboration qui roule donc depuis plusieurs années.
