A Huelgoat, il y a la forêt, la roche Tremblante et… la Droguerie, gérée et animée par Sonia Borgne. Souriante, avenante, commerçante, Sonia incarne ce service de proximité avec passion, abnégation… et un zeste de pression supplémentaire depuis cet été que la boutique connait une affluence plus soutenue et élargie. « Les gens viennent de Carhaix, Morlaix, Brest et même de Nantes ! », s’étonne la commerçante, pourtant à l’origine de cette situation. La raison ? Fin juin, après une campagne de mobilisation spectaculaire dirigée par Sonia sur les réseaux sociaux, la Droguerie a été élue « Meilleur commerce indépendant de Bretagne » par la plateforme nationale Petitscommerces.fr. Rien de moins ! Le diplôme trône au-dessus du comptoir-caisse.
Un commerce essentiel et vivant
« J’ai vu passer l’annonce de ce concours sur Facebook. J’ai été touchée qu’on s’intéresse ainsi aux commerces indépendants ; j’ai donc complété le dossier pour soutenir la démarche« , explique Sonia, avant de se prendre au jeu de la compétition et de mobiliser toute sa communauté à générer des « likes » sur ses publications. « On a fini par gagner », remercie-t-elle encore, en incluant ses fidèles clients dans la bataille. Au fil des années, beaucoup sont devenus ses amis. « Je connais des familles entières : les parents devenus grands-parents, et leurs enfants revenus s’installer au pays après une expérience professionnelle à Paris. Vous êtes toujours là qu’ils me disent quand ils poussent à nouveau la porte de la boutique ! » Eh oui ! Depuis plus de 25 ans, Sonia a réussi à faire de cette boutique un commerce essentiel et vivant ; elle qui ne vibre que pour faire connaitre la droguerie et servir au mieux les personnes qui y rentrent.
En épousant Marc Borgne, fils des fondateurs de la Maison Borgne créée en 1972 à Huelgoat, Sonia – qui s’apprêtait à devenir mécanicienne aéronautique – a aussi épousé le métier de commerçant, et de droguiste précisément. En 1999, le jeune couple reprend la boutique familiale qu’il développe significativement. Au sol, les différents carrelages retracent les étapes d’agrandissement de l’entreprise, comme les cercles d’un tronc d’arbre en pleine force de l’âge. « D’une surface initiale de 40m², on est passé à 130m² en intégrant l’arrière-cuisine puis la cour intérieure de la bâtisse », se rappelle Sonia. En 2013, son mari décède précocement ; elle reste seule à la barre de cet établissement renommé, devenu le socle de sa destinée.
« Je me mets à la place du client »
La Droguerie de Huelgoat est connue bien au-delà des monts d’Arrée. Les clients viennent et reviennent pour la sélection des articles, mais aussi et surtout pour la sincérité du service. « Je choisis les articles que je vends en me mettant à la place du client. Je privilégie toujours le rapport qualité/prix », insiste Sonia qui va jusqu’à reconditionner certains lots, comme les leurres de pêche, pour qu’ils correspondent au besoin des acheteurs. Au total, plus de 7000 références sont exposées dans la droguerie ; une véritable « caverne d’Ali baba » où du néophyte à l’expert bricolage, du pêcheur du dimanche au mordu de l’hameçon, du débutant des fourneaux au cordon bleu, chacun trouve l’article ou l’ustensile recherché, l’écrou vendu à l’unité ou la batterie de cuisine proposée dans son entièreté. Le tout avec un conseil avisé, la qualité assurée et une dose de générosité par-dessus le marché !
La commerçante enregistre plus de 500 passages par mois, et a réussi à renouveler sa clientèle en attirant « beaucoup de trentenaires » séduits par la durabilité de ce commerce de proximité, ainsi que par l’engagement et l’énergie de sa gérante. Mais à 54 ans, Sonia souhaite passer le relais. La commerçante adore toujours son métier et la relation tissée avec ses clients, mais pense à prioriser sa santé. « Le fonds de commerce est à vendre. Je resterai disponible pour accompagner la reprise, que je souhaite inscrire dans la continuité à la fois du service et du respect envers ma clientèle« , précise la dirigeante qui a déjà ajouté quelques idées de développement d’activité dans le dossier !
En attendant, Sonia maintient le cap et son large sourire. Ses récits et anecdotes viendront peut-être un jour nourrir Les mémoires d’une commerçante indépendante, comme la fois où elle a fait venir le chanteur Gérard Jaffrès à Huelgoat et organisé un concert avec 450 personnes dans le public pour célébrer les 50 ans de sa boutique. « ça reste parmi mes plus beaux souvenirs. »
La CCI à chaque étape de la vie du commerce
Depuis le début de sa carrière, Sonia Borgne sollicite la CCI Finistère pour guider et sécuriser son parcours d’entrepreneur. « J’ai commencé par une formation de neuf mois sur la gestion et création d’entreprise. C’était en 1995-96 à Morlaix, avant de m’installer comme commerçante. Depuis, je continue de faire appel à la CCI Finistère pour me conseiller sur des étapes clés du développement de mon activité« , témoigne la gérante. Récemment, la CCI est intervenue pour accompagner Sonia vers des économies d’énergie. « Grâce à l’audit et au dossier de financement fléché et transmis à l’Ademe, j’ai pu engager des travaux et changer tous les luminaires en Led. Le bénéfice a été immédiat : j’ai divisé par quatre ma facture d’électricité ! »
Curieuse et avide d’apprentissages nouveaux, Sonia garde un oeil intéressé sur les formations et ateliers pragmatiques que propose la CCI Finistère. « Chaque année, j’en suis plusieurs, dans divers domaines. J’ai besoin de ça pour nourrir mon besoin d’apprendre et de monter en compétences. »
