
Arthur Keller, spécialiste des risques systémiques, était présent ce jeudi 5 juin 2025 au parc des expositions de Saint-Brieuc, à l’invitation de Bretagne Compétitivité. Le moins que l’on puisse dire est que l’homme n’y est pas allé par quatre chemins : « Pour chaque crise, des experts préconisent des solutions, et l’on s’imagine que la somme de ces solutions pourrait nous sauver. Hélas le compartimentage en champs d’expertise masque la réalité de la maladie : notre civilisation est une machine qui convertit la nature en déchets. Tout le monde devrait se remettre en question. « On ne peut pas durablement prélever plus de ressources que ce que le système Terre peut produire, de même on ne peut continuer de détruire plus vite que la capacité d’autoréparation. C’est pour cela qu’on va vivre, dans les prochaines années et décennies, une grande descente énergétique et matérielle agrémentée de raréfaction et de pénuries conflictogènes. »
Le constat de l’aveuglement est cinglant. « Produire et consommer moins, ça, on ne sait pas faire », « la technologie ne nous sauvera pas », « on est face à un dépassement écologique planétaire depuis 50 ans, il faut changer alors qu’on fait des petits efforts ».
Inventer un nouveau récit et partir du local
Comment faire, alors ? « Il faudrait donc, en effet, changer en profondeur les règles de l’économie mondiale et nos modèles de sociétés, mais le système repose sur des ordres établis si solidement ancrés qu’il n’est pas possible, j’en ai peur, de le changer véritablement. », poursuit Arthur keller.
Quant au changement, Arthur Keller résume : « Après le tsunami, il faudra reconstruire autre chose. Il faut poser les fondations d’un système alternatif, même si l’on ne dispose pas de tous les moyens qu’il faudrait : à travers des expérimentations et des démonstrateurs territoriaux, il est temps de prouver et de faire savoir, via des récits inspirants, qu’il existe d’autres façons d’organiser les économies locales, de prendre les décisions collectivement, de développer des activités régénératives, de travailler sur le découplage entre qualité de vie et quantité énergétique et matérielle, … la résilience doit être solidaire et inclusive. »Arthur Keller de conclure : « À la croisée des chemins, c’est le déclic ou le déclin. »