Sécurité économique. « Ne pas connaître les dispositifs de protections existants expose les PME et TPE au risque de détournement de leurs technologies »

Créé en 2016 pour éviter le pillage industriel et technologique de la France , le Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (Sisse) est composé d’une équipe pluridisciplinaire de professionnels issus de différents ministères. Ses délégués régionaux* sensibilisent les PME et TPE au risque de détournement ou captation de leurs savoir-faire stratégiques ou de leurs technologies de pointe. Rencontre avec Jérôme Lainé, son représentant en Bretagne.

 

Jérôme Lainé, représentant en Bretagne du Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (Sisse)
Jérôme Lainé, représentant en Bretagne du Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (Sisse)

De nombreux dispositifs de sanction de portée extraterritoriale ont fleuri ces dernières années, à l’instar des lois américaines. Les Etats-Unis disposent d’un arsenal redoutable, qui leur a permis d’infliger des amendes colossales à des dizaines d’entreprises. Le retour d’une guerre froide entre la Chine et les Etats-Unis constitue aujourd’hui un risque supplémentaire pour l’Europe. « Ses intérêts commerciaux et stratégiques se trouvent convoités par les deux puissances », explique Jérôme Lainé, placé sous l’autorité de la Préfète de région Bretagne.

 

Défense des intérêts souverains

Pour se prémunir d’un tel risque, le gouvernement français s’appuie désormais sur des compétences interministérielles regroupées autour du Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (SISSE). Celui-ci anime au quotidien la politique de sécurité économique du gouvernement.  Douze grands secteurs d’activité d’importance vitale (SAIV) ont été identifiés. « Energie, Banque, Transport, Santé, Agriculture…Notre rôle est d’’assurer une veille stratégique et ainsi défendre nos intérêts souverains, poursuit Jérôme Lainé. On identifie les Groupes mais aussi les PME et TPE françaises qui entrent dans la chaîne de valeur de ces fameux SAIV car ils constituent notre patrimoine économique stratégique. La Bretagne compte des pépites dans les IAA, la construction navale, le numérique, la cybersécurité ou encore l’aéronautique qui nécessitent une surveillance ». Mené sur l’ensemble du territoire, cette veille a donné naissance à une nouvelle cartographie des grands groupes, startups et laboratoires de recherche stratégiques en vue de les protéger contre les menaces extérieures.

 

Contrôle des technologies dites « critiques »

En parallèle, le gouvernement renforce, depuis un an, le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France (IEF).  Les technologies dites « critiques » dont la cybersécurité, l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs le stockage de l’énergie ou la sécurité alimentaire font l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics. « Le gouvernement peut désormais bloquer une acquisition dès lors que la participation envisagée par un investisseur étranger porte sur un minimum de 25% du capital, contre 33% auparavant, souligne Jérôme Lainé. Tout récemment, pour les entreprises côtés, ce seuil est même passé à 10% ». Cette dernière mesure vise à protéger encore plus les grands comptes.

 

Identifier les signaux faibles

« Dans un climat d’affaires dégradé, où l’Europe risque d’être la victime collatérale des deux puissances que sont la Chine et les Etats-Unis, notre rôle est d’identifier, sur le terrain, les signaux faibles. Nous menons cette bataille avec nos partenaires en région : la Direccte, la DGA, l’Anssi ou encore les services de renseignement ». Régulièrement, des réunions des réunions d’information et de sensibilisation à destination des entreprises sont organisées auprès des entreprises bretonnes. Un prochain cycle de rencontres se tiendra en septembre 2020, en visio-conférence, avec le concours de CCI Innovation. « Pour les plus innovantes d’entre-elles, nous leur conseillons d’entrer dans le dispositif de protection potentiel scientifique et technique de la nation (PPST). Il a pour but de protéger, au sein des établissements publics et privés, les savoirs et savoir-faire stratégiques ainsi que les technologies sensibles qu’ils détiennent. Le fait de ne pas connaître ces mécanismes ou de les méconnaître les expose à des attaques mais en plus à des sanctions financières. Dans la globalisation des échanges, il est plus qu’urgent pour les dirigeants, quelle-que soit la taille de leur entreprise, de se familiariser à ces règles, afin de lutter contre toutes tentatives de captation ou de détournement ».

 

D’ores et déjà, il est possible de se familiariser à la sécurité économique au quotidien en prenant connaissance des 26 fiches pratiques proposées par le Sisse.  Elles sont téléchargeables soit dans leur totalité, soit une par une et s’adressent à tous les professionnels et entreprises qui veulent appliquer des principes simples de sécurité économique.


Prochains webinaires d’information SECNUMECO 2020

Le SISSE, l’ANSSI et CCI Innovation proposent 4 webinaires du 14 au 18 septembre 2020 :
► Session 1 – lundi 14 septembre de 14h30 à 16h00
► Session 2 – mardi 15 septembre de 10h30 à 12h00
► Session 3 – jeudi 17 septembre de 10h30 à 12h00
► Session 4 – vendredi 18 septembre de 10h30 à 12h00

Inscriptions : Innovation@bretagne.cci.fr

 

 

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