Arrivé en France au tournant des années 2010, le coworking s’est depuis installé durablement sur le marché de l’immobilier de bureau. A Rennes, le Loft fut l’un des tous premiers espaces à ouvrir ses portes en 2016. Sept ans plus tard, l’agglomération rennaise en compte une quarantaine dont la moitié, plutôt des petites structures, est réunie au sein d’un collectif d’indépendants. Après une forte reprise en 2022, Emeline Decaudin, coworking manager au sein du Loft, observe un recul du taux de remplissage depuis novembre dernier. L’heure est à la remise en question.
En 7 ans, l’offre de coworking a véritablement explosée dans la capitale bretonne avec désormais une quarantaine de structures de toutes tailles. Oui mais voilà, la crise que nous traversons et l’arrivée du flex office semblent freiner cette dynamique. « Depuis un semestre, le coworking commence à s’essouffler. Les entreprises qui prenaient en charge la location d’un bureau pour leurs salariés semblent aujourd’hui privilégier le télétravail à la maison. Les réservations de nos salles de réunion sont également en baisse. Dans un climat économique dégradé et par manque de visibilité les entreprises mais aussi les start-ups taillent dans leurs charges », témoigne Emeline Ducaudin. On s’interroge, on essaye de comprendre. »» Cette tendance, le Loft la partage avec la vingtaine de structures de coworking installées dans l’agglomération rennaise, adhérentes comme elle au collectif « Rennes Coworking ». Ce dernier regroupe des petits indépendants pour qui les notions de service et de communauté sont essentielles. Ils proposent au global près de 4 000 m² d’espaces de coworking répartis dans l’agglomération rennaise et accueillent environ 500 coworkers.
300 m² en plein centre de Rennes
« Contrairement aux grands groupes où l’offre est souvent entièrement digitalisée, nous proposons un accueil physique et de nombreuses animations. Ça créé des liens et ça favorise le réseautage, c’est incroyable ! Bien sûr notre espace est accessible 24h/24 en dehors des heures de présence. » Le Loft s’étend sur 300 m² et propose 4 bureaux fermés , 2 open-space et 7 salles de réunion d’une capacité pouvant accueillir de 15 à 70 personnes. La déco est soignée, contemporaine et ludique avec douches, salle de sieste, etc. , dans l’esprit « comme à la maison ». L’offre va de la location de bureau au mois, sans engagement (210 € TTC), à la formule illimitée pour les open space ( 150 à 350 €/mois ) ou à l’heure (5 euros). « Nous pouvons également privatiser l’espace, le soir ou les week-ends. Nous accueillons des travailleurs « freelance » issus de tous les domaines, mais aussi des salariés d’entreprise en télétravail qui fuient l’isolement. La proposition de loi de décembre 2022 sur l’instauration d’un chèque bureau à l’image du chèque restaurant a été déposé dans ce sens. Hélas , elle est en stand-by. »
Depuis 6 mois, la demande baisse
Si avant la crise du Covid, les salles de réunion constituaient 80% du chiffre d’affaires du Loft et les bureaux, 20%, depuis début 2022 , le rapport c’est complètement inversé. « Jusqu’à fin octobre, nous avions un taux de remplissage moyen d’environ 80%. Ensuite, dès novembre 2022, nous avons pu observer une baisse de la demande. Cette tendance s’est poursuivie en 2023 , avec, aujourd’hui, un taux de remplissage moyen de 60%. Les grèves et les violences en marge des manifestations contre la réforme des retraites n’ont fait qu’accentuer le phénomène. Je ne compte plus le nombre des séminaires que nous avons annuler, les entreprises ne souhaitant plus se rendre dans le centre-ville. Pourtant, selon les professionnels, le marché de l’immobilier d’entreprise à Rennes n’a jamais été aussi tendu, et souffre d’un manque important de mètre carrés .C’est pourquoi nous réfléchissons une nouvelle proposition de valeur et repensons notre modèle. », conclut Emeline Decaudin.
De fait , avec le développement accéléré du Flex office, jusqu’ici peu présent en province et notamment à Rennes, les tiers lieux et autres espaces de coworking doivent se réinventer, avec à la clé, certainement, de plus en plus de formules à la carte.
