
Clôture de 3,5 mètres pour prévenir toute intrusion, détection périmétrique, caméras fixes et mobiles en intérieur comme en extérieur, empreinte digitale, SAS unipersonnel, double authentification, gardiennage 24h/24…Le moins que l’on puisse dire est que ce bâtiment de 3 000 m² de surface, construit sur trois niveaux (R-1à R+1) par le groupe Legendre et Ceme, s’apparente à une véritable forteresse. Installé à Noyal-sur-Vilaine à une dizaine de kilomètres de Rennes, il est le premier d’une série de 15 autres data centers que le groupe immobilier français Altarea, (2 000 collaborateurs, 2,7 Mds de CA en 2024) entend construire, partout sur le territoire.
« Lorsque nous avons racheté la startup NDC en 2022, le projet de Rennes était déjà dans les tuyaux, explique Nicolas Deuzé, co-directeur général de NDC qui emploie aujourd’hui une trentaine de collaborateurs. C’est la première maille essentielle de ce réseau interconnecté que nous allons développer d’ici 2030 dans les grandes agglomérations françaises. » Deux autres data centers verront le jour en 2027. Un à Val-de-Reuil en Normandie et l’autre à Vélizy dans les Yvelines.
Un marché encore peu développé en France
« Le marché du data center qui propose de la colocation est concentré entre les mains de très grands acteurs, pour la plupart américains, poursuit Nicolas Deuzé. Contrairement à l’Allemagne ou à l’Angleterre, ce marché est encore peu développé en France. » Avec NDC, le groupe Altarea entend se positionner comme un acteur de référence. « On fait de l’hébergement sec sans aucune intervention sur les données de nos clients, sauf autorisation de leur part pour des actes mineurs (changement de disque durs, par exemple). Ils nous donnent alors accès à leurs serveurs. Nos clients viennent louer des espaces de m² et des kilowatts. Ils viennent chercher la souveraineté. Notre actionnariat est strictement composé de fonds d’origine française (Alain Taravella et le groupe Crédit Agricole). Il n’y a pas d’investisseurs étrangers qui nous exposeraient à des juridictions étrangères. Ils sont aussi à la recherche de proximité : il est beaucoup plus facile pour les PME et ETI de gérer leurs infrastructures en local. Enfin, ils privilégient la performance énergétique. Notre PUE* est de 1,2 quand il est en moyenne de 1,57 pour un data center et de 2 pour une salle informatique. »
Réponse à un besoin de proximité
En phase de rodage, NDC Rennes accueille déjà quatre entreprises mais pourra dans le futur en héberger jusqu’à une centaine selon leur typologie. « On répond à un besoin de l’écosystème local à savoir des entreprises qui ont un besoin entre quelques kW de puissance énergétique voire quelques dizaines de kW. Concrètement, on peut accueillir de l’IA mais de façon mesurée. » En effet, le bâtiment dispose d’une salle haute densité de 100 m² susceptible de recevoir une à dix baies informatiques pour des usages IA et autres puissances ce de calcul, destinés à des publics tels que le CHU, les universités de recherche, acteurs du cyber, les banques, les collectivités etc. « On vient de contractualiser avec une entreprise locale de jeux vidéo qui, jusqu’ici, hébergeait ses serveurs en région parisienne. » Les entreprises de services numériques (ESN) constituent également une cible prioritaire. « Elles recherchent un hébergement sécurisé mais aussi de proximité avec l’usager final, ne serait-ce que pour la latence informatique. Deux d’entre elles vont nous rejoindre », précise Nicolas Deuzé.
Sécurité électrique et performance énergétique
A ce jour, une équipe de six personnes dont quatre à la sécurité travaillent sur le site en partenariat avec un réseau de partenaires télécom (Ielo, Cohesio, Sipartech. « On reste ouvert à tous les opérateurs. » Avec un taux de disponibilité garanti de 99,99%, NDC offre une continuité de service indispensable à la résilience des infrastructures critiques. « Nous avons deux arrivées électriques distinctes et donc deux chemins de distribution différents. Chacun est relié à un groupe électrogène avec des batteries de préchauffage qui en en quelques seconde, en cas de black-out, assurent leur alimentation. Deux grosses cuves de fioul, chacune d’une capacité de 40 000 litres, sont enterrées sous le site pour faire fonctionner ces groupes électrogènes, explique Sylvester Wyrwiak, Ingénieur avant-vente chez NDC. » Ce data center s’inscrit aussi dans une logique d’optimisation énergétique continue. « Le refroidissement des serveurs repose sur le free-cooling, via une centrale de traitement de l’air chaud, complété par un système hydraulique en circuit fermé, sans consommation d’eau. Dans quelques années, la chaleur fatale du site sera également valorisée via un réseau de chaleur urbain développée à l’échelle de la commune. » D’ores et déjà, le site atteint un niveau de performance énergétique parmi les plus avancés du marché européen.
*PUE : Power Usage Effectiveness