Attractivité

Pour l’ABEA, l’industrie agroalimentaire est à la croisée des chemins et doit engager une nouvelle vision

Difficultés de recrutement, inflation, surcoût énergétique et tensions autour des négociations avec la grande distribution.... Le tableau tel que le brosse l'Association des entreprises agroalimentaires bretonnes (ABEA) dans sa dernière note de tendances (janvier 2023) n'est guère réjouissant. Il dépeint aussi une croisée des chemins propice à la réflexion et l'engagement d'une nouvelle vision pour l'avenir de cette filière. C'est en ce sens en tout cas que l'ABEA l'envisage et axe ses travaux.

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« Dénouer le court terme tout en portant le regard au loin. » Tout est dit dans le titre de l’édito signé d’Olivier Clanchin, président de l’Association des entreprises agroalimentaires bretonnes (ABEA) qui réunit 200 entreprises adhérentes. « Le court terme, l’urgence, le besoin de solutions ont pris beaucoup de place dans les feuilles de route 2022. Pourtant, il est urgent de prendre le temps et de coconstruire notre vision pour les 10 et 20 prochaines années afin que le Bretagne soit toujours cette terre d’excellence alimentaire. »

Côté urgences, les entreprises de l’agroalimentaire sont aux prises avec des difficultés grandissantes d’approvisionnement (+33,2% la hausse des matières premières agricoles en un an, +24% concernant les matières premières industrielles), de recrutement, la gestion de la crise énergétique, la transition écologique « ainsi que d’âpres négociations commerciales », consent le président.

En 2022, l’inflation a atteint des niveaux sans précédent depuis 40 ans « pour se stabiliser à 6,2 % sur un an en octobre et novembre, selon l’Insee« . Conséquence : les prix des denrées alimentaires ont flambé, +34% pour les légumes frais, +15% pour les œufs et le lait, +12% pour la viande et 11% pour le pain (Source Insee). Parallèlement, les négociations commerciales menées entre les entreprises productrices et les réseaux de distribution abordent difficilement les demandes de revalorisation tarifaire rendues indispensables, selon l’ABEA, pour garantir la pérennité des entreprises et de toute la filière agri-agro bretonne. « Les besoins de revalorisation tarifaires s’élèvent à 12,7% en moyenne pour 2023 contre 7% en 2022. Sans une prise en compte de ces besoins tarifaires par les distributeurs, la destruction de valeur continuera, mettant en péril un peu plus chaque jour la souveraineté alimentaire de la France », souligne l’étude publiée en ce début d’année.

Une crise énergétique critique pour beaucoup d’entreprises

Ajoutez à cela une crise énergétique sans précédent également, qui plonge de nombreuses entreprises dans un pilotage à vue : « Pour les entreprises agroalimentaires bretonnes, la part du coût de l’énergie ramenée au chiffre d’affaires en 2021 était en moyenne de 2,1%. En 2022, elle s’élève à 5,14%, soit +145%… qu’en sera-t-il en 2023 ? » questionne l’ABEA. Les répercussions de cette crise sont aussi plurielles que radicales entre la révision de l’organisation du travail (basculement de la production en heures creuses et donc passage des salariés sur du travail de nuit), à la remise en question de la pérennité de la production (dégradation tendancielle des taux de marge couplé à une baisse drastique de l’excédent brut d’exploitation). « La situation est dramatique et beaucoup d’entreprises, désemparées par l’envolée des cours, sont extrêmement inquiètes sur leur capacité à maintenir leur production dans ce contexte« , souligne la note de tendances publiée par l’ABEA.

Les orientations et solutions d’avenir

Face à ce tableau et aux enjeux vitaux à relever pour garantir l’avenir de la filière agroalimentaire en Bretagne, l’ABEA souhaite porter des réflexions stratégiques et structurelles à long terme. Pour survivre, l’industrie agroalimentaire doit être attractive, performante, résiliente. Plusieurs chantiers clés sont lancés entre l’organisation du travail pour concilier production et attentes des collaborateurs (selon le dernier baromètre RH réalisé par l’association, 45% des entreprises participantes envisagent une réorganisation de leur temps de travail entre semaine à 4 jours et développement du temp partagé, entre autres), l’évolution de la performance industrielle et l’usine du futur (qu’elle soit 4.0 ou low-tech, l’ABEA aborde toutes les thématiques), la transition écologique (gestion foncière, gestion des ressources naturelles, impact environnemental, l’autonomie énergétique, etc.)

Sur ces sujets, l’ABEA est fortement engagée voire chef de file de programmes collectifs visant l’étude et l’expérimentation de nouvelles solutions, que ce soit l’eau avec Ecod’O et l’animation du collectif « eau propre » qui porte des projets d’expérimentations très concrets de Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) dans des IAA bretonnes, ou son programme Éco-conception Trajectoire bas-carbone qui oeuvre à la démystification et l’acceptation de la décarbonation dans les process industriels.

Cette étude de l’ABEA, très complète et déclarative, présente aussi les orientations qui feront évoluer les fonctionnements des entreprises de la filière agroalimentaire bretonne dans les mois et années qui viennent. Et c’est là son grand intérêt.

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