
« L’année 2024 n’est pas bonne. » Christophe Hamel, directeur des criées de Cornouaille, ne mâche pas ses mots à l’heure de dresser le bilan d’activité des ports de pêche de Cornouaille gérés par la CCI Finistère. Enregistrant une chute de 18% des tonnages vendus en criées (23 979 tonnes contre 29 236 en 2023), soit une baisse de valeur de près de 5%, l’activité des criées continue de décliner, « avec un décrochage de près de 10 000 tonnes depuis l’année du Covid, accentué en 2023 avec la mise en place du plan de sortie de flotte post-Brexit », souligne Philippe Le Carre, directeur des pêches à la CCI Finistère.
Des causes multiples
Les explications sont plurielles, selon ces responsables avertis. « L’interdiction de pêche dans le Golfe de Gascogne, validée l’année dernière et renouvelée cette année en vertu de l’arrêté cétacés, impacte directement les volumes débarquées dans les criées : 600 tonnes de produits en moins en 2024. Le plan de sortie de flotte ou plan d’accompagnement individuel mené en 2024 a conduit, pour sa part, à la disparition de 26 bateaux dans les ports de Cornouaille (dont 22 envoyés à la casse). Cette diminution de la flotte se traduit par une chute de 1000 tonnes des volumes traités en criées. A cela s’ajoute une très mauvaise campagne de bolinches en 2024 (peu de sardines, pas d’anchois) (-4000 tonnes par rapport à l’année dernière), conjuguée à une fermeture réglementée de la pêche au poulpe dans les eaux du Finistère sud, et vous listez les principales causes d’une année compliquée qu’on vient de passer« , cible Christophe Hamel, directeur des criées de Cornouaille.
Point positif au tableau : les 6 criées de Cornouaille gardent la première place portuaire de France, « avec 34 039 tonnes de produits débarquées au total (criées + hors criées) et 126 millions d’euros de transactions », rapporte Christophe Hamel. « Avec une moyenne de 500 bateaux reçus chaque jour, la Cornouaille reste une place de marché attractive pour le débarquement et la vente des produits de la mer », complète Philippe Le Carre.
Changement de modèle, prédominance de la pêche côtière
Avec 58% de la marchandise débarquée qui proviennent désormais de la pêche côtière, le modèle économique de la filière pêche accentue sa mutation. « En tant que gestionnaire des criées, nous nous adaptons à l’évolution du marché en proposant 35 ventes par semaine, réparties matin et soir dans les criées« , détaille Christophe Hamel qui relève une hausse du nombre d’acheteurs en 2024.
Côté investissement, la CCI Finistère poursuit ses chantiers de modernisation. « Depuis 2018, nous avons réalisé 37 millions d’euros de travaux au sein des différents ports de Cornouaille, afin de moderniser les installations et les conditions de travail », rappelle Jean-François Garrec, président de la délégation CCI Finistère de Quimper. Grâce à ces travaux, la criée du Guilvinec a été entièrement automatisée, devenant la première criée de France autant robotisée. « Nous continuons d’investir pour le futur avec un prochain chantier mené sur le port de Douarnenez où nous allons installer une nouvelle tour à glaces », poursuit l’élu CCI. Coût estimé des travaux : 1,5 million d’euros.
« Il est temps de réagir ! »
A la fin de l’année, la concession d’exploitation des ports de pêche de Cornouaille touchera à son terme. La CCI Finistère annonce céder la gestion de ces équipements à une société d’économie mixte dirigée par le Département du Finistère. « Les négociations sont en cours », indique Jean-François Garrec qui prévient. « Une réflexion de fond est à mener sur le devenir des ports et de la filière de pêche en Finistère. Je crois qu’il est temps de réagir ! »