Sur le solide catamaran Iliens qui transporte l’équipe de Papa Pique et Maman Coud du port de la Trinité-sur-mer vers celui de Quiberon, Nam Pham replonge dans les prémices de cette entreprise, créée au début des années 90′ dans son appartement. La jeune femme, étudiante alors en architecture, occupe ses intercours à concevoir, découper, coudre et assembler des chouchous, des barrettes et autres bandeaux pour les cheveux. Les tissus colorés qu’elle a sélectionnés s’accumulent dans son atelier improvisé. « Le matin, j’achète le tissu, l’après-midi, je colle les pièces et je vends tout mon stock au fur et à mesure », raconte Nam qui propose ses créations sur les marchés de Vendée pour commencer, puis sur ceux de la côte bretonne. « A la naissance de notre premier enfant, nous nous sommes installés sur la côte bretonne ou nous avons continué à vendre sur les marchés. » Les clients sont piqués, adorent ces accessoires colorés et réclament de nouvelles collections. Toute la famille met du cœur à l’ouvrage : Pascal pique, Nam coud et Yvan (le beau-frère) assure les marchés…
La petite entreprise s’organise pour finalement déposer ses statuts juridiques en 1993, et ouvrir un premier magasin saisonnier à Quiberon.
Ce 13 avril 2023, heureuse et radieuse, parée d’un foulard lumineux et d’un sac Bleu Passion assorti, Nam Pham y revient pour célébrer l’ouverture de la 30e boutique en nom propre.
Entre ces deux événements, trente ans se sont écoulés et du fil a passé dans les aiguilles !
La recette : « une gestion prudente et maîtrisée »
Aujourd’hui, Papa Pique et Maman Coud, c’est un million d’articles vendus chaque année, 150 000 mètres de tissu écoulés en vente directe, 58 collaborateurs répartis entre le siège de l’entreprise à Saint-Philibert (56), son entrepôt logistique à Ploeren, près de Vannes, et la gestion des 23 boutiques en succursales qui maillent le territoire national. Avec une progression constante de l’activité depuis ses débuts, la marque morbihannaise a réalisé 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, et prévoit 7,5 millions en 2023. Le secret de cette croissance continue, qui a su garder le cap contre vents et marées, malgré les crises et l’inflation : « une gestion prudente et maîtrisée », assure sa fondatrice, dirigeante et seule actionnaire. « Ma stratégie est basée sur l’ouverture d’une boutique par an, afin de garantir un développement serein et la préservation de nos valeurs qui reposent sur la créativité, la qualité et l’accessibilité de nos produits », rappelle Nam Pham. Dans les rayons de la nouvelle boutique de Quiberon, qui regorge d’accessoires de coiffure, de foulards et autres chapeaux, de sacs qu’ils soient à main, à dos, d’ordinateur, de plage, en banane, Vanity et autre lunch bag, aucun prix ne dépasse la barre des 40 euros. Question de principe.
Seule la survenue du Covid a ralenti ce plan d’expansion et poussé la dirigeante à recentrer sa présence sur le web, avec la refonte complète du site e-commerce, et sur les villes côtières, là où la clientèle est plus encline à dépenser. Coté production, Papa Pique et Maman Coud assure la conception des modèles et de certains tissus (75% des graphismes sont créés en marque propre). Les ateliers, eux, se situent en Bulgarie et en Tunisie pour le filage des tissus, au Vietnam pour la fabrication des accessoires cheveux et aux Philippines pour la création des barrettes en mousse. « C’est un savoir-faire autochtone. Je n’ai trouvé nulle part ailleurs une telle qualité et cette créativité », souligne Nam Pham.
Quand la qualité rime avec écodurabilité
A l’avenir, Nam Pham envisage le développement de la marque en Europe, sous forme de concessions (l’entreprise en possède déjà 7), en nouant des partenariats avec des commerçants locaux. Une première expérience a porté ses fruits à Barcelone. Entourée d’une équipe innovante et créative, la fondatrice ne tarit pas d’idées ni de projets. La marque envisage ainsi le déploiement du recyclage de ses articles, que les clients pourront rapporter en boutique (on peut toujours voir portés des accessoires des premières collections !). « Certains seront revendus en seconde main, d’autres upcyclés et transformés en de nouveaux produits », présente Nam Pham. Autre nouveauté : un bar à chouchous, le produit phare de PPMC (200 000 chouchous vendus par an), sillonnera bientôt les bords de plage, de marchés et ou des événements ciblés. Les boutiques pourront également être privatisées pour la tenue d’ateliers couture, créatifs et récréatifs autour de l’aiguille et du fil.