Charles Fouquet et Benjamin Devos sont parmi les tous premiers à se lancer sur le marché des produits marins 100% vegan, à base d’algues, de plantes et de céréales. En mai 2021, ils ont créé à Rennes, Onami Foods, avec la volonté de changer nos modes de consommation pour un meilleur écosystème alimentaire. Après une année de R&D, ils ont démarré, en mai 2022, la commercialisation en grande distribution et auprès de chaînes de restaurants d'une première gamme de produits. L’accueil est excellent. Le binôme vise 1 500 points de vente et un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros fin 2023. Une levée de fonds est en cours de préparation. « Notre but ultime est la construction d’une usine de production en Bretagne, d’ici fin 2024 », s’enthousiasme Benjamin Devos, cofondateur et CEO.
Charles Fouquet et Benjamin Devos ont vécu en Bretagne avant de partir se former, il y a une vingtaine d’années à l’école hôtelière de Lausanne. « C’est là que nous nous sommes rencontrés », précise Benjamin. Ensuite, chacun a mené sa barque . Le premier a bourlingué à travers le monde et gravit un à un les échelons dans l’hôtellerie pour finir Directeur F&B auprès d’un grand groupe à Singapour. En quête d’un meilleur équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie familiale, il crée, sur place un business de fromagerie puis un bistrot avant d’intégrer une entreprise d’import-export de denrées alimentaires à destination du secteur CHR. Le chiffre d’affaires passe de 10 à 50 millions d’euros.
Mi 2019, le Covid débarque en Asie et entraine avec lui la fermeture des restaurants. L’entrepreneur quitte Singapour et rentre en Bretagne où il coopère pendant un an à un projet de plateforme digitale au sein du groupe Le Duff. C’est à cette période qu’il prend contact avec son ami Benjamin. « Il réfléchissait à un projet innovant autour de produits 100 % végan à base d’algues. Il m’a demandé si je voulais m’associer. J’ai foncé » explique-t-il. Après l’école hôtelière de Lausanne, ce dernier est parti en Chine ou il a monté avec succès une chaîne de boulangeries. « En 2019, lorsque j’ai cédé l’essentiel de mes parts en raison du Covid, mon réseau comptait 26 boutiques. Je suis rentré dans la foulée en Bretagne. »
Rencontre déterminante avec Hervé Balusson
Début 2021, le binôme commence à peaufiner son projet : comment faire du « sans poisson » gourmand » et aux allégations nutritionnelles alléchantes ? « L’idée n’est surtout pas de supprimer la consommation de poissons et de crustacé dont on raffole mais de proposer une alternative pour éviter la raréfaction de la ressource et préserver la biodiversité. » Une première étude marché fait état de 3 600 sociétés proposant des « steaks sans viande » mais seulement 17 de produits alternatifs aux poissons. « Il faut savoir qu’en 2021, la plus-part d’entre elles étaient au stade de R&D et majoritairement installées aux Etats-Unis ou au Pays- Bas.» Avec le concours d’un pionnier de la transformation d’algues bretonnes, Hervé Balusson (Olmix), ils décident de se lancer dans l’alimentation marine en trouvant de nouvelles sources de protéines végétales pour remplacer les espèces marines animales.
Des produits « Clean Label »
L’innovation consiste à miser sur le riz et le pois chiche, plutôt que sur le blé ou le soja. Des ingrédients bien moins controversés et au bilan carbone moins lourd. S’y ajoutent des produits iodés, les algues bretonnes. Onami Foods voit le jour en mai 2021 à Rennes. Le duo est rejoint par Amélie Catelot, biologiste en charge de l’innovation et du développement des produits. Une première gamme de recettes sous forme de bâtonnets, filets, burgers et nuggets est mise au point. « Des raviolis et des crevettes sont en cours d’élaboration. Faute de trouver une usine végane en France , la production est réalisée aujourd’hui aux Pays-Bas. Nous sommes les seuls à respecter le « Clean label ». Grâce à l’algue, on a trouvé une solution pour n’utiliser aucun ingrédient superflu, ni adjuvant chimique, soja ou huile de palme. Nous avons déposé un brevet. »
3 M€ de chiffre d’affaires d’ici fin 2023
Après six mois de commercialisation, U-Express, Franprix et Carrefour distribuent les produits Onami. « Le lancement se fait d’abord sur Paris pour apprendre à maitriser les flux logistiques. » Un accord vient par ailleurs d’être signé avec Intermarché. D’ici la fin de l’année l’entreprise vise un objectif de 1 500 points de vente. « Nous avons participé à énormément de salons et organiser de nombreuses opérations de dégustation. C’est essentiel : à partir du moment où les gens goûtent nos produits, ils sont convaincus. C’est particulièrement vrai chez les moins de 35 ans. On commence à faire un peu de chiffre d’affaires et on vise 3 millions d’euros en fin d’année 2023.» Pour tenir ses objectifs, le binôme table sur 1 million d’euros d’investissement par an. Onami Foods travaille aussi avec des groupes de restauration comme Pokawa, la Criée ou Hank Burger .
Une usine de production en Bretagne d’ici fin 2024
Si l’entreprise est basée à Rennes , le duo est aujourd’hui hébergé à Paris, au sein du Smart Food Paris , une plateforme d’innovation dédiée à l’alimentation : « les conditions sont idéales et surtout tous nos acheteurs sont basés à Paris. » Constituée d’une douzaine de personnes, l’équipe devrait sensiblement grossir dans les mois à venir . « Nous recrutons une vingtaine de personnes, des commerciaux en majorité et une responsable RH. Nous préparons également une levée de fonds avec un conglomérat de 4 fonds d‘investissement. Notre but ultime est de construire, d’ici fin 2024, une usine de production en Bretagne », conclut Benjamin Davos Co-fondateur et CEO d’ Onami Foods.
