Attractivité

Morbihan. L’Usine Invisible est lancée pour fabriquer 70 000 masques agréés d’ici le 11 mai

Et si la pénurie de masques conduisait à inventer un nouvel outil de production ? C'est le pari que sont en train de relever trois couturières professionnelles et une coordinatrice événementielle, basées à Brest et à Auray. Mobilisées depuis le début de la crise sur la confection de masques de protection en tissu, elles ont poussé la production un cran plus haut en créant l'Usine Invisible, une innovation de territoire, solidaire et responsable, dédiée à la fabrication urgente et organisée de milliers de masques barrières homologués.

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Partant du constat que le pays manque de masques pour faire face aux besoins accélérés par l’annonce du déconfinement ; partant du fait qu’elles sont couturières professionnelles, engagées depuis plusieurs semaines aux côtés de couturières amateures pour confectionner bénévolement des masques en tissu, Meriem Hammi, Gwenn Suanez, Delphine Barré et Anne Morice ont créé l’Usine Invisible. Objectif : produire 70 000 masques barrières agréés au plus tôt pour les collectivités locales du Morbihan.

Inspirée du modèle de l’Economie sociale et solidaire, l’Usine Invisible est un réseau, organisé et sécurisé, de couturières professionnelles et amateures d’un même territoire. A ce jour, 1 300 se sont portées volontaires pour rejoindre l’Usine Invisible. L’outil ainsi maillé présente une capacité de production exponentielle de masques barrières en tissu. « Ce type de masque est recommandée par l’Académie de Médecine pour son rôle dans la limitation de la contamination de l’environnement. Pour qu’ils soient efficaces, leur réalisation doit répondre à des critères précis définis par l’Afnor. Ils doivent être confectionnés selon des modèles éprouvés, avec des matériaux adaptés« , ont étudié les porteuses du projet.

Une filière cousue main

Celui-ci est maîtrisé de A à Z par le quatuor : le patron, ergonomique et confortable, a été élaboré par Gwenn Suanez, couturière modéliste à Brest, et agréé depuis. Acheté dans l’Est de la France, le tissu est classé en catégorie 1 selon les normes d’efficacité de filtration bactérienne appliquées par la Direction générale de l’Armement. Il est découpé au laser à l’école d’ingénieurs l’Icam à Vannes. De là, partent les kits de fabrication contenant 3 couches de tissu, le sergé pour les liens ainsi que des fiches d’auto-contrôle. Les couturières, qui ont signé une charte d’engagement, fabriquent les masques selon un cahier des charges simple et facile, en suivant un tuto vidéo qu’elles ont reçu. Au retour, leurs réalisations sont contrôlées, une deuxième fois, pour vérifier la qualité des masques produits.

Intéressés par cette capacité locale, efficace et rapide de production, les collectivités du Morbihan ont répondu favorablement à l’appel de l’Usine Invisible. La plupart ont déjà passé commandes pour équiper leurs agents, en vue du déconfinement. Président de l’association des maires du Morbihan, Yves Bleunven, maire de Grand-Champ, a su fédérer ses homologues autour de ce projet. « On sait que l’on a les forces vives sur ce territoire, en capacité de produire… et on s’est dit : plutôt que d’acheter des masques en Chine, on pouvait aussi rémunérer nos couturières pour structurer une filière locale. »

Le Préfet du Morbihan, Patrice Faure, appuie également cette organisation territoriale, en facilitant les démarches administratives de l’Usine Invisible.

Une rémunération à l’unité fabriquée

Pour la gestion financière et administrative, l’Usine Invisible s’adosse sur une Coopérative régionale (loi 1947), selon les conseils d’Hervé Gouil, expert en modèle coopératif. Les couturières de l’Usine Invisible seront ainsi indemnisées à hauteur de 2,80€ le masque. « On préfère que les couturières perçoivent un salaire pour leur travail plutôt qu’une aide. C’est une question de dignité et de logique d’économie circulaire, puisque cet argent pourra être réinvesti localement, ou bien versé à une association pour les couturières qui souhaiteraient rester bénévoles« , souligne Meriem Hammi, couturière professionnelle à Auray.

La logistique liée à la distribution des masques finis est, quant à elle, déléguée aux collectivités locales clientes. « L’Usine Invisible est un outil porté à la disposition d’un territoire« , soulignent les initiatrices.

Jusqu’à 50 masques par jour

Cette semaine, l’Usine Invisible entre dans sa phase opérationnelle. Les quelque 200 couturières professionnelles sont à leur machine pour lancer la production. Quand ce vaisseau amiral aura trouvé son rythme de croisière, chacune d’entre elles sera en capacité de fabriquer une moyenne de 50 masques par jour.
D’ici une semaine, elles seront rejointes par l’équipage des couturières amateures dont le nombre a été bloqué à un millier, pour l’instant. « Le défi actuellement est de trouver les bons rouages administratifs pour les intégrer à l’outil« , explique Meriem Hammi. « Nous sommes en train d’inventer notre modèle », enchérit Yves Bleunven.

Contacts : lusineinvisible@gmail.com  / Facebook / Instagram

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