Transitions

Meubles Philippine (35). « Nos clients ne nous attendent pas sur le digital, la réouverture des commerces le 28 novembre est indispensable »

Comme beaucoup de commerçants, Marie-Anne Simon ne décolère pas. Elle juge incompréhensible la fermeture des commerces dits « non essentiels » par le gouvernement, le 30 octobre dernier. Selon elle, on a confondu magasin et commerce. Dans ce dernier, c’est le lien de confiance qui s'est établi au fil du temps entre le commerçant et le client qui déclenche l’achat. « Le click & collect » est un autre métier. La réouverture des commerces, le 28 novembre est un impératif économique. Il y va de la survie de milliers de commerçants.

Marie-Anne Simon, cogérante des Meubles Philippine à Chantepie, près de Rennes
Marie-Anne Simon, cogérante des Meubles Philippine à Chantepie, près de Rennes

 « Je suis dans la colère » raconte Marie-Anne Simon co-gérante depuis 1983 avec son mari des Meubles Philippine. Installés à Chantepie près de Rennes, sur une surface de 1 500 m², ils emploient 7 salariés. « En mars, nous avons écouté les scientifiques. Surtout, nous avons vu venir les difficultés du monde hospitalier et nous avons accepté ce premier confinement », explique la commerçante. Lors de la réouverture en juin, le couple a respecté scrupuleusement le protocole sanitaire et la distanciation sociale. « Masques, solutions hydroalcooliques, virucides, réorganisation des bureaux… On a fait tout le chemin pour être en règle et éviter toute propagation du virus ».

 

« On ne vend pas des kits »

Ce premier confinement a aussi été l’occasion d’accélérer dans le digital en tentant de transposer le savoir-faire sur le site Internet. Un module de devis en ligne a notamment été mis en place. « Mais nos clients ne nous attendent pas sur ce créneau-là. On confond magasin et commerce. Dans le premier, on achète selon une liste de courses préétablie, des consommables pour l’essentiel. Le conseil n’a pas sa place. C’est d’ailleurs pourquoi, le consommateur peut acheter en ligne. Mon métier est de commercer, à savoir écouter pour comprendre le besoin du client et ensuite le guider dans son achat. En matière de meuble, il faut qu’il soit en harmonie avec son intérieur. C’est toute cette valeur ajoutée qui fait la différence. Prenez un canapé, 2/3 des ventes en période hivernale : je peux éventuellement faire la découverte par téléphone, mais pensez-vous sérieusement acheter une telle pièce sans l’essayer. Nous ne vendons pas des kits. Nous construisons une relation de confiance sur la durée, avec chaque client, car tout est personnalisable (formes,couleur, moelleux …). C’est aussi pourquoi nos produits sont vendus à la contremarque ».

 

Une annonce brutale

La perte de chiffre d’affaires enregistrée entre mars et mai 2020 a été, en grande partie compensée, les trois mois suivants. « Je dois le reconnaître, nous avons très bien travaillé cet été.» Mais à quel prix ?  Le stress et la fatigue accumulés pendant le premier semestre, ainsi que la peur de tout perdre n’ont pas disparu en quelques semaines. Aussi, quand l’annonce d’une seconde fermeture des commerces dits « non essentiels » par le gouvernement est tombée, l’incompréhension a été totale. « Cette décision a été d’une brutalité extrême. Est-ce que ceux qui nous gouvernent ont conscience que derrière notre activité, il y a toute une chaine de fournisseurs ? Heureusement que nous avons pu continuer à livrer les commandes passées. Lors de la sortie du premier confinement, par exemple, les fournisseurs de mousse n’avaient pas du tout anticipé l’afflux des clients. Résultat, la matière première venant à manquer, certains en ont profité pour augmenter leurs prix. Aujourd’hui, nous sommes obligés de les rassurer pour ne pas avoir à subir, en plus, une rupture de stocks au moment de la réouverture », poursuit la commerçante.

 

Une digitalisation difficile

Ce que souligne également Marie-Anne Simon est qu’aucune étude scientifique n’est venue prouver que les petits commerces étaient un facteur d’accélération du virus. « On pourrait même penser le contraire, dans la mesure ou le contrôle des gestes barrières est beaucoup plus strict chez nous que dans les grandes surfaces ». Pendant ce second confinement, elle a mis ses salariés au chômage partiel, mais à mi-temps. « J’ai tiré les leçons du 1er confinement. Après deux mois d’arrêt, personne ne se remet du jour au lendemain dans le rythme du travail. Ensemble, nous avons pris le temps de réfléchir à la digitalisation de notre activité. Nous nous sommes formés via des webinaires organisés par la CCI. De nouveaux partenariats avec des prescripteurs, des décorateurs d’intérieur ont été mis en place, de même que le drive et la livraison à domicile. Croyez-moi, nous ne sommes pas restés sans rien faire ! Mais nous sommes dans l’équipement de la maison. Notre activité n’est tout simplement pas digitalisable ! »

Marie-Anne Simon et son mari comptent bien rouvrir le dernier week-end de novembre. Les dernières annonces gouvernementales ont tendance à confirmer ce scénario. « Novembre est un mois fondamental, car nos clients veulent être livrés pour Noël. L’automne représente la moitié de notre chiffre d’affaires. Depuis des années, c’est toutes nos tripes que nous avons mises dans cette affaire. L’argent n’est pas notre motivation. Nous ne voulons pas d’aides, nous voulons travailler. Une réouverture le 28 novembre est indispensable pour notre survie ! », conclut-elle.

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