Partout sur le territoire, des professionnels, associations et/ou particuliers prennent l'initiative de réaliser des objets en impression 3D pour pallier le manque de matériel médical. Une solution parmi d'autres. En Bretagne, le pôle EMC2 a lancé une enquête pour recenser le matériel éventuellement disponible si une production de masse s'avérait indispensable. Imprimeur professionnel à Ploemeur (56), Laurent Buisson y a répondu.

Des visières, des masques, des pièces de matériel médical et autres ustensiles pouvant servir aux soignants, notamment, font chauffer les imprimantes. Pour pallier le manque de matériel médical, des professionnels et/ou particuliers se sont lancés dans la fabrication d’objets et de pièces en impression 3D.
C’est le cas de Laurent Buisson, qui compte parmi les pionniers dans l’impression 3D à titre professionnel en Morbihan. Menuiser-ébéniste de formation et de métier, il a troqué la veine du bois pour la fibre plastique et ouvert, en 2014, son entreprise Breizh 3D 56, pour concevoir, modéliser et réaliser du mobilier sur-mesure. Depuis son atelier, Laurent travaille pour des particuliers mais également pour des chaines nationales spécialisées dans l’aménagement intérieur et le bricolage.
Apporter ses services pour pallier les pénuries
Avec la crise et le confinement imposé, l’activité de Laurent a considérablement diminué. Du coup, l’entrepreneur s’est lancé dans la modélisation et la réalisation de pièces spécifiques dédiées au milieu médical : une pince pour masque, un crochet pour permettre l’ouverture des portes sans toucher la poignée ou encore des pièces de raccord pour les appareils respiratoires. » Il ne s’agit pas de remplacer les fabricants habituels, juste d’apporter une alternative, rapide, locale et efficace, au manque de matériel pour les hôpitaux et pour le personnel soignant en leur créant des éléments de confort (comme ces pinces à maque, en photo ci-contre). L’impression 3D est une solution alternative à court terme« , explique Laurent qui évoque également la possibilité de travailler au service d’autres secteurs professionnels, « pour fabriquer des pièces manquantes ou cassées ». L’artisan veut se rendre utile en apportant ses compétences et savoir-faire aux entreprises locales et en fonction. « Je veux répondre à l’urgence et adapter mon activité aux besoins actuels et pressants. C’est aussi pour moi la possibilité de pérénniser mon entreprise« , souligne l’indépendant qui propose des pièces à prix coutant pendant toute la période de confinement, en offrant son temps et l’amortissement de ses machines.
Pour l’instant, Laurent n’a trouvé que peu de débouchés et/ou partenaires. « On m’oppose des certifications et des normes auxquelles je pourrais ne pas répondre. Mais peut-on accepter que, pendant ce temps, des personnes décèdent par manque de matériel ?« , se désole le professionnel face à cette impasse administrative.
À Saint-Renan (29), le Fab Lab produit des pièces pour les visières de protection
L’association du Fab Lab Iroise basée à Saint-Renan a répondu à l’appel sur les réseaux sociaux de l’école d’ingénieurs brestoise ENSTA Bretagne, pour la fabrication urgente de pièces d’assemblage pour des visières de protection à destination du personnel soignant du CHU de Brest.
Spécialisé dans la modélisation et la conception d’objets à partir d’ordinateurs, le Fab Lab a mobilisé toutes les imprimantes 3D des adhérents de l’association pour la fabrication de plus de 60 pièces qui seront livrées à l’ENSTA Bretagne pour l’assemblage final.
Le pôle EMC2 se mobilise et recense le matériel 3D
L’enquête du Pôle EMC2, qui vise à recenser les équipements d’impression 3D pourrait apporter une réponse et débloquer la situation. Basé à Nantes avec des antennes sur tout le grand Ouest (dont une à Rennes), le réseau EMC2 a été mandaté par les services de l’Etat (les ministères de l’économie, du travail et de l’enseignement supérieur) pour élaborer une base de données qualifiées qui recense les moyens machines et humains ayant trait à l’impression 3D. « Notre objectif est d’identifier les moyens et les acteurs qui pourraient être mobilisés pour pouvoir démultiplier la production en cas de commandes qualifiées« , explique Laurent Aubertin, directeur des opérations de EMC2, pôle de compétitivité européen des technologies de fabrication.
Un questionnaire en ligne
Dans un premier temps, ce rencensement vise à structurer les choses. Suivront « des modalités à définir et des cahiers des charges à valider pour répondre précisément aux besoins« , souligne le directeur. Lancée le 17 mars sur le site de EMC2, cette enquête recueillait quelque 150 réponses 10 jours après sa publication. Elle reste ouverte et les personnes intéressées y répondent, sans engagement, sur simple questionnaire.
Laurent Buisson y a répondu pour pouvoir, peut-être et enfin, contribuer « à l’effort de guerre » (pour reprendre la sémantique du gouvernement).
Répondre au questionnaire de recencement du matériel d’impression 3D lancé par EMC2
En savoir plus sur le pôle EMC2
Voir l’activité de l’entreprise Breizh 3D 56