Dans un contexte politique économique et international difficile, les membres de la Conférence des chambres économiques de Bretagne (Coceb) parle d’une seule voix. « Nous représentons 290 000 entreprises et 1,7 million d’emplois, ça pèse », souligne Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne. L’inquiétude gagne du terrain dans les entreprises et les carnets de commandes se dégarnissent, incitant les entreprises à suspendre les investissements. Alors que les défaillances d’entreprises s’accélèrent, il faut agir pour soutenir cette croissance sans laquelle nous ne pourrons faire face aux enjeux financiers liés à la transition climatique ou aux évolutions technologiques (IA …) » Pour André Sergent, le président de la chambre d’agriculture de Bretagne, il est nécessaire de redonner de la compétitivité aux entreprises en arrêtant d’alourdir la fiscalité et en simplifiant les procédures administratives : « Si Lactalis annonce une baisse de la collecte en France, c’est parce qu’on ne lui a pas donné les moyens d’être compétitif sur le marché international. Alors, non, on ne peut pas dire : « On taxe les entreprises et tout ira bien ». Autre exemple avec les volailles : « Alors que les Français consomment de plus en plus de poulets, la production nationale diminue et les importations ne cessent de grimper. Il est urgent d’alléger les normes et d’adopter une cohérence à l’échelle européenne. »
Soutien à l’apprentissage
L’apprentissage, l’appui aux entreprises et l’attractivité des métiers sont aussi au cœur des priorités des trois chambres économiques. « Nos 7 000 apprentis sont les futurs repreneurs de nos entreprises, indique Michel Aoustin, président de la chambre régionale de Métiers et de l’artisanat. Alors que nombreux postes ne sont pas pourvus, l’apprentissage reste la meilleure voie d’inclusion et d’accès à l’emploi. L’aide 6 000 euros à l’embauche d’un jeune doit être maintenue. » Même préoccupation chez le président de la chambre de commerce et d’industrie : « Les coûts par contrat ont été revus à la baisse par le gouvernement et certaines formations sont déjà déficitaires. Pourtant ce système de formation en alternance a fait ses preuves en permettant à des jeunes de se former très concrètement à un métier et de s’intégrer plus facilement dans le monde du travail. Les CCI sont le 2e formateur après l’éducation nationale. » Dans l’artisanat comme dans l’industrie, l’apprentissage ne peut pas être une variable d’ajustement, alors des chiffres sur des économies potentiels dans ce secteur circulent à hauteur de 421 millions d’euros.
Foncier et souveraineté économique
Sur la question du foncier les trois présidents reconnaissent que c’est un travail sur le long terme et qui doit embarquer tous les acteurs. « Il nous faut reconvertir les bâtiments en friche, y réaffecter des activités productives et logistiques si les sites sont bien desservis. Il faut également sanctuariser le foncier économique, identifier d’autres gisements de foncier et travailler main dans la main avec les SCoT … », poursuit Jean-Pierre Rivery. Pour sa part, le président de la chambre régionale d’agriculture salut la zéro artificialisation nette des sols toute en reconnaissant : « on voit le besoin de travailler tous ensemble. On doit aussi nous écouter et nous donner les moyens de s’engager dans les transitions énergétiques et climatiques pour faire face au fort niveau d’investissement qu’exigent ces transitions. » Des moyens indispensables pour atteindre la neutralité carbone en 2050, alors que la relocalisation, la réimplantation d’entreprises de production doit permettre à la Bretagne de retrouver une certaine souveraineté économique.