Le Saloir du Daoulas innove sur le cochon
Bretagne économique, le 11.06.2009
Lorsque Philippe le Bourhis reprend le Saloir du Daoulas en 1999, l’ancienne fabrique de charcuterie est lancée depuis peu dans le Home Meal Replacement (HMR). Depuis, la PME base son développement sur ce concept et tente d’imposer ses innovations. Pot de terre contre pot de fer… Le Saloir a fort à faire face aux grandes marques.
Petit mais costaud…
« Dans la charcuterie, il y a peu d’innovation, constate Philippe le Bourhis. On innove sur les recettes, sur de nouvelles parties du porc... Il y a 3 ans par exemple, pour compenser la faible rentabilité des Points chauds de nos clients, nous avons développé des produits en barquette, du « frais emballé », à consommer chaud ou froid ». Pour autant, aujourd’hui, sa volonté de développement se trouve confrontée à deux obstacles difficiles à franchir : obtenir un référencement national auprès des enseignes faisant défaut et mettre en place un concept innovant, après 4 ans de mise au point. Difficile, pour une PME, de trouver un écho face aux grands noms de l’agroalimentaire. « Pour garder nos parts de marché, nous avons le logo « Produit en Bretagne » qui agit surtout localement. Aujourd’hui, il est évident que notre force réside dans notre réactivité et notre créativité. Contrairement aux grands groupes, je peux répondre en quelques jours à une demande de modification de produit. Je peux également prendre le risque de créer un nouveau produit, sans la nécessité de parts de marché importantes ». Autant de forces liées à la taille, qui n’est pas non plus sans points faibles. Hormis quelques commerciaux qui travaillent par magasin, l’accès aux acheteurs nationaux reste extrêmement difficile. Pour peu que ce soit possible, le travail de crédibilité est titanesque. Le plus souvent, s’ensuivent des démarches d’audit imposées par le client qui complexifient encore le parcours. « Pourtant, dans la salaison, ce sont les PME qui sont créatives et sortent les nouveaux produits, relève Philippe le Bourhis. Mais ce ne sont pas toujours elles qui récoltent les fruits de cette créativité : nos concepts, difficiles à protéger, sont repris par les grandes marques qui disposent de tout l’arsenal marketing et commercial ». Pour autant, il persiste avec assurance. Son produit envisagé sous MDD (marque du distributeur) a de l’avenir. « Si je n’ai pas encore de contrat, j’ai des avis favorables. Par les temps qui courent, les clients sont frileux pour mettre en place des nouveaux produits, alors que la consommation baisse. Notre développement passe par de nouveaux clients, régionaux et nationaux. Il s’agit d’être encore plus agressif ! »
Véronique Rolland
N° 193 mai 2009