L’innovation désirable, telle était la thématique de cette 4 e édition d’Imagin Summit organisée à Rennes, ce 5 décembre. « Une journée pour questionner nos modèles alors que dans l’univers des startups, les fonds d’investissement travaillent sur des projections qui intègrent des facteurs financiers et extra-financiers, selon des critères variables », explique Daniel Gerges , Directeur général du Poool et de la French-Tech Rennes Saint-Malo, dont les équipes sont les chevilles ouvrières de cet évènement. Le territoire compte aujourd’hui plus de 550 startups et scaleups. Parmi elles, une soixantaine issue de la Deeptech, des startups très capitalistiques dont la technologie est issue de laboratoires de recherche publique et présentent un avantage concurrentiel sur leur marché. « Le plan national Deeptech, adopté en 2019, était au départ doté de 2,5 milliard d’euros avant de passer en 2021, à 5 milliards d’euros, explique David Boujo, directeur adjoint Deeptech chez Bpifrance. Chaque année 350 deeptechs voient le jour en France et depuis 2019 les investissements ont été multipliés par 4 pour atteindre, en 2023, 3,5 milliards d’euros. C’est la moitié des investissements dans la French Tech. La typologie des entrepreneurs a changé. On voit de plus en plus de profils business qui se rapprochent de laboratoires de recherche pour embarquer la technologie. En 2025 nous avons pour ambitions de facilité l’accès de fonds privés et d’atteindre le nombre de 500 deeptechs. »
40watts (56) reconditionne les batteries de vélo
Imagine Summit a aussi été l’occasion de récompenser 3 startups dans le cadre du 8e Trophée Les Idées Neuves organisé par le Crédit Mutuel de Bretagne et parrainé, cette année par Loïc Hénaff, PDG du groupe agro-alimentaire Jean Hénaff. Lauréat dans la catégorie mobilité douce , 40watts à La Gacilly dans le Morbihan redonne vie aux batteries des vélos électriques. Moins chères que des batteries neuves, elles sont aussi voire plus performantes, favorisant l’utilisation du vélo de manière durable. « J’ai démarrée en 2013 en reconditionnant ma première batterie », explique Antoine Loiselet ingénieur de formation et codirigeant avec Yoan le Sayec. Au final, 40watts a vu le jour en 2022 et l’activité a très vite décollée. « On utilise les cellules les plus performantes sur le marché international. Actuellement, nous proposons 70 modèles mais en 2025, nous avons l’ambition de passer à 150. Ces cellules sont sont calées grâce à des impressions, qu’on réalise à l’aide d’imprimante 3D. » Outre le marché du particulier les deux associés visent les flottes d’entreprise. « Nous avons aussi des demandes pour des bateaux électrique. On veut accélérer. On pense qu’il y a un vrai marché à conquérir à l’échelle nationale. » Particulièrement sensible au sujet de la mobilité douce, Loic Hénaff témoigne : « Notre bilan carbone a révélé que contrairement aux idées reçues ce n’est pas le fret mais bien les déplacements des collaborateurs qui augmentent notre empreinte carbone. Le premier représente 2% de nos émissions de CO2, le second 30%. »
PackGy et EnerproBiogaz s’adressent aux industries agroalimentaires
Dans la catégorie, innovation en faveur de la décarbonation, les lauréats sont Philippe Loiseau et Pascal Lalanne. Cofondateurs de PacKGy , ils ont développé une machine thermodynamique réversible à très haut rendement énergétique et visent en priorité les industries agro-alimentaire . « Nous améliorons les systèmes de compression dans toutes les machines thermiques (pompes à chaleur, chaudière, groupe frigorifique, etc.). Notre technologie de rupture (P2HR) permet de doubler l’efficacité énergétique de ces machines en mettant en œuvre des cycles thermodynamiques inusités. L’objectif est de diminuer la facture énergétique et surtout de contribuer à décarboner significativement l’industrie notamment agroalimentaire qui utilise simultanément plusieurs énergies, du chaud et du froid.»
Enfin, Alexandre Bougeant, CEO d’Enerpro Biogaz (Vern-su-Seiche-35) avec deux autres associés, s’est vu remettre le trophée de l’innovation en faveur des ressources naturelles. L’entreprise a vu le jour en 2016 et développe, depuis, des systèmes de méthanisation à petite échelle qui traitent et valorisent les déchets organiques des fermes d’élevage (fumiers, lisiers) et des industries agroalimentaires (résidus de production, eaux usées, et biodéchets). « Notre R&D nous a permis de concevoir des unités compactes qui valorisent l’énergie produite (chaleur, électricité… et bientôt carburant) en autoconsommation ou en revente.Nous proposons des unités de méthanisation miniaturisées, financièrement accessibles et opérables directement par l’exploitant. » En 2024 Enerpro Biogaz a installé trois unité centrales dans une fromagerie artisanale, une brasserie et enfin une ferme d’élevage. « Nous avons recensé 50 000 PME en Europe capable d’adopter notre système », conclut le dirigeant.
