Transitions

« Il va falloir s’habituer à un marché de l’électricité beaucoup plus volatil. » Aurélien Jouault, courtier chez Opera Energie

Courtier en énergie, vous connaissez ? Révélé par la crise énergétique, ce métier a décuplé l’intérêt des entreprises et des autres usagers importants d’électricité. Intervenu auprès des entrepreneurs bretons dans le cadre d’un webinaire organisé par Bretagne compétitivité, Aurélien Jouault, directeur des partenariats chez Opera Energie, apporte son éclairage sur le contexte du marché de l’électricité en France. De quoi allumer quelques solutions pour les entreprises locales.
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Aurélien Jouault, directeur des partenariats chez Opera Energie

Quel est l’état du marché de l’électricité en France, après les crises traversées ?

« Aujourd’hui, le prix de l’électricité renoue avec les valeurs du début de l’année 2021, aux alentours de 80 euros le mégawatt/heure, soit un niveau intermédiaire entre les prix atteints pendant la crise de 2022 – quand le mégawatt/heure a été vendu jusqu’à 1130 euros – et ceux d’avant la crise, en 2019, quand le prix moyen de l’électricité oscillait entre 35 et 60 euros du mégawatt/heure. Quand bien même les prix sont redescendus, le marché reste supérieur à celui d’avant crise. »


Comment expliquer ces fluctuations ?

« Pour rappel, la crise énergétique a été accentuée par la dépendance de l’Europe au gaz russe. La coupure de cette source d’approvisionnement, conséquente à l’invasion de l’Ukraine, a réorienté le marché vers le gaz naturel liquéfié, importé essentiellement des Etats-Unis. Le GNL, qui se dispute au niveau mondial, est un marché très volatil en raison d’une demande qui a explosé par rapport à l’offre. Ses cours sont devenus très fluctuants. A ceci s’ajoute la défaillance du parc nucléaire français qui n’a pu compenser les besoins en électricité au moment de cette crise du gaz.

Depuis, la situation s’est nettement améliorée, sans retrouver les niveaux de production d’avant crise (320 terawatt-heure produits en 2023 contre 400 terawatt-heure en 2000). Pour autant, les tarifs de l’électricité ont baissé en 2023, en partie grâce aux effets de la sobriété énergétique appliquée par les entreprises et les particuliers, ainsi qu’à l’augmentation substantielle de la production nucléaire en France.« 


Cette tendance va-t-elle se renforcer dans les années à venir ?

« Les transitions portées et planifiées par le gouvernement (écologique, énergétique et numérique) vont accentuer les besoins en électrification. D’ici 2035, la consommation générale d’électricité en France devrait augmenter de 150 terawatt-heure ! La capacité du parc nucléaire française sera-t-elle alors suffisante pour y répondre ? Les énergies renouvelables seront-elles assez performantes pour compenser la hausse de consommation ? Ces incertitudes complexifient la lecture du marché de l’électricité, qui aura du mal à redescendre de façon plus significative. »


En tant que courtier en énergie, quels conseils prodiguez-vous aux entreprises que vous accompagnez ?

« D’anticiper ! Les entreprises qui ont signé un contrat au faîte de la crise vont progressivement sortir du tunnel, et négocier un nouvel engagement (durée moyenne de trois ans) à prix fixe. Elles peuvent dès à présent engager les négociations. Notre rôle est de leur expliquer le marché en le replaçant dans son contexte à la fois général et particulier, de leur présenter les risques et les opportunités à saisir. Une chose est sûre, il va falloir s’habituer à un marché énergétique beaucoup plus volatil. »


Avec la fin annoncée de l’Arenh*, incluant l’arrêt d’un outil de régulation du marché, quelles perspectives s’ouvrent pour les entreprises ?

« Pour rappel, l’Arenh est un mécanisme de régulation des prix de l’électricité dans des conditions fixées par les pouvoirs publics. Dans le contexte actuel, sa fin annoncée pour 2025 n’aura pas d’impact sur les prix du marché de gros. Le nouveau mécanisme proposé par le gouvernement s’apparente davantage à un bouclier tarifaire. Sans en connaitre encore les modalités, ni le calendrier d’application, ce prochain dispositif devrait être plus protecteur en cas de crise. »

 

L’auto-production énergétique, de plus en plus développée dans les entreprises, est-elle une alternative intéressante pour assurer l’accès à une énergie stable et fiable ?

« L’auto-consommation photovoltaïque peut assurer, en moyenne, jusqu’à 30% des besoins énergétiques d’une entreprise. Bien qu’insuffisante par rapport à la consommation globale, elle apporte une visibilité calquée sur la durée de vie de la centrale photovoltaïque installée, et une maîtrise du prix de l’électricité sur la partie auto-produite. En cela, c’est une solution intéressante, mais qui reste partielle. »


Un mot pour conclure ?

« Cette crise énergétique aura traumatisé bon nombre d’acteurs et de chefs d’entreprise qui, depuis, considèrent le poste énergétique comme une charge à part entière, avec des risques potentiels importants. D’aucuns ne regardent plus sa facture d’électricité comme avant ! Notre métier de courtier en énergie a également été révélé pendant cette crise. Il permet d’accompagner les usagers dans la compréhension du contexte et du marché. Depuis la crise, de plus en plus d’entreprises font appel à nos services. »

 

*L’Arenh signifie « Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique ». Mis en place par l’Etat français en 2011, il permet à tous les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics.

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