Hôtellerie et tourisme : la Bretagne peut-elle abattre la carte du luxe ?

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L’hôtellerie de luxe en Bretagne ? Dans une région réputée pour son parc hôtelier vieillissant, très loin qui plus est de la Côte d’Azur – peu de Russes bling bling ici –, on aura tôt fait de penser que ce sujet n’en est pas un ! Oui et non, corrigent Michael Dodds, directeur général du Comité Régional du Tourisme de Bretagne, en présence d’Olivier Sergeant (Manoir Hôtel des Indes à Quimper/29), de François Ohlmann, directeur de l’Agapa (Perros-Guirec/22) et de Franck Marie, qui dirige Le Grand Hôtel Barrière de Dinard/35.


Bretagne Economique – L’Agapa est aujourd’hui le premier hôtel indépendant de Bretagne à afficher 5 étoiles : un sacré pari sur la Côte de granit rose ?


François OHLMANN – L’Agapa a ceci de particulier qu’il fut en effet le 1er établissement indépendant à devenir 5 étoiles. Mais au-delà de ces étoiles, je voudrais insister sur ce point : nous nous sommes fixés, comme toute entreprise, une stratégie à trois ans avec un premier objectif économique, un second de positionnement (qui passe en effet par l’étranger) et un troisième, en interne, au niveau des RH. Une harmonisation et cohérence entre ces trois points est indispensable. Ils FONT l’Agapa.


En admettant que les 5 étoiles soient en quelque sorte les 4 étoiles luxe d’hier, ce classement apporte un “éclaircissement” au niveau des règles internationales pour beaucoup de pays où les 5 étoiles existaient déjà quand en France ça n’était pas le cas ! Des Américains, par exemple, pouvaient être frileux jusqu’alors devant nos 4 étoiles.


BE – Comment obtient-on ces 5 étoiles et, surtout, est-ce un aboutissement ou au contraire, un aiguillon pour tendre vers le luxe ?


Michael DODDS – Je ne pense pas que la Bretagne se positionne comme destination de luxe. Cette idée de luxe pose certes des questions intéressantes mais à nous, peut-être, de donner notre définition du mot. Il faudrait davantage parler de “lieux d’exception” car nous avons bien une offre haut-de-gamme d’hôtellerie indépendante, d’hébergements insolites, de châteaux…Mais pas au sens luxe glamour- bling bling ! Cela ne fait pas partie de la Bretagne. Et même si nous avons des 5 étoiles, ils ne se positionnent pas comme des palaces. Regardons les chiffres : la Bretagne ne concentre que 2% des lits d’hôtellerie 4 et 5 étoiles en France. Là où l’Ile-de-France, Paca et Rhône-Alpes concentrent 75 % ! Donc, clairement, on ne se positionne pas ici sur le luxe même si nous avons des établissements à mettre en valeur sur des sites assez bluffants !


Olivier SERGEANT – Pour ma part, avec mes 4 étoiles, je ne m’apparenterais pas à l’hôtellerie de luxe. Je me souviens d’ailleurs que quand j’avais vu les banques, elles m’avaient déjà répondu : “un 4 étoiles à Quimper ? Mais vous n’y pensez pas !”


Les 5 étoiles, cela signifie à mes yeux une quantité de services supérieurs à notre catégorie. On a un Spa avec des prestations de qualité, certes, mais l’esprit que nous avons voulu donner à l’hôtel est plus convivial, voire familial, que luxe. On essaie d’apporter le “plus” avec un service individualisé : expliquer en détail, faire visiter le lieu, prendre le temps avec les clients à leur arrivée. Le luxe est synonyme pour moi d’apparat et de conformisme. Je sais de quoi je parle : j’ai travaillé en cuisine dans des 3 macarons et j’ai aussi dormi dans des palaces parisiens.


On fait donc bien davantage partie de la catégorie haut-de gamme. Et si j’ai rejoint le Club Finistère Affaire avec des Comité de Direction d’entreprise et des petits séminaires qui peuvent se tenir ici, j’ai une capacité d’hébergement réduite. Ça limite le champ de prospection, là encore, même si notre salle de réception peut accueillir jusque 200 personnes. Bref ! Avec 5 personnes affectées à l’hôtel, mon dernier CA, stable, s’est établi à 450 000 euros.


Propos recueillis par Serge Marshall


Bretagne Économique – N°222 Juin-Juillet 2013


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