Hervé Louce est à la tête de deux hôtels à Yffiniac dans les Côtes d’Armor. Franchisé Accor depuis 1995, il n’a jamais connu pareille crise. Dès le 14 mars et l’annonce par le Gouvernement de la fermeture de tous les bars, hôtels et restaurants, il a cessé son activité et mis au chômage partiel tous ses salariés. Fragilisé, il participe avec une cinquantaine de restaurants bretons à l'opération nationale "Resto Ensemble". Objectif : obtenir des compagnies d'assurance une compensation pour perte d’exploitation.
« Tout allait bien, mais en une semaine tout a basculé, raconte Hervé Louce, gérant des hôtels Ibis et Ibis Budget à Yffiniac, à une petite dizaine de kilomètres de Saint-Brieuc. Vers le 9 mars nous avons commencé à recevoir quelques annulations, notamment de la clientèle d’affaires, puis en fin de semaine, une déferlante de mails et appels téléphonique nous est tombée dessus ». Pas moins de 6 groupes « affaires » d’une cinquantaine de personnes étaient programmés entre avril et mai. Scénario identique pour la clientèle touristique : les tour-opérateurs ont annulé toutes leurs réservations. « Nous les avons acceptées sans aucune retenue d’argent. Ce sont des clients, nous souhaitons les revoir à terme », souligne le gérant également membre de Saint-Brieuc Entreprises.
Trésorerie tendue
« Nous surveillions d’un coin de l’œil les informations en provenance de Chine, sans vouloir y croire. Aussi quand le 14 mars, nous avons appris que nous devions fermer, nous sommes restés bouche bée. » Hervé Louce et son équipe, en tout une dizaine de salariés, ont immédiatement pris la décision de fermer les espaces bars à minuit et organiser le dimanche matin le service du petit déjeuner dans les chambres. Coté administratif, que ce soit les reports d’échéances ou les demandes de chômage partiel c’est son expert-comptable qui s’occupe de tout. « Il a tout fait par anticipation et travaillé dès le dimanche. Je lui suis vraiment reconnaissant. Je gère les banques et les fournisseurs. Mon franchiseur a été aussi d’un grand recours en matière d’informations financières. Aujourd’hui, malgré toutes les mesures prises par le Gouvernement, la situation est plus que difficile. Je vais devoir contracter un prêt de trésorerie mais cela ne sert qu’à repousser le problème. Si les assurances ne prennent pas leur part, à la sortie, il risque d’y avoir beaucoup de casse ».
Resto Ensemble, une opération nationale
En Bretagne, une cinquantaine de restaurateurs a rejoint le collectif « Restoensemble« , emmené par Nicolas Adam, chef étoilé pour son restaurant La Vieille Tour à Plérin (22). Ils réclament des efforts de la part des assureurs. Ils demandent une compensation versée par l’assurance pour rembourser les frais fixes (locaux, électricité, comptabilité…) qui ne sont pas compensées par les recettes, en raison de la fermeture. « J’ai demandé à intégrer ce collectif car aujourd’hui où sont les assureurs ? On ne les entend pas », souligne Hervé Louce. Le gérant a engagé des travaux de rénovation dans l’un de ses hôtels. « Aujourd’hui tout est à l’arrêt et nous n’avons aucune perspective de reprise ». Malgré tout le gérant estime que la Bretagne possède de nombreux atouts pour repartir. « Quand la crise sera dernière nous, les français resteront prudents et privilégieront, du moins dans un premier temps, la proximité pour leurs vacances ». Parmi les secteurs qui ont le plus souffert depuis le début de la crise, figure en premier lieu l’hébergement et la restauration. La fermeture administrative des restaurants, bars, brasseries, lieux de restauration depuis la mi-mars a provoqué un coup d’arrêt brutal pour tous ces établissements. Ainsi, 98% de l’activité serait paralysée selon les simulations opérées par le centre de recherches.
