« Une course de vitesse s’est engagée entre les pays européens en vue de réduire de 30% les émissions de CO2 à l’horizon 2030, prévient Eric Philippe, Président de Valorial. Les entreprises agri-agro, quelle que soit leur taille, qui n’intègrent pas aujourd’hui la RSE dans leur stratégie, prennent le risque de disparaitre demain ». Décarbonation, process industriels, intrants, ingrédients, emballages…Les enjeux sont colossaux, de l’amont à l’aval des différentes filières, pour réussir à passer le cap des transitions agricoles. Le pôle de compétitivité Valorial, qui représente 70% des emplois agroalimentaires bretons en sait quelque chose. Via des projets collaboratifs co-financés par France 2030 et l’Europe, ses équipes travaillent à l’accélération de l’innovation dans les entreprises du Grand Ouest. Objectif : « ne laisser aucune entreprise sur le carreau, surtout les PME, souvent moins structurées.»
Valorial, qui couvre désormais les régions Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, vient tout juste de recevoir le label « Pôle de compétitivité » par l’Etat pour une nouvelle période de 4 ans. Quelques mois auparavant, il avait décroché « l’European Gold Label of Cluster Management Excellence« , entrant ainsi dans le club très fermé des 4 pôles de compétitivité en France possédant ce label.
Un travail par filière
Au-delà de la reconnaissance du travail des équipes, ces labels lui permettent de continuer à challenger techniquement et financièrement les projets de recherche et d’innovation de ses adhérents, soit plus de 400 membres, de la start-up au grand groupe en passant par les PME. « Se faire bousculer par des experts, universitaires, chercheurs ou chefs d’entreprise issus de tout l’écosystème agri-alimentaire du Grand Ouest est une des clés de la réussite », souligne Eric Philippe. Un grand nombre de ces projets porte sur la transformation des process industriels en vue d’améliorer l’efficacité énergétique et réduire son empreinte carbone. D’autres ciblent la mise au point de nouveaux ingrédients, sans conservateurs chimiques ou encore la réduction des emballages. Pour chaque projet, tous les critères RSE sont passés au peigne fin. Les innovations sont travaillées par filière, de l’amont à l’aval. « C’est essentiel ! Prenez les produits laitiers : on sait que 2/3 de l’empreinte carbone provient du lait. Avant même de réfléchir à de nouveaux process industriels, les différents acteurs doivent d’abord travailler sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre liés à sa production. L’émergence de ces projets collaboratifs, par filière, font partie de nos priorités. »
35 projets financés en 2022, à hauteur de 20 millions d’euros
Bien-sûr, tous les projets ne décrochent pas la label Valorial qui ouvre la voie à des financements européens ou France 2030 particulièrement sélectifs. En 2022 , ce sont 35 projets impliquant 168 partenaires uniques qui ont été labellisés, agréés ou soutenus à hauteur de 200 millions d’euros. Parmi ces derniers, 16 ont reçu un financement France 2030, à l’image de Keloz Pack. Ce projet vise à produire des emballages aptes au contact alimentaire, à base de cellulose moulée issue de la paille de chanvre bio. Autre exemple : Alg4Health porté par 3 PME et 2 laboratoires de recherche. Ce projet ambitionne de développer un ingrédient et des aliments fonctionnels innovants pour la santé cérébrale des seniors(mémoire) et des sportifs (performance cognitive/stress). L’ingrédient sera développé à partir d’un coproduit végétal marin via un process éco-responsable. Au niveau européen les équipes de Valorial flèche les adhérents sur certains consortiums, avec la clé des financements de plusieurs millions d’euros.
Faire bouillonner l’innovation
Les projets labellisés par Valorial sont de plus en plus collaboratifs et embarquent un nombre grandissant de start-up. « Elles sont devenues aujourd’hui de véritables centres d’innovation externalisés. Les start-ups nous apportent leurs technos comme la blockchain pour une meilleure traçabilité ou celles pour capter le CO2, des solutions pour le bien-être animal dans les abattoirs, des nouveaux ingrédients en faveur d’une alimentation durable, etc. Un grand nombre d’entre elles, notamment celles en phase d’accélération, ont du mal à trouver des fonds en France. C’est pourquoi elles sont de plus en plus nombreuses à adhérer à Valorial. On les met en relation avec nos partenaires. L’objectif est de faire bouillonner toute cette innovation et stimuler les entreprises. »
Enjeu : conserver le potentiel agri-agro du Grand Ouest
Les Etats, via la Cop 26, ont pris des engagements. « La transition agricole est rapide et violente. De nombreux donneurs d’ordre demandent déjà à leurs fournisseurs ce qu’ils ont prévu dans leur stratégie pour réduire leur empreinte carbone à l’horizon 2030. De nouveaux cahiers des charges arrivent avec des normes environnementales, sociales et sociétales. L’orientation est claire . Nous ne sommes pas un pays low-cost, compétitif par le prix. Pour passer les transitions, nous n’avons pas d’autres choix que d’innover. RSE et performance ne sont pas antinomiques. L’enjeu est que toutes les entreprises passent ces transitions et que le Grand Ouest garde tout son potentiel agricole et agroalimentaire, le plus important en France et en Europe », conclut le Président de Valorial.