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Fil&Fab et fin. Retour sur une aventure industrielle pourtant prometteuse

"Fil&Fab c'est fini." La phrase, laconique, ouvre le dernier post LinkedIn publié il y a deux semaines par l'entreprise Fil&Fab. Liquidée début septembre par le tribunal de commerce de Brest, la startup finistérienne, pionnière dans le recyclage des filets de pêche, est contrainte de stopper là son aventure industrielle. La faute à un décalage des marchés et au manque de moyens pour attendre que l'horizon se débouche !
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Amertume. C’est le mot que lâche Yann Louboutin pour qualifier son état d’esprit, un mois après la décision du tribunal de commerce de Brest, de liquider l’entreprise Fil&Fab, que nous avions rencontrée dès son lancement. Son co-fondateur Yann Louboutin digère la décision, avec résignation et lucidité. « On a manqué de moyens pour supporter le temps de latence imposé par l’ouverture d’un important débouché. »

Créée en 2019 par trois jeunes designers diplômés, la startup Fil&Fab s’est depuis étoffée – via des levées de fonds – pour structurer la filière de recyclage et revalorisation industrielle des filets de pêche. Toutes les étapes ont pourtant été consolidées avec brio, depuis l’organisation de la collecte des filets de pêche sur les ports bretons et sud Atlantique à la validation du process mécanique de transformation des filets en granulés polyamides (baptisé Nylo), utilisés d’ailleurs dans des objets designés par Armor-lux et Ulysse Nardin.

Ne manquait plus que la validation d’un important débouché vers la plasturgie automobile pour basculer du banc d’essai à l’industrialisation massive du procédé, laquelle aurait dû être favorisée par les applications attendues des décrets de la loi Agec, obligeant les industriels à intégrer des matériaux recyclés. « Nous étions prêts et avions obtenu, en six mois seulement, la certification ISO 9001 pour être référencés comme fournisseur agrée et accéder, ainsi, à des marchés industriels d’envergure », souligne Yann Louboutin.

Un mauvais timing

Oui, mais voilà : l’instabilité politique de la France -qui repousse sans cesse les échéances d’application de le loi Agec -, et le ralentissement marqué du marché de l’automobile sont venus perturber en profondeur les projets de commandes et de développement du premier maillon de la chaine : le néo-fournisseur Fil&fab. « Programmé en 2025, notre lancement industriel a dû être ajourné au regard du contexte politique et économique. Or, de notre côté, nous n’avions plus les moyens d’attendre le démarrage de notre activité qui devait propulser notre capacité de production de 10 tonnes de filets recyclés par an à 150 tonnes dès la première année. Faute de trésorerie, nous avons été contraints de déposer le bilan« , raconte Yann Louboutin, qui déplore les conséquences de ce mauvais timing.

Logée dans les ateliers de Plougonvelin, l’entreprise Fil&Fab – qui remercie les collectivités locales de l’aide apportée pour faciliter son implantation -, échoue à quelques encablures d’un avenir prometteur. Le recyclage et la revalorisation des filets de pêche restent pourtant des sujets d’importance et d’actualité. Yann Louboutin et ses associés du départ, Thibaut Uguen et Théo Desprez (partis depuis), rejoint entre-temps par Georges Canal, ont su créer une impulsion largement partagée. En témoigne l’adhésion des nombreux ports de pêche qui ont embarqué sans difficulté dans l’aventure, convaincus par l’idée de structurer cette filière. « Je ne sais pas encore ce que je ferai après, mais mon engagement et ma vision restent intacts, nourris par l’expérience entrepreneuriale », conclut l’ex-dirigeant trentenaire.

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