Transitions

En novembre 2023, Linfini devrait filer ses premières bobines de lin

En deux ans, Xavier Denis et Tim Muller, porteurs du projet de réimplantation d'une filature de lin près de Morlaix baptisée Linfini, ont réussi à fédérer moyens humains et financiers pour aborder la phase de concrétisation de leur étude de marché : en novembre 2023, ils escomptent lancer la production de bobines de lin, dans un bâtiment neuf construit près de Morlaix et embauchant 23 collaborateurs. Un investissement industriel estimé à 10 millions d'euros, et d'ores et déjà bouclé à 90%.

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DR
Xavier Denis et Tim Muller, co-fondateurs de Linfini ou le retour de la filature en Bretagne.

Du rythme, du fond et du (bon) sens : la présentation à la presse et à leurs partenaires du projet de réimplantation d’une filature en Bretagne nord, a captivé l’auditoire pendant plus de deux heures. Chefs d’orchestre de cette conférence organisée ce lundi dans l’amphithéâtre de la CCIMBO à Morlaix, les deux professionnels de la communication reconvertis en entrepreneurs industriels, ont enchainé des interventions concises et complémentaires, permettant de remonter la filière lin bretonne dans son entièreté. Un véritable panorama d’un écosystème reconstitué.

Relancer la filière lin en Bretagne

Passionnés par le made in France, Xavier Denis et Tim Muller ont répondu, courant 2020, à l’appel à projets de la députée finistérienne Sandrine Le Feur, désireuse de relancer la filière lin sur les terres de sa circonscription, berceau historique de l’industrie linière et chanvrière. Pari presque gagné avec l’ouverture annoncée de cette filature, Linfini, qui complètera une chaine d’installations déjà amorcée par le retour de la culture du lin à Commona, avec l’agriculteur Guillaume Le Tur. « Dès l’année prochaine, nous réussirons à semer 500 hectares de lin en Bretagne », précise le premier liniculteur de Bretagne qui travaille également à réorganiser une unité de teillage, là où est séparé la fibre de la paille.

23 emplois directs créés

Manquait la filature qui devrait donc bientôt être construite dans le pays de Morlaix. « Nous étudions trois options* afin de choisir un terrain de 10 000 m² sur lequel sera élevé un bâtiment de 4500 m² abritant l’usine et le futur pôle de la fibre végétale », explique Xavier Denis, président et co-fondateur de Linfini. Le chantier est programmé au cours du premier trimestre 2023 afin d’intégrer les locaux dès l’automne. 23 emplois seront créés, dont 14 opérateurs machines et 2 électro mécaniciens. Les recrutements, menés en partenariat avec l’agence Pôle Emploi de Morlaix, seront lancés en septembre 2023. « Les savoir-faire de la filature n’existant plus en Bretagne, nous allons recruter nos collaborateurs via la méthode de simulation, mise en place et encadrée par Pôle emploi », précise Xavier Denis.

Des formations in situ, sur les machines installées, seront ensuite animées par le fabricant lui-même, l’industriel français Shlumberger. « Nous avons commandé sept machines françaises chez Schlumberger, et une, le bobinoir, chez Savio en Italie », complète Tim Muller, co-fondateur et directeur général de cette future industrie.
Les filatures françaises en activité, à savoir Safilin en Normandie et Emanuel Lang en Alsace complèteront l’apprentissage des gestes et process. La réindustrialisation d’une filature lin en Bretagne se conjugue parfaitement avec une inter-régionalisation des savoirs et compétences. « On est très, très loin de la saturation du marché puisque 10 filatures de 500 tonnes chacune ne pourront absorber que 3% de la production totale française de lin ! », souligne Pierre Schmitt, Pdg de Velcorex – Emanuel Lang et mentor des deux néo-entrepreneurs à la tête du projet Linfini, la 4e filature en France.

Des débouchés diversifiés

Linfini travaillera les fibres selon la méthode au sec, préparant du fil plus gros destiné à des tissages plus épais et des tissus plus lourds. « Les débouchés sont nombreux et diversifiés », souligne François Kerjose, directrice de l’atelier de confection Boem, ancienne directrice générale de l’entreprise Le Minor à Pont-Labbé et future directrice de production et des produits chez Linfini. « Nous saurons produire du fil en bobines et de la toile de lin. L’hôtellerie restauration est intéressée, ainsi que l’agroalimentaire pour réaliser des écoemballages destinés au conditionnement des produits », ajoute-t-elle. La coopérative voisine Sica Prince de Bretagne a d’ores et déjà montré un vif intérêt à travailler avec Linfini pour la fabrication de ses filets de légumes.

Un projet à 10M €

L’investissement total pour ficeler ce projet est estimé à 10 millions d’euros, répartis en deux véhicules : 5,5 millions d’euros portés par une société immobilière et le reste, 4,5 millions d’euros, fléchés vers la société d’exploitation. Pour cette deuxième partie, Linfini termine un tour de table auprès d’investisseurs privés et autres business angels. « Nous avons réunis 90% de la somme », souligne Xavier Denis. Une campagne de financement participatif menée sur la plateforme Miimosa complètera l’apport, et un crédit-bail ouvert auprès d’un pool bancaire financera l’investissement industriel. « Nous n’avons pas inclus d’aides publiques dans notre business plan. Elles seront bonus si octroyées », souligne Tim Muller.

Sous les applaudissements des partenaires réunis, les deux porteurs de projet ont annoncé le démarrage de la production en novembre 2023 avec des prévisions échelonnées à 600 tonnes de lin filé en 2024, et 900 tonnes en 2027. « A terme, Linfini produira 20% du lin filé en France. »

*Morlaix, Plougasnou ou Saint Martin des Champs

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