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Economie circulaire. Ressources T passe à l’offensive et recherche 2 hectares sur Rennes Métropole

Bousculé par l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché de l’économie circulaire, le groupe d’insertion Ressources T (6 structures en Bretagne opérants sous la marque Envie) va de l’avant. Il annonce vouloir multiplié par deux son effectif à l’horizon 2030 à 500 salariés dont 2/3 en insertion. L’objectif est de renforcer et diversifier ses activités - 11 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 - dédiées à la collecte, au transport, au tri et au réemploi de l’électroménager, des matelas, des appareils électriques etc.  Mais aussi, pourquoi pas, nouer des partenariats avec des distributeurs. Deux conditions sont nécessaires pour passer ce cap : « opérer une levée de fonds de 2 millions d’euros et trouver 2 hectares de foncier sur Rennes Métropole ». Si la première condition semble facilement réalisable, la seconde relève du parcours du combattant.
V.Maignant
Daniel Bougeard, président de Ressource T et Ludovic Blot, directeur général

En 30 ans, la SCIC Ressources T n’a eu cesse de se développer dans l’économie circulaire. Son aventure bretonne démarre à Rennes en 1994 avec la création d’Envie 35 dédié au réemploi d’appareils électroménagers. Aujourd’hui, la coopérative présidée par Daniel Bougeard regroupe les activités de cinq entreprises d’insertion dédiées au réemploi, au recyclage et à la valorisation des déchets : Envie Électroménager Bretagne, Envie Recyclage Bretagne (activité dédiée au tri et déchets des bâtiments s en partenariat avec Véolia et Le groupe Legendre, au tri et à la valorisation des matelas et enfin au démantèlement et dépollution des DEEE) , Envie Transport Bretagne , Envie Autonomie Bretagne ( reconditionnement et distribution de matériel médical) et une entreprise de travail temporaire d’insertion SITI intérim 35. Principalement implantée sur Rennes, la coopérative a investi en 2022 à Brest et Saint-Brieuc avec l’ouverture de deux sites. « Nous espérons nous déployer prochainement en Morbihan », souligne Ludovic Blot, directeur général. Si la part historique de l’activité électroménager (2,5 M€) a baissé en 2023 de 10%, les autres branches ont permis d’atteindre un chiffre d’affaires en croissance à 11 millions d’euros.

 

70% des salariés en insertion retrouvent un emploi 6 mois après leur départ

Sur les 250 emplois que compte aujourd’hui Ressources T, 160 sont des salariés en insertion. « On perçoit des aides de l’Etat pour compenser la sous-productivité des salariés et le surencadrement technique et RH, mais ces aides ne représentent que 9% de notre Budget et les marchés publics, 3%. » Pour 1 euro d’aide au poste perçu par l’Etat, Ressources T reverse 5, 7 euros à l’Etat et aux collectivités sous forme de TVA, taxes et autres impôts. Par ailleurs, la loi limite à deux ans maximum la durée du parcours d’insertion avec pour conséquence un turnover élevé. « Chez nous, les salariés restent en moyenne 12 mois. L’insertion n’est pas la réinsertion. Nos salariés sont soit des demandeurs d’emplois de longue durée soit des personnes touchant le RSA, rarement d’anciens détenus. » Le taux de sortie dynamique est de 70%, ce qui signifie que sur les 160 salariés en insertion, environ 110 trouvent un emploi 6 mois après leur départ. « Preuve que l’insertion permet le retour à l’emploi. Pourtant sur les 60 000 personnes éligibles en Ille-et-Vilaine, seules 2 500 (1 600 ETP) d’entre elles suivent un parcours d’insertion. L’offre est insuffisante. Nous devons ouvrir de nouvelles filières. »

 

Un marché bousculé par l’arrivée de nouveaux entrants

Aujourd’hui la coopérative est à un tournant. Depuis trois ans, de nouveaux acteurs dont des start-ups comme Murfy, Underdog ou encore Back Market se sont lancés dans l’économie circulaire. « On est attentifs : avec leurs grosses levées de fonds, ils bousculent le marché, et s’aperçoivent que leurs marges sont restreintes … Certes, c’est plutôt positif si l’économie circulaire se développe. Cependant elle ne peut-être que locale et sociale si on veut obtenir un impact environnemental et sociétal. Par ailleurs il ne faut pas confondre réparation et réemploi. Au sein du groupe, nous avons des techniciens encadrants. Les produits reconditionnés que nous vendons dans nos magasins sont garanties deux ans », poursuit Ludovic Blot alors que certains distributeurs ont aussi investi le marché de la seconde main. « Le partage doit rester équitable entre tous les acteurs. Nous luttons contre la privatisation de la « crème », à savoir les 10% du gisement qui ont la plus grande valeur. Notre modèle économique repose à la fois sur les premiers prix mais aussi sur les produits premium. En restreignant l’accès des gisements les plus rentables aux acteurs de l’Economie sociale et solidaire, notre modèle serait impacté, les volumes diminueraient et au final, nous serions tous perdants. »

 

500 salariés à l’horizon 2030

Dans ce contexte, Ressource T entend doubler ses effectifs à l’horizon 2030 et passer à 500 salariés. « Le Giec va nous donner des moyens pour aller chercher de nouveaux gisements. On souhaite développer de nouvelles activités comme l’infogérance (installation et maintenance de parcs informatiques, administration des réseaux). On développe actuellement une offre d’insertion sur ces métiers du numérique avec le recrutement d’un permanent. » La maintenance des bâtiments est une autre piste avec des demandes de rénovation et petits travaux. Enfin, depuis 2022, la coopérative expérimente à Rennes une plateforme multi-flux et réemploi. Elle collecte tous les caissons « réemploi » de Rennes Métropole pour ensuite les trier et les réacheminer au profit des associations de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) du territoire, tels que Emmaüs, La Belle Déchette, l’Equipière, L’échappée Benne mais aussi des associations caritatives comme les Restos du cœur, Habitat et Humanisme ou Utopie. « Il nous reste un an pour transformer l’essai. »

 

La réussite de ce plan de développement, appelé Cap 2030, est conditionné à une levée de fonds de 2 millions d’euros, « auprès de fonds à impact » et de l’extension du site de Rennes. « Aujourd’hui nous sommes déjà à l’étroit. Nous souhaiterions déporter l’activité transport. Nous avons besoin de 2 hectares en métropole rennaise pour conserver l’accessibilité à nos salariés », déclare Ludovic Blot tout en soulignant que la recherche de ce nouveau foncier a démarré il y a 5 ans.

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