
Stratégie à l’export
Entretien des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), arrêts techniques majeurs – tous les dix ans – et « Iper-adaptation » aux missiles M51 occupent une bonne part des activités brestoises. Un savoir-faire qui s’exporte, comme en Malaisie et en Inde actuellement. Hervé Guillou, le pdg, a d’ailleurs fixé comme objectif de réaliser à l’international 50 % des 5 milliards de contrats de DCNS, en 2025. Le groupe a ainsi répondu à l’appel d’offres de l’Australie pour un contrat majeur de construction/entretien d’un premier sous-marin.
« Le SNLE est le produit le plus complexe du monde, précise Dominique Sennedot, et DCNS participe à sa conception, son entretien et sa déconstruction/destruction. »
S’ensuit l’activité d’entretien des bâtiments de surface, pour 7 % du plan de charge : 3 frégates anti sous-marines (FASM), 2 frégates multi-missions (Fremm), Le Monge, 8 chasseurs de mines tripartites (CMT). « Il n’y aura plus de construction de très gros navires à Brest ce qui n’exclut pas la construction d’éléments de navires. »
Diversification dans l’énergie
Autre voie de développement à fort potentiel, l’énergie à infrastructures marines (330 salariés). Son bâtiment du Froutven concentre désormais sa matière grise en EIM (Energies et Infrastructures Marines). S’appuyant sur son savoir-faire en ingénierie sous-marine, DCNS a conçu les deux hydroliennes expérimentales de Paimpol-Bréhat pour EDF. La première va être raccordée cette première semaine de mars, la seconde posée avant l’été et raccordée en été. Ceci en prévision de deux fermes commerciales : au Raz-Blanchard en Normandie, avec EDF, et au Canada (2e trimestre 2016).
Une position de leader mondial qui profiterait autant à DCNS Cherbourg en tant que constructeur, qu’à DCNS Lorient, où seraient fabriquées les pâles (nota : DCNS et Piriou, unis dans Kership, sont candidats à la reprise de STX Lanester). Brest n’est pas en reste, selon le directeur général : « Tout le savoir-faire intellectuel est à Brest ; il y a un fort potentiel de développement des énergies marines renouvelables ici, notamment dans l’énergie thermique des mers et les éoliennes flottantes. » Sur ce premier point, DCNS bâtit son modèle économique en démarchant les îles du monde. Sur le second, il travaille en partenariat avec General Electric/Alstom sur un système intégré d’éolienne flottante (6MW).
« A terme, si des fermes commerciales d’éoliennes flottantes voient le jour sur la côte atlantique, Brest sera le port d’attache pour l’assemblage et la maintenance des machines. DCNS investit beaucoup et attend de l’Etat qu’il mette sa part pour être prêt à temps », en 2019-2020. « La concurrence internationale est très forte sur le sujet », souligne Dominique Sennedot. DCNS a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt du Gouvernement et de l’Ademe, pour un projet au large de l’île de Groix. La réponse est attendue cet été.
Cybersécurité et production
Enfin, DCNS se réforme de l’intérieur : rationalisation des équipements industriels (regroupement d’ateliers sur la base navale, économies de l’ordre de 4M€) ; réorganisation des équipes en mode projets pour faciliter la relation client avec la Marine nationale ; emménagement de 410 personnes au Froutven (« A proximité de l’aéroport pour faciliter l’accueil de nos clients étrangers et près du port de commerce pour les activités EMR »)… Il cherche des compétences dans la cybersécurité. « La moitié des départs volontaires va être remplacé par des embauches dans la production, les systèmes de combats, de conduite… Nous avons besoin autant des cols blancs que des cols bleus. »