Les commerçants indépendants bretons sont touchés de plein fouet par la crise économique et sociale. 68 % qualifient aujourd’hui leur situation de tendue voire de très difficile. Parmi eux, la cosmétique, la coiffure et le sport – soit les dépenses beauté et loisirs – font les frais des arbitrages de consommation. Pour autant, ils sont 69% à s’avouer confiants dans la santé du secteur pour 2023 et la Bretagne se montre la région la plus dynamique, avec la Normandie, en termes d’ouverture de nouveaux commerces. C’est ce qui ressort du premier observatoire du commerce indépendant réalisé par Ankorstore*, en partenariat avec le Conseil du Commerce de France cette étude croise une enquête nationale menée auprès des commerces indépendants avec un sondage conduit auprès des consommateurs français.
L’inflation s’accélère et avec elle, la course au prix bas. Plus d’un commerçant breton sur quatre (28 %) constate une progression de la demande pour les premiers prix. Consulter et comparer est désormais l’étape première avant tout passage en magasin. Plus globalement, si les Français achètent moins cher, ils consomment aussi de moins en moins. La principale difficulté pour 58 % des commerçants bretons s’avère être le manque de clients. L’observatoire d’Ankstore révèle que c’est en Bretagne ainsi qu’en Normandie (55%), et chez les vendeurs spécialisés en beauté, coiffure ou sport, que la baisse de fréquentation est le plus souvent citée comme le premier sujet d’inquiétude. Du côté des consommateurs bretons interrogés, 53 % d’entre eux qui choisissent la grande distribution ou le e-commerce au détriment des commerces indépendants , le font pour accéder à des promotions.
2022, ralentissement de l’activité
Si l’inflation impacte à la baisse la fréquentation des commerces, elle entraîne en parallèle une hausse considérable d’une partie de leurs frais fixes. Sans surprise, 66% des commerces bretons jugent que l’inflation a eu un retentissement direct sur leur activité. Un chiffre qui monte à 79% en Bourgogne Franche-Comté et dans le Grand-Est, à 76% en Provence-Alpes-Côte d’Azur et à 75% en Normandie et Nouvelle-Aquitaine. L’enquête révèle ainsi que 68% des indépendants bretons qualifient aujourd’hui leur situation de tendue voire de très difficile. Là encore, des espaces géographiques et des secteurs d’activité se démarquent. Côté régions, la Normandie (85 %), l’Occitanie (86 %) et la Nouvelle-Aquitaine (88 %) semblent d’avantage souffrir. Côté domaines d’activité, la cosmétique, la coiffure et le sport, soit les dépenses beauté et loisirs, font les frais des arbitrages de consommation. Au final, seuls 52 % des commerçants bretons ont enregistré une progression de leur chiffre d’affaires en 2022 par rapport à l’année précédente, qui s’était pourtant révélée compliquée pour le commerce physique. En parallèle, la moitié d’entre eux fait état d’un problème conjoncturel : des commerces non remplacés ou pour lesquels la situation n’évolue pas.
Des efforts sur les marges et les prix
Face aux difficultés, l’heure est à la chasse aux dépenses. Celle-ci passe principalement par une réduction des volumes de commandes pour un tiers des répondants bretons.. Par ailleurs, 85% n’ont effectué aucune embauche en 2022 et seulement un peu plus d’ 1 sur 10 prévoit de le faire au cours de cette année. Face à des coûts de plus en plus importants, les commerçants n’ont d’autre alternative que d’augmenter leurs prix ou de rogner sur leurs marges. En 2022, la moitié des professionnels de la région ont préféré la seconde option et n’ont pas rehaussé leurs tarifs. Dans ce contexte, ce sont les coiffeurs (85 %) et les épiceries fines (78 %) qui ont le plus fortement répercuté les hausses de prix. En 2023, la même tendance pourrait se poursuivre même si près d’un commerçant breton sur quatre n’envisage pas d’augmenter ses prix.
Enfin, la baisse de fréquentation et la concurrence poussent les commerçants bretons à être plus sensibles aux enjeux de visibilité. 31 % ont d’ores et déjà renforcé leur communication et leur présence digitale, en particulier sur les réseaux sociaux. Ce chiffre monte à 35% en Normandie. Aujourd’hui, 87% des professionnels indépendants bretons s’y montrent actifs, avec plusieurs publications par mois.
Le commerce de proximité, créateur de lien social
En dépit d’une conjoncture économique complexe, les commerçants bretons restent majoritairement optimistes quant à l’avenir et leur capacité de résilience face aux incertitudes du contexte actuel. Selon l’indice de confiance émis par l’étude d’Ankstore, 69 % (de 5 à 10) se disent en effet confiants dans la santé du secteur pour l’année 2023, dont 33 % (de 7 à 10) plutôt très confiants. Parmi les professionnels interrogés, les Grands-Estois (72 %) et les Normands (71 %) sont les plus confiants, tandis que les Occitans (63 %) et les Centro-ligériens (61 %) sont proportionnellement les moins nombreux à être optimistes. Cette confiance tient en grande partie dans l’attachement des habitants de la région dans le commerce indépendant. À prix égal, 62% privilégient les commerces indépendants de proximité plutôt que la grande distribution (26 %) ou les sites e-commerce (8%) et 82 % perçoivent les commerces de la région comme des vecteurs d’attractivité ou d’animation des centres-villes, et 77 % comme des créateurs de lien social. Enfin plus de deux-tiers d’entre eux considèrent même qu’ils permettent de limiter l’exode urbain et d’attirer de nouveaux habitants dans les villes.
Pour compléter cette étude, vous pouvez consulter l’Observatoire de la consommation des ménages , une vaste enquête régionale réalisée auprès de 35 000 ménages ebretons en 2022
*Ankorstore : Fondée en juillet 2019, Ankorstore est une marketplace française qui connecte 30 000 marques (dont 10 000 françaises) à avec 300.000 détaillants indépendants européens dont 150 000 français. se rémunère avec une commission de 20 % sur la première commande (et 10 % dès la deuxième).
Méthodologie :
Observatoire auprès des commerçants : Étude réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 23 février au 12 avril 2023, auprès d’un échantillon national de près de 1000 commerçants âgés de 18 ans et plus.
Sondage auprès des Français : Étude Yougov pour Ankorstore réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 6 au 10 avril 2023, auprès d’un échantillon national représentatif de 2000 personnes âgées de 18 ans et plus.
