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Bretagne Sailing Valley. Un écosystème unique qui regroupe 221 entreprises pour un chiffre d’affaires de 475 M€

Née à la fin des années 1990, s’articulant autour des pôles d’activité de Port-la-Forêt, La Trinité-sur-Mer et celui, alors naissant, de la Base sous-marine de Lorient, Bretagne Sailing Valley est devenue en un plus de vingt ans une concentration unique au monde de savoir-faire dédiés à la course au large. Selon une estimation fournie par BDI, elle regroupe aujourd’hui 221 entreprises dans tous les secteurs du nautisme qui réalisent un chiffre d’affaires global de 475 millions d’euros, dont 114 pour la voile de compétition. A la veille du départ de la douzième Route du Rhum avec 108 bateaux conçus, construits ou équipés par un bon nombre de ces entreprises, retour d’expériences au sein de Bretagne Sailing Valley.

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Bretagne Sailing Valley

« On regarde la course avec des yeux d’enfant ! » indique Gautier Sergent, directeur général de North Sails France. Pour la voilerie, qui équipe 40 % de la flotte, toutes catégories confondues, la transat en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, en plus de passionner ses équipes, est avant tout une formidable vitrine : « Nous avons un positionnement premium, donc si on gagne des courses, et particulièrement la Route du Rhum dont le retentissement médiatique est très fort, on accroît notre renommée, nous avons besoin de résultats pour illustrer la qualité de nos technologies. »

JPS à la Trinité-sur-Mer

Même enjeu pour Nicolas Groleau, patron du chantier naval JPS, basé à La Trinité-sur-Mer et spécialisé dans la construction de Class40 depuis dix ans : « La Route du Rhum, c’est le Graal ! » . A ce jour, le chantier n’a pas encore accroché la transat à son tableau de chasse, mais cette année, avec 22 unités engagés, dont bon nombre de dernière génération (Mach 40.4 et Mach 40.5 signés Sam Manuard, Max 40 dessinés par David Raison), il compte bien ouvrir son palmarès.

« Si on gagne on vend ! Aujourd’hui, notre carnet de commandes est rempli pour deux ans ; avec une victoire, ce sera pour quatre ans ! » Que l’on soit voilier, chantier, sous-traitant ou architecte, l’enjeu est majeur, ce que confirme Sam Manuard, l’architecte qui a dessiné de nombreux Class40 construits chez JPS : « C’est une compétition sur l’eau et sur la planche à dessin », dit celui qui, a fait le choix, il y a cinq ans, de s’installer à Vannes pour jouer la carte de la proximité et profiter du dynamisme économique de la Bretagne Sailing Valley® en matière de voile de compétition.

 

Près de 2 300 emplois

La rencontre entre des marins d’exception en recherche de performance et un tissu économique innovant tourné vers la mer, a permis l’émergence d’une filière d’excellence appelée Bretagne Sailing Valley. Elle compte 221 entreprises dans tous les secteurs du nautisme (conception, construction, électronique, gréement, accastillage, sécurité…), qui emploient un total 2 269 personnes, dont 953 dédiées à la voile de compétition. 

« C’est toute une chaîne de valeur fabriquée en Bretagne, des premiers coups de crayon à l’exploitation d’un bateau, on met en commun nos compétences, on progresse tous et on va chercher de nouveaux marchés, c’est l’intelligence collective à la bretonne », se réjouit Yann Dollo, directeur général adjoint du chantier CDK Technologies.

Comme d’autres, le chantier installé à Port-la-Forêt et Lorient se heurte cependant à un obstacle de taille, le recrutement, véritable frein potentiel au développement de son activité. Ce qui fait dire à Lucien Boyer, dont le fonds d’investissement Inspiring Sport Capital, a fait l’acquisition de CDK Technologies fin mars : « Il faut qu’on arrive à attirer des nouvelles générations d’opérateurs qui aient envie de construire de très beaux bateaux. Pour cela, il faut revaloriser ces métiers à la hauteur de la création de valeur qu’ils apportent, c’est un vrai sujet. »

D’autant que le contexte actuel n’est pas simple, entre problèmes d’approvisionnement en matières premières et hausse du prix de l’énergie. « On a des fours qui chauffent à 200 degrés, donc avec les cours d’aujourd’hui, on augmente nos charges, c’est sûr, mais, il faut être innovant pour régler ce problème », dédramatise Yann Penfornis, directeur général de Multiplast, l’autre grand chantier breton spécialisé dans le composite.

 

Des courses au large sources d’innovation

Les courses telles que la Route du Rhum permettent aussi, grâce au savoir-faire qui y est développé, de conquérir de nouveaux marchés. Multiplast et son concurrent CDK ont ainsi uni leurs forces, avec d’autres acteurs bretons (Avel, Lorima, SMM Technologies), pour construire l’ensemble gréement/voiles du projet Solid Sail lancé par les Chantiers de l’Atlantique et visant à équiper des paquebots de mâts et voiles en composite dans un objectif de décarbonation du transport maritime.

« C’est par cette ouverture à notre concurrent qu’on a eu le marché ; seuls, nous n’aurions pas eu les épaules. Aujourd’hui, cela nous offre d’importantes perspectives », confirme Yann Penfornis. Multiplast a pris depuis quinze ans le virage de la diversification pour ne plus dépendre des fluctuations d’un marché de la construction de bateaux de course qui a connu, par le passé, quelques trous d’air : aujourd’hui, la défense ou l’aéronautique représentent ainsi 40 % de son chiffre d’affaires. « Nos technologies sont des technologies de pointe et intéressent un nombre croissant d’acteurs a priori éloignés du nautisme », ajoute le directeur général.

Autre enjeu majeur pour les entreprises de la Bretagne Sailing Valley, la transition écologique. Elle se concrétise par le projet collaboratif Eco Sailing Design qui implique 11 entreprises bretonnes dans un programme de recherche et développement pour travailler sur de nouveaux outils d’écoconception. Roland Jourdain et sa société Kaïros ont été plus loin en lançant pour la Route du Rhum 2022 un catamaran dont le pont a été entièrement construit en fibre de lin.

 

Plus d’informations


Chiffres-clés 2021 et évolutions entre 2016 et 2021 :

  • 221 entreprises (+ 36 %) ;
  • 2 269 emplois, dont 953 dédiés à la voile de compétition (+ 34 %) ;
  • 475 M€ de chiffre d’affaires dont 114 M€ pour la voile de compétition ; Multiplication par 2 entre 2016 et 2021 et progression de 30 % dans la période 2019-2021

 

Route du Rhum : les entreprises de Bretagne Sailing Valley

Les 4 séries ULTIM 32/23, IMOCA, OCEAN FIFTY, CLASS 40, comptent 108 bateaux sur les 138 qui vont prendre le départ de la Route du Rhum.

Ces 4 séries représentent ainsi 78,2 % de la flotte avec : 

  • 8 Ultim,
  • 37 IMOCA,
  • 8 Ocean Fifty,
  • 55 Class40

A retenir :

  • 71 % d’entre eux sont conçus en Bretagne : Ultim 100 %, IMOCA 73 %, OCEAN FIFTY 75 %, Class40 65% ;
  • 60 % d’entre eux sont fabriqués en Bretagne : Ultim 88 %, IMOCA 49 %, OCEAN FIFTY 38 %, Class 40 67 % ;
  • En moyenne 65 % de la flotte sur ces 4 séries et conçue et fabriquée en Bretagne.

 

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