Transitions

Bretagne. « La précarité alimentaire d’une partie de la population ne doit pas entraîner celle de la filière agroalimentaire »

Un contexte inflationniste inédit, une situation sanitaire qui impacte les chaînes de production, la mise en place complexe de la loi EGalim 2...La première note de tendances produite par l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea) met en lumière les difficultés auxquelles est confrontée l’ensemble de la filière.  Explications avec son président, Olivier Clanchin.

Olivier Clanchin, Président de l'Abea
Olivier Clanchin, Président de l'Abea

« La situation est compliquée et inquiétante, reconnaît d’emblée Olivier Clanchin, par ailleurs président de Triballat-Noyal (850 salariés). Tout d’abord sur le plan sanitaire. Par exemple, en cinq semaines, 60% des collaborateurs de l’entreprise ont été contaminés par le Covid. On n’avait jamais connu ça depuis le début de la pandémie. Si on tient, c’est grâce à l’engagement exceptionnel des équipes. Une telle situation, générale à l’ensemble de l’industrie, provoque des arrêts d’activité, désorganise les chaînes de production et impacte indirectement le prix des matières premières. Le contexte inflationniste dans lequel nous vivons est totalement inédit. » Un constat que l’on retrouve à travers les chiffres publiés par l’Abea dans sa 1ere note de tendances : A fin novembre 2021, et en comparaison à l’année précédente, le papier affichait une hausse de 15%, le carton de 21% et le plastique de 24%. Les couts liés au transport augmentaient en parallèle de 74%, ceux de l’énergie de 38%. En ce qui concerne le prix des matières agricoles, on constate une hausse moyenne de +24%. 

 

Une 8e année consécutive déflationniste  

Pour l’association bretonne, qui revendique 200 entreprises et sites adhérents, les industriels agroalimentaires subissent en parallèle, pour la 8ème année consécutive, une perte de valeur dans les prix de l’alimentation. « Cela fait 8 ans que nous n’avons pas réussi à passer des hausses de prix auprès de la grande distribution, poursuit Olivier Clanchin. Quel autre secteur de l’industrie pourrait supporter une telle déflation ? Le problème de la précarité alimentaire pour une partie de la population est un sujet essentiel qui doit être traité au plus haut niveau. Cependant, il ne faudrait pas qu’il entraîne la filière alimentaire dans la précarité. Aujourd’hui, seule l’innovation produit permet de nous en sortir. Cependant, 70 % de ces nouveaux produits disparaissent au bout de 2 ans. La guerre des prix imposée par les distributeurs depuis tant d’années doit maintenant prendre fin. ».

 

La mise en place complexe de la loi EGalim 2 pèse aussi sur la pérennité des IAA. Adoptée en octobre 2021, elle a instauré la contractualisation pluriannuelle obligatoire entre le producteur et son premier acheteur ainsi que la non-négociabilité et la transparence du coût des matières premières agricoles dans les contrats en aval des filières. L’objectif est de protéger le revenu des agriculteurs. « Ce sont de nouvelles règles du jeu, de nouvelles conditions générales de vente et un nouveau cadre de négociation, commente Olivier Clanchin. Dans le contexte de Covid et d’inflation que nous connaissons, nous manquons totalement de visibilité.  Ces négociations commerciales doivent s’inscrire dans une logique de cycle vertueux, du producteur jusqu’au consommateur, en préservant la pérennité des entreprises de la filière agricole et alimentaire ainsi que les emplois générés.

 

 

L’usine connectée  attire nouveaux collaborateurs

Plus anciennes, les difficultés de recrutement dans l’agroalimentaire breton pèsent aussi sur le développement des industriels bretons. Selon l’Abea, 70% d’entre eux déclarent avoir des problèmes d’attractivité. Pour autant l’usine 4.0 ou usine digitalisée constitue une réponse à l’enjeu des ressources humaines. « Quand on parle d’usine 4.0, les gens pense robots et donc, à la clé, aux investissements conséquents qu’ils nécessitent. Or, en Bretagne, un certain nombre d’industriels a pris ce virage depuis les années 2000. Dans l’ensemble, ils sont bien équipés. Aujourd’hui, la digitalisation passe d’abord par des outils pas nécessairement très coûteux qui rendent nos collaborateurs plus autonomes et plus responsable. Par exemple, en plaçant des compteurs de consommation précis sur la ligne de production, c’est le collaborateur qui, par ses différents réglages, agit sur la production. Les métiers évoluent et attirent les jeunes générations. Ils sont fiers de ce qu’ils font et trouvent chez nous un sens au travail. » Aujourd’hui en Bretagne, 1 500 postes sont à pourvoir dans les IAA

 

 

Réutiliser les eaux de process

Un autre levier que le collectif breton de l’agroalimentaire souhaite activer rapidement est celui de la Reuse (Réutilisation des eaux « non conventionnelles »). L’objectif est d’économiser l’eau potable et donc préserver l’environnement. « Nous avons un mandat national sur cette thématique. L’idée est d’appliquer la règle des 3 R (Réduire, Réutiliser, Recycler).  En matière de réduction de consommation d’eau, nous avons déjà beaucoup fait. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est pouvoir réutiliser les eaux industrielles. Il n’y a aucun risque sur leur qualité puisqu’elles subissent un traitement avant de rentrer dans les process. Or, à ce jour, seules les filières végétales sont autorisées à le faire. Si les blocages réglementaires étaient levés auprès des filières animales, un sondage réalisé par nos soins auprès de 28 sites agroalimentaires bretons, identifie à 2,5 millions la quantité de mètres cubes d’eau susceptible d’être économisée chaque année.  C’est l’équivalent de plus 800 piscines olympiques », conclut Olivier Clanchin tout en rappelant que l’agroalimentaire est le premier employeur industriel régional avec plus de 70 000 employés en Bretagne.

Cette première note de tendances  a été transmise aux industries agroalimentaires adhérentes et aux organismes partenaires de l’ABEA. Elle est disponible par ailleurs en adressant votre demande à contact@abea.bzh

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