« Nous avons vécu une année de dingue et joué un rôle de psycho-banque », souligne Hervé Lelarge, directeur régional de Bpifrance en Bretagne. Il présentait, ce jeudi 18 mars, le bilan 2020 et les perspectives 2021 de la banque publique en région. Au final, celle-ci a soutenu, en 2020, 3 098 entreprises bretonnes pour un montant de 914 millions d’euros, qui ont permis de mobiliser 2,3 milliards d’euros.
« Après quelques heures de sidération, il a fallu répondre très rapidement aux inquiétudes des chefs d’entreprise. Ils étaient perdus. Nous avons apporté du cash en urgence pour éviter les dépôts de bilan en cascade. Grâce à l’intervention rapide du Conseil régional, la Bretagne a été la première région à proposer un prêt rebond. Un prêt entre 20 000 et 200 000 euros sur 7 ans à taux zéro », explique Hervé Lelarge. Au final, 238 TPE et PME bretonnes en ont bénéficié pour un montant total de 17 millions d’euros. Des prêts Atout destinés aux grosses PME et ETI ont aussi été débloqués (93 millions d’euros attribués à 66 ETI). Au global 182 millions d’euros de prêts de soutien à la trésorerie spécifiquement créés ont été injectés au bénéfice de près de 455 entreprises en Bretagne.
Les entreprises innovantes ont été particulièrement soutenues. « Leur financement à hauteur de 80 millions d’euros, affiche une forte croissance, de +125%. »
Les Prêts Garantis par l’Etat (PGE) se sont substitués aux prêts à court terme délivrés habituellement par la banque. 4,3 Md€ de PGE ont ainsi été octroyées à près de 25 000 entreprises bretonnes. « 95 % d’entre elles sont des TPE. Résultat, en 2020, les entreprises bretonnes ont eu des trésoreries positives », poursuit Hervé Lelarge.
Comment se répartissent ces aides ? « Dans l’ensemble on respecte le poids économique de chaque territoire. Cependant, on relève une surreprésentation de l’Ille-et-Vilaine (35 % des bénéficiaires) qui concentre beaucoup d’entreprises de la Tech. Les secteurs d’avenir (transport, numérique, TIC) mobilisent 40 % de nos financements », précise Hervé Lelarge. Par contre le secteur agroalimentaire présente des points de fragilité. « C’est un secteur qui pourrait basculer. Les entreprises ont du mal à attirer des jeunes diplômés. Si les dirigeants ne se bougent pas, ne prennent pas en main les outils digitaux, il y a un risque de fermetures ». L’accélérateur Booster Agro lancé en 2021 avec la Région Bretagne tend à inverser cette tendance. Un premier groupe de 15 PME bénéficie d’ores et déjà d’un accompagnement sur mesure.
2021, année du déploiement du plan de relance et du plan climat
« Nous engageons en interne un vaste mouvement de transformation pour devenir la banque du climat. Objectif : aider les entreprises à lancer leur transition écologique et favoriser l’essor des énergies renouvelables. » Lancement du prêt vert avec l’Ademe, création de la communauté Coq vert, mise en place du « Diag Eco-Flux » pour aider les entreprises à maîtriser leur consommation d’énergie et réduire leurs coûts, comptent parmi les initiatives lancées depuis fin 2020. « Nous allons créer une communauté Coq Vert. En Bretagne, nous avons identifié une cinquantaine d’entreprise issues de la Greentech, susceptibles d’intégrer cette communauté.»
Enfin, Hervé Lelarge estime que, « globalement, les entreprises bretonnes se portent plutôt bien. Les trésoreries n’ont jamais été aussi pleines. Evidemment les PGE ont parfois remplacé les chiffres d’affaires et ça laissera des traces. Mais aujourd’hui, je ne vois pas de vague massive de défaillances arriver. Les chefs d’entreprise se posent beaucoup des questions. 2021 doit être l’année du haut de bilan. C’est le moment d’ouvrir son capital. Il faut aussi continuer à investir et ne pas laisser les outils de production vieillir. Les banques continuent à financer les investissements classiques », conclut-il.